Qu’on se le dise, le mouvement des Gilets Jaunes ne sortira pas vainqueur face au pouvoir s’il continue dans la direction actuelle. Nous ne doutons pas des bonnes intentions des personnes ayant décidé depuis quelques semaines de déclarer les manifestations, notamment sur Paris. Mais nous constatons que cela conduit à rendre le mouvement des Gilets Jaunes totalement inoffensif.
Et c’est ce que souhaitent le gouvernement et la préfecture. En effet, avec ces manifs déclarées, avec des interlocuteurs devant se porter « responsables », avec un trajet connu à l’avance (et une nasse géante préparée par les force de l’ordre), le pouvoir reprend la main sur le mouvement social et peut tranquillement le canaliser. Des manifs comme l’acte 12 à Paris, il pourrait y en avoir 50 encore sans que cela n’inquiète le pouvoir. Alors que les 5 premiers actes, bien plus spontanés et indisciplinés, ont fait trembler le gouvernement.
Enfin, nous ne pensons pas que ces manifs déclarées empêchent les violences (et donc les blessés). Samedi, le pouvoir a eu toute la violence qu’il espérait : celle contre la police. Celle qui leur permet de justifier la violence de la répression. A se demander s’ils ne l’ont pas cherché en envoyant des petits groupes de 15 policiers traverser la place de la République remplie de Gilets Jaunes. Ils ont ainsi eu des images de GJ envoyant des projectiles sur les forces de l’ordre. Mais dans les faits, la préfecture n’a jamais été inquiète puisque tous ces GJ étaient dans une nasse géante (la place de la République), avec tous les axes bouchés par des centaines de CRS.
Le pouvoir peut donc se targuer d’une journée sans débordements (en dehors des affrontements directs avec les forces de l’ordre) : pas de barricade, pas de bâtiment occupé, pas de route bloquée, pas de gare envahie...
La question n’est pas de savoir s’il faut être violent ou pas. De nombreux actes violents n’ont aucune utilité pour la suite du mouvement. Et de nombreux actes non violents sont profondément subversifs et utiles. En revanche, accepter les règles d’un pouvoir que l’on cherche à renverser n’a aucun sens stratégique.
Gardons la force de ce mouvement, soyons spontanés, sans leader, indisciplinés, joyeux, offensifs. N’ayons pas peur d’être hors-la-loi quand nous savons que celle-ci est injuste et ne sert que les puissants.
Pas de leader. Pas de représentants. Pas de déclarations. Juste des citoyens qui se retrouvent, qui se rencontrent, et qui décident collectivement de ce qu’ils vont réaliser l’espace de quelques heures (voir plus).
Les Gilets Jaunes ne doivent pas singer les syndicats en organisant des grandes manif Bastille/République où tout est écrit à l’avance, où les « leaders » discutent avec les autorités pour organiser « au mieux » la manif. Car il s’agit d’un « au mieux » pour le pouvoir, non pas pour le peuple.
Nous appelons donc tous les GJ à se rendre à l’avenir sur des rassemblements non déclarés. Dans les semaines à venir, nous essaierons de relayer un maximum d’initiatives et d’appels allant dans ce sens.