Vers 16h alors que les flics et leur canon à eau ont éclaté le cortège très fourni de la journée [1], nous nous sommes retrouvé.e.s dans les quartiers très, très chics autour de l’assemblée nationale en cortèges sauvages allant de 50 à 200 individus. C’est lors d’un de ces cortèges spontanés que Benjamin Griveaux fût contraint de quitter son superbe bureau du fait d’une charge de chariot élévateur. Nous étions plusieurs, non pas à cet endroit ci, mais éclaté.e.s dans tout le quartier à nous étonner de l’aspect très peu offensif des actions entreprises par l’ensemble des manifestant.e.s. Et pourtant nous sommes passé.es devant :
- Le ministère de l’écologie, qui n’était pas gardé.
- Le ministère de l’éducation nationale où il n y avait pas l’ombre d’un flic.
- Matignon à 80 mètres de nous, protégé par 4 estafettes de flics
- L’entrée de l’assemblée nationale, rue Saint Dominique, gardée par quelques gendarmes mobiles.
Jamais dans notre vie de manifestant.e.s, nous nous étions approché.es autant des lieux du pouvoir. Deux éléments sont importants pour alors comprendre le contexte à ce moment :
- Les manifestant.e.s dans leurs immense majorité ne connaissent pas Paris. Les rares parisiens ne sont pas vraiment familiers de ces quartiers.
- Les manifestant.e.s étaient désorganisé.es et ne savaient pas quoi faire de cette percée dans les lignes de flics.
Et là nous nous sommes senti seul.es. Sans personne autour pour assumer un peu quelques actions. Il ne s’agit pas de dire qu’il aurait fallu tout casser. Mais parler collectivement aux autres gilets jaunes présents, offrir quelques tags bien sentis et quelques slogans orientés vers le pouvoir. Oui camarades nous nous sommes sentis un peu seul.es.
Tout comme à 10h du matin place de la bourse nous nous sommes sentis seul.es quand, tout le trajet direction hôtel de ville nous avons croisé des groupes fafs ou confusionnistes et que beaucoup des banderoles présentes avaient un parfum souverainiste. Nous avons pu entendre des remarques racistes qui n’étaient pas contestées par les manifestants. Nous nous sommes là encore senti.es seul.es car nous n’avons pas vu de groupes progressistes qui s’organisaient, qui revendiquaient sur des bases de classes, qui ne réclamaient pas le RIC comme une fin en soi. Quand sur la passerelle les gens peu organisés se faisaient démonter le crâne là ou une simple banderole renforcée ou un extincteur de peinture auraient fait l’affaire nous nous sommes encore senti.es seul.es. Bref tout ce qu’on a pu apporter au mouvement notamment durant la loi travail. Pourquoi ne pas l’apporter ici ?
La journée de samedi a prouvé que le mouvement n’était pas fini, et que l’intervention des forces anticapitalistes avait encore toute sa pertinence, ainsi nous nous questionnons sur pourquoi les groupes autonomes n’appellent-ils pas à un point de rendez vous samedi prochain ? Un point de rendez vous qui ne serait pas à coté ou pour s’appuyer sur le mouvement, mais dans le mouvement, pour le faire gagner et obtenir, à minima, la démission du gouvernement.
Quelques manifestants