Nous sommes 200 sans-papiers qui occupons l’Inspection du travail

Depuis ce mercredi 27, à 14h, 200 sans-papiers occupent l’Inspection du travail, 210 quai de Jemmapes, métro Jaurès.
À 22h, il y avait près de 300 personnes à l’occupation qui se préparent à passer la nuit sur place.
L’occupation s’est terminée le jour même vers 23h, à la suite de la promesse d’un rendez-vous au ministère.

Venez nous rejoindre !

Sans-papiers : main d’œuvre précaire… Nous sommes des dizaines de milliers de travailleurs « sans-papiers ». Nous travaillons dans le nettoyage, la restauration, le bâtiment, la voirie. Sans droits, nous sommes obligés d’accepter n’importe quel travail, à n’importe quel salaire. Quand nous sommes licenciés, les employeurs n’hésitent pas à nous jeter sans indemnités. Nous servons de variable d’ajustement.

… enchaînée à un patron. En temps normal, le travailleur est libre de changer d’endroit et d’employeur. Mais ce n’est plus le cas pour nous avec la loi CESEDA de 2006. Quand nous obtenons un titre de séjour dit « salarié », celui-ci n’est que temporaire. Il est lié à l’employeur, et doit être renouvelé chaque année. Il disparaît si l’entreprise fait faillite… ou si le patron trouve mieux et nous licencie. Ça nous ramène à l’époque féodale, où chacun était attaché à un métier, à un endroit et à un seigneur.

Ce n’est pas nous, c’est le patron que l’État régularise. Pas de régularisation sans la promesse d’embauche d’un employeur, le fameux CERFA. Alors si on comprend bien :

  1. Après avoir été surexploités par les patrons, après avoir piétiné la boue des chantiers, après avoir déchargé des centaines de camions ou lavé des millions d’assiettes dans les restaurants, c’est à nous de faire la preuve de notre utilité future à l’économie française.
  2. l’État en conditionnant la présentation d’un CERFA pour nous régulariser, cherche d’abord à régulariser la situation des patrons qui le souhaitent. Et tant pis pour les sans-papiers que les patrons préféreront maintenir dans l’illégalité.

Protection de la main d’œuvre : le mensonge de l’État. Contrairement à ce que l’État prétend, nous maintenir sans titre ne protège pas les travailleurs avec titre. Le patron qui veut frauder a intérêt à embaucher les sans-papiers parce qu’il sait que nous ne le dénoncerons pas. Supprimer le régime de l’autorisation de travail permettrait aux sans-papiers de trouver du travail comme n’importe qui (plus de fausses cartes pour travailler, plus besoin d’alias, validité des bulletins de paie). Ils pourraient alors refuser le travail au noir et dénoncer leurs employeurs.

Le racket de la taxe OFII. Mais le plus scandaleux de la loi CESEDA est la taxe OFII. C’est un taxe à la discrimination : elle vise à remplir (un peu) les caisses de l’État, mais surtout à décourager les patrons de régulariser. La plupart du temps, elle est récupérée par l’employeur sur la paye du salarié. En toute illégalité.

Il est légitime que les travailleurs sans-papiers se tournent vers l’inspection du travail, pour arracher les dossiers aux Préfectures et au Ministère de l’Intérieur, et retirer le pouvoir de régularisation des mains du patron.

Tout travailleurs sans-papiers doit être régularisé sur simple preuve de relation de travail sans condition de durée, ni de séjour, ni d’emploi

L’inspection du travail doit être dotée d’un pouvoir de régularisation sur simple constat d’une relation de travail.

Abrogation de la taxe OFII.

Localisation : Paris 10e

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