Après plus d’un mois d’occupation, nous sommes toujours à la Gaîté Lyrique, sans solution. 350 jeunes occupent ce lieu : grâce au collectif, la quasi-totalité des jeunes refusés par les centres d’évaluation à Paris sont à l’abri. Les institutions, les associations, les centres d’évaluation, même France Terre d’Asile dirigent les jeunes vers la Gaîté ! sans vergogne.
Mais ce lieu n’est pas fait pour cela, nous demandons des centres d’accueil et des structures pérennes avec des conditions dignes d’hébergement.
Il y a quelques jours, la Mairie de Paris a fait ses voeux pour l’années 2025. Nous aurions bien aimé les écouter, mais nous avons été forcé-e-s de rester à la porte. Le seul voeu que nous avons entendu, c’est celui de nous expulser. En effet, plutôt que de protéger les mineurs isolés étrangers, la Mairie au contraire se protège elle-même et nous dit vouloir pousser la Préfecture à prendre ses responsabilités.
Nous avons déjà été mis-es face à cette procédure durant notre occupation de la Maison des Métallos. Rappelons qu’une expulsion n’est pas simplement administrative. Elle condamnerait les 350 jeunes de la Gaîté Lyrique à une remise à la rue sèche, lorsque les températures sont mortelles. Pourquoi nous réprime-t-elle avec des procédures d’expulsion alors que notre lutte est légitime ? Espère-t-elle un accident ou un drame pour se débarrasser de nous ? On est clairement face à la politique du pire.
Dans le même temps, la Mairie se mobilise et appelle les citoyens pour la nuit de la solidarité le jeudi 23 janvier. Nous savons qu’il s’agit d’une opération de communication derrière cette soi-disant aide. Nous en avons marre. Le collectif est prêt à démasquer cette hypocrisie. Nous nous demandons quelle est sa définition de la solidarité. Est-ce de sortir une fois dans l’année compter les personnes à la rue et les y laisser ?
Grâce à notre action, ce sera en tout cas 350 personnes en moins à compter dans les rues de la capitale. « Paris, ville d’accueil et d’intégration » mais pour qui ? Pour les touristes des JO, pour les touristes de la fashion week ? Paris est une ville d’accueil pour les blanc-hes et les riches, elle ne l’est pas pour les mineur-es isolé-es, les familles à la rue, les exilé-es. La Mairie se dit ne pas être d’accord avec la politique raciste de l’État, mais jamais elle ne s’y oppose publiquement. Leur façon d’être solidaire, c’est d’expulser 350 jeunes dehors avec cette baisse de température, une façon de nous conduire à la mort.
Pendant que nous occupons la Gaîté Lyrique et faisons face à la précarité de la situation, la mairie se vante et se satisfait dans les médias des gymnases, de ces places qu’elle aurait donné aux jeunes. Il faut que la mairie se rappelle que ces gymnases n’auraient jamais été réquisitionnés dans les actions du collectif pour les jeunes en recours.
Nous ne nous satisferons jamais des gymnases où les conditions de vie ne sont pas à la hauteur d’une ville comme Paris : dans un gymnase plus de 200 jeunes dorment sur des lits picots, sans intimité, sans accompagnement social, face à des conditions déplorables, forcés de quitter les lieux la journée et déménagent toutes les 3 semaines.
Est-ce que les gymnases sont les seuls bâtiments que possède la mairie ?
Depuis que nous menons nos actions, la mairie n’a cessé de rejeter sa responsabilité affirmant que c’est à l’État de prendre en charge l’hébergement des mineur-es isolé-es. Mais nous savons que la mairie est tout à fait responsable, voire coupable, de la vie d’errance et des dangers de la rue que subissent les jeunes dans sa ville.
Dominique Versini est adjointe d’Anne Hidalgo chargée des droits de l’enfant et de la protection de l’enfance. Rappelons que ses fonctions sont d’assurer la sécurité, la prise en charge et l’intégration des centaines de mineur-es isolé-es dormant osus les fenêtres de l’hôtel de ville au bord de la Seine.
Nous demandons à tous les bénévoles des associations, à tous les travailleurs.euses du social d’arrêter de jouer le jeu du pouvoir et d’enfin lutter à nos côtés pour l’égalité des droits, pour le logement, l’école, la couverture santé, la mobilité et un logement digne de ce nom pour tous-tes.
Pour gagner, le Collectif a besoin de soutien. Nous appelons toust-es celleux qui veulent se mobiliser face au racisme d’État, face à la montée de l’extrême-droite et du fascisme de venir à nos côtés. Militant.es, syndicalistes, étudiant.es, travailleur.euses, retraité.es, chômeur.euses et les voisins de la Gaîté Lyrique : on est toustes concerné.es !