Programme de mai chez Michèle Firk

| Café-librairie Michèle Firk

Événements et rencontre au Café-Librairie autogéré de la Parole Errante à Montreuil.

Il faut l’avouer, le collectif de Firk vous propose un mois de mai très chargé, fourni de formidables rencontres, de deux salons du livre, d’un lancement à ne pas manquer le 22 mai.

C’est sans vous parler de tous les événements accueillis dans la grande salle de la Parole Errante. Il faut pourtant absolument venir vous détendre et écouter samedi 17 mai la seconde édition du festival de poésie PLS que nous organisons, et revenir ravie la semaine suivante pour le SLAP en étant venue aussi le 22, si si !

L’actualité est difficile, entre menace de dissolution et victoires des militants du capital. Rassemblons-nous pour discuter et prendre des forces.

De plus, si vous l’avez raté, regardez des extraits du lancement du manifeste internationaliste des Peuples Veulent sur leur fil instagram ! C’était le 27 mars dernier !

Et toutes les infos : https://laparoleerrante.org/


PLS#2 , deuxième édition de Poésie Latérale et Sauvage / salon du livre, lectures, performances.

Samedi 17 mai de 14h à 22h nous vous invitons à PLS 2, deuxième édition de Poésie Latérale et Sauvage, à la Parole Errante, avec dès 14h un salon du livre avec de nombreuses maisons d’éditions et revues, des performances, des surprises, des lectures en soirée et jusqu’à la fermeture, avec buvette et restauration sur place.

AVEC dans le désordre :
Leïla Chaix, Charlène Fontana, Elsa Boyer, Jonas Fortier, Gorge Bataille, Grégoire Sourice, Christophe Manon, Roni Burger-Leenhardt, Orée Li, Nathanaëlle Quoirez, Maxime Juin, Clément Delhomme, Anouk Buron & Zoé Mary-Roulier, Nanmarci, Gabriel Gauthier, Tony Geranno et Kenny Ozier-Lafontaine.

Des maisons d’édition :
Nous, l’Oie de Cravan, Le Sabot, les Lisières, Zoème, Théâtre Typographique, Même pas l’Hiver, Ni fait ni à faire, Les Étaques, Terrasses, Trou noir, la Tempête, Vanloo, le Dé Rouge, Éric Pesty, MF, Harpo&, Hourra, Al Dante, le groupe Volodia et Sahus Sahus, la Grange batelière, l’Attente, 33 Morceaux, RotoluxPress, L’Arche.

Des Revues :
Chiche, Doc(k)s, Jef Klak, Olga, point de chute, nioques, papier machine, café, niqui causse
et La bouquinerie de la Lézarde, le café-librairie Michèle Firk, la librairie lame

PROGRAMME
14h-16h : Salon du livre
16h : Lectures d’extraits du livre « Déborder Bolloré »
17h : début des lectures
18h30 : pause apéro cantines
20h : suite des lectures !


Mardi 20 mai 19h : Mythe et Langage - Remarques sur Le Rameau d’Or

Discussion avec Benjamin Gizard et Ghislain Casas sur les « Remarques sur le Rameau d’Or de Wittgenstein » à partir de leur contribution au recueil « Mythe et langage »

On pourrait presque dire que l’homme est un animal cérémoniel. C’est probablement en partie faux, en partie absurde, mais il y a également quelque chose de correct là-dedans. C’est-à-dire que l’on pourrait commencer ainsi un livre sur l’anthropologie : « Quand on considère la vie et le comportement des hommes sur la Terre, on s’aperçoit qu’ils exécutent, en dehors des actes que l’on pourrait appeler animaux, comme l’absorption de nourriture, etc., des actes revêtus d’un caractère spécifique que l’on pourrait appeler des actes rituels. »"

Il est courant, quand on s’attache à inscrire Wittgenstein dans l’histoire de la philosophie, de distinguer deux moments hermétiques l’un à l’autre dans sa pensée. Un premier Wittgenstein logicien et positiviste, dont le Tractatus est admiré par Russel et les membres du Cercle de Vienne ; un second, pragmatiste et intéressé par le langage ordinaire, dont les Recherches Philosphiques publiées à titre posthume par ses étudiants de Cambridge, ont profondément nourries le Linguistic Turn des sciences humaines post-Deuxième Guerre Mondiale.

Du fait du peu de citations explicites à d’autres philosophes dans ses œuvres, il est aussi souvent d’usage de dire que sa philosophie est extraite ex nihilo de son esprit, dès lors présenté comme proprement génial, et peu intéressé par les affaires de son temps — exception faite de son engagement volontaire dans l’armée autrichienne qui a été le cadre de rédaction du Tractatus.

Les Remarques sur "Le Rameau d’Or", rééditées par la Tempête dans un volume intitulé Mythe et Langage - comprenant trois autres textes signés par David Graeber, Benjamin Gizard et Ghislain Casas - ne vont certainement pas dans ce sens. Elles constituent une pièce à conviction dans l’entreprise de mise à bas de ces préconceptions bien ancrées dans la vulgate historiographique, et illustrent la richesse du rapport de la pensée de Wittgenstein à son temps et, partant, aux nôtres.
Rédigées en 1931, soit au mi-temps de sa vie, dans la même période que La Grande Dactylographie qui vient de paraître chez Gallimard, alors qu’il était retourné enseigner à Cambridge, elles témoignent tout d’abord d’un Wittgenstein lecteur et critique.

Le Rameau d’Or de Frazer, publié entre la toute fin du XIXe et le début du XXe, est un ouvrage au succès retentissant, qui développe une perspective évolutionniste (heureusement largement dépassée) dans les sciences de l’anthropologie et l’histoire des religions. Le texte de David Graeber, Remarques sur les Remarques de Wittgenstein sur Frazer, montre en quoi la saisie par la philosophie d’une anthropologie aussi répandue que critiquée par les évolutions contemporaines du champ disciplinaire est capitale — on pensera aussi à la reprise décoloniale de Wittgenstein dans l’anthropologie de Talal Asad.
L’"actualité" de Wittgenstein est aussi saillante dans la contribution de Benjamin Gizard, A quel jeu joue l’anthropologie ?. Sans sombrer dans un sainte-beuvisme naïf, il convient de rappeler que ce fils de grands bourgeois de la Vienne pré-Première Guerre mondiale était un grand lecteur de Kraus, amateur de ses saillies enflammées contre la pensée bourgeoise alors triomphante et les fictions dangereusement hégémonique de cette idéologie appareillée par les empires médiatiques naissants. Wittgenstein était loin de penser depuis les limbes d’un espace an-historique lui permettant de rester indifférent aux enjeux de son temps : sa critique du discours évolutionniste de Frazer se base sur la position matérielle d’énonciation de celui-ci, à savoir la bourgeoisie impériale britannique, et nous amène, un siècle plus tard, à identifier ce qu’il y a à défaire dans le présent.

Enfin, le jeu philologique très sérieux auquel se livre Ghislain Casas dans De l’importance extrait et illustre, par la pratique du collage-montage, l’entièreté d’un questionnement épistémologique qui ne se détourne pas de la pensée logique pour passer au langage ordinaire, mais, plutôt innerve la mise en jeu d’un ensemble d’objets apparemment hétérogène qu’il travaille avec la même insistance. De fait, si Wittgenstein reste indéniablement un pourfendeur de la confusion linguistique, amenant par là à ne se pencher que sur ce qui fait réellement problème, il faut certainement battre en brèche les interprétations les plus positivistes de ses travaux : la critique sévère de la métaphysique n’est décidément pas incompatible avec une métaphysique critique. Ce travail nous permet ainsi de réarticuler une question trop souvent occultée par les temps qui court alors qu’il est cruciale de ne jamais l’abandonner : qu’est-ce qui importe ?

En somme, ce que nous proposons de faire ensemble à partir de ce livre, c’est de profaner le Wittgenstein académique (c’est à dire : de nous le rendre) pour essayer de voir ce que nous pouvons faire, hic et nunc, depuis (un fragment de) sa pensée telle qu’elle existe réelement. Soit certainement questionner l’exercice anthropologique, au centre de la théorie politique contemporaine, mais aussi, peut-être, réinterroger les lignes de partage sur lesquels nous fondons, en dernière instance, nos analyses et nos pratiques.


Jeudi 22 mai 19h : Terres et liberté - Manifeste antiraciste pour une écologie de la libération

Rencontre avec Shela Sheikh, et des membres de Vietnam Dioxine, A4 et Urgence Palestine autour du manifeste de la nouvelle collection "Écologies de la libération"

Firk accueillera beaucoup de beau monde le jeudi 22, à l’occasion de la parution de "Terres et Liberté", le manifeste de lancement de la nouvelle collection d’écologie antiraciste chez Les Liens qui Libèrent (dirigée par Fatima Ouassak) !

Pour marquer le coup on recevra pêle-mêle Omar Alsoumi, Shela Sheikh , des membres de Collectif VietnamDioxine , a4_association et des membres des Soulèvements de la Terre.

"Comment se défaire des inégalités et des dominations héritées des colonisations modernes ? « Terre et liberté. Manifeste antiraciste pour une écologie de la libération » pose un regard sur les inégalités écologiques et matérielles envisagées en tant que continuum de l’histoire coloniale. Un livre-manifeste qui repense les fondements de l’écologie politique avec un horizon renouvelé : celui de l’égale dignité humaine.

Avec des contributions de Norman Ajari, Myriam Bahaffou, Amzat Boukari, Arturo Escobar, Malcom Ferdinand, Nadia Yala Kisukidi, Maya Mihindou, Shela Sheikh, Omar Alsoumi, le collectif Vietnam Dioxin et l’association A4.


Samedi 24 et dimanche 25 Mai - Festival Slap - Festival du Livre Queer & Féministe

_ Ouverture samedi 24 mai 2025 de 11h à minuit et dimanche 25 de 11h à 22h.

Toutes les infos sur le site du SLAP

Le Slap, c’est quoi ?

C’est un festival du livre queer et féministe, né d’une envie de créer un évènement mettant en avant les éditions, auteurices et artistes qui placent les identités queer et les luttes féministes au cœur de leur travail. Le Slap, c’est donc de nombreux stands de maisons d’édition indépendantes, revues, zines, et bibliothèques, mais aussi des tables rondes, des ateliers, des performances et des dj sets ! Et comme un tel programme, ça demande pas mal d’énergie, il y aura aussi un bar et des choses délicieuses à manger.

Le Slap s’adresse à toustes et une programmation spécifique est dédiée aux ados et aux enfants (il y aura même un espace garderie). Seuls les comportements oppressifs ne seront pas les bienvenus.

Depuis sa création, le Slap invite des éditions indépendantes, qui ont à cœur d’amplifier la diffusion de récits minoritaires et de pensées critiques. Par leurs choix éditoriaux, elles donnent voix à des contre-récits qui nourrissent la lutte contre la fascisation ambiante et nous rappellent que d’autres mondes sont possibles. Contre l’extrême-droitisation des médias et d’une partie de l’édition, et dans un contexte de concentration capitalistique du marché du livre en fRance, ces espaces de résistance sont indispensables. Avec le Slap, nous souhaitons apporter notre pierre à l’édifice et contribuer au renforcement de ces alternatives éditoriales, en leur proposant un lieu d’échanges et de soutien.

Programme détaillé en ligne !


Mardi 27 mai 19h30 « La promesse qu’on nous a faîte » Rencontre avec Fatma Çıngı Kocadost

Mardi 27 mai nous vous invitons à une rencontre avec Fatma Çıngı Kocadost pour son livre "La promesse qu’on nous a faîte" (éditions de l’EHESS).

« C’est bon, Nesrine s’est mariée ! » Quand elle apprend la nouvelle, Aïcha ne cache pas sa joie. Pour les femmes de cette enquête, jeunes, maghrébines, de milieux populaires en France, la quête d’une union matri­moniale est motivée par une promesse, celle d’un bonheur familial, fondé sur la reconnaissance de leur travail domestique et maternel.

Ce livre s’attelle à déplier cette promesse et à com­prendre pourquoi une autre promesse, celle de l’éman­cipation par le travail salarié, résonne pour elles comme une « arnaque ». Tout en invisibilisant la réalité de la double journée, l’idéal d’indépendance occulte l’effort de celles qui le rendent possible – nounous, aides à la personne, aides-soignantes, femmes de ménage. Il contribue ainsi à renforcer les inégalités entre femmes.

Mêlant le récit de soi à l’observation ethnographique, Fatma Çingi Kocadost explore les liens entre travail salarié et domestique, maternité et hétérosexualité, autonomie et féminisme. Guidée par des formes de vie minoritaires, elle interroge l’imaginaire féministe de l’émancipation et nous invite à repenser nos attaches.
Un extrait du livre est en ligne sur contretemps.


Mercredi 28 mai 19h : Spectres du fascisme dans la littérature latino-américaine : conversation autour des œuvres de Mariana Enriquez et Roberto Bolaño

Cette année, le café-librairie Michèle Firk s’est particulièrement intéressé à la fascisation en cours, organisant plusieurs rencontres publiques avec des groupes antifascistes ou des personnes travaillant sur l’histoire ou l’actualité du fascisme.

Michèle Firk voulait aussi ouvrir ce cycle à la fiction, et nous avons choisi de partir de la littérature latino-américaine en convoquant deux auteures : la bien vivante autrice argentine Mariana Enriquez – dont le roman Notre part de nuit a été le best seller de l’année chez Michèle – ainsi que l’auteur exilé chilien décédé, Roberto Bolaño.

Horreur politique et violence économique, grandes familles de propriétaires terriens adeptes de l’Ordre, poètes nazis, et escadrons de la mort, tortures clandestines, morts violentes et disparitions massives, leurs œuvres sont en effet littéralement hantées par les fantomes des dictatures militaires sud-américaines des années 1970 et 1980, qu’il s’agisse du Chili de Pinochet ou de l’Argentine des juntes militaires.

Alors que le fascisme mondial ne cesse de nier son héritage et veut faire croire que ses idées politiques morbides n’ont jamais été « essayées », les histoires fantastiques et poétiques de ces auteures nous montrent les traces indélébiles de décennies de fascisme bien réel sous la forme de la dictature militaire.


Note

Le café librairie Michèle Firk est une librairie et un café.
Au 9 rue François Debergue à Montreuil, métro croix de Chavaux, il est ouvert du mercredi au samedi, de 14h à 19h.

On y trouve des romans, des tracts, des revues, des essais et des bandes dessinées. L’occasion se mélange au neuf et les petits éditeurs y ont une bonne place. On n’y trouve pas tout ce qui sort, mais un peu de tout ce qui nous intéresse. « Nous », c’est la dizaine de cafetiers-libraires organisée en association pour créer un lieu hybride ouvert sur la ville. On y vient pour farfouiller, bouquiner, boire un café ou une bière, participer à une discussion autour d’un livre ou d’une lutte.

Mots-clefs : DIY | débat - discussion
Localisation : Montreuil

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