Celle-ci a eu lieu le vendredi 30 octobre, vers 16h15, en présence de la mairie, de la préfecture (représentée par le directeur de Cabinet Jean-Sébastien Lamontagne, qui est venu avec une petite fiche sobrement intitulée « médiation » et dont la première ligne disait « nous sommes là pour vous aider ») et de beaucoup de police sous toutes ses formes. Beaucoup de personnes qui avaient dormi sur place étaient parties effectuer leurs démarches ou vaquer à leurs occupations, mais ça, le représentant de la préfecture n’a pas voulu l’entendre :
« Nous faisons avec ceux que nous avons ici, les autres seront traités en temps voulu. »
C’est allé très rapidement, les personnes se sont rassemblées autour de lui et le discours tenu a été le même que d’habitude : nous emmenons les personnes dans des centres en Île de France, l’hébergement est soumis au fait d’entamer des démarches pour l’asile, « nous avons conscience que ces démarches sont difficiles ». Aux questions des migrants « que va-t-il arriver aux Dublinés ? Où allons-nous ? Pour combien de temps ? », aucune réponse claire n’a été donnée.
Il a été refusé que des personnes solidaires montent dans les bus, pour se rendre compte de l’état des centres, savoir où ils se trouvent, informer les exilés....
Au départ, des personnes, en majorité afghanes, qui étaient à l’autre bout de la place ont voulu rejoindre les autres, ce qui leur a été refusé. Ceux à l’intérieur de la nasse ont alors dit qu’ils ne bougeraient pas tant que les afghans de l’autre côté du cordon ne pourraient pas les rejoindre, et cela a fonctionné, puisqu’une vingtaine de personne ont pu rentrer dans le groupe avant que tout ne soit - pour le coup - totalement verrouillé.
Trois bus sont partis, certains pour la Boulangerie, dans le 18e (qui est un sas, donc ils seront redispersés), d’autres pour la banlieue plutôt lointaine sans que jamais les personnes ne soient informées sur l’endroit où elles étaient emmenées, et en séparant les frères, les amis.
Une fois de plus, du mépris, une prise en charge arbitraire aux critères foireux (sauf un, comme Lamontagne l’a répété : « tous n’ont pas vocation à rester en France, nous n’accepterons que ceux qui obtiennent l’asile »), et des dizaines de personnes à la rue ce soir.
Depuis le 2 juin à Paris, les pouvoirs publics agissent toujours de la même manière, et cette opération suit la logique des « mises à l’abri » qui ont lieu à Calais en ce moment : déplacer le problème, toujours plus loin, et espérer que les concerné-e-s ne se regroupent pas pour faire valoir leurs droits....