Mardi c’est chienlit !

Une sélection vide comme Vidal. Un point de vue sur la journée parisienne du jeudi 1er février. Mardi 6 ? On continue.

Black out dans la presse muselée ce vendredi matin sur la folle journée parisienne de jeudi contre la Sélection. France Culture, radio maintenant bien macronisée, se permet même de relayer aux matinales de 7h 30 la confession de foi d’un Lucien Rebatet, écrivain fasciste, confession enregistrée… en 1969.

Tout cela ne rassure pas, parce que du côté du réel, l’AG de Tolbiac -vue depuis la tribune- montrait quand même tout autre chose. Il y avait d’abord le fait d’une nouvelle génération politisée, très à l’écoute, nombreuse, avide de se former, prompte à s’organiser. Il n’y avait pas du tout ce brouhaha des AG habituelles. On sentait 700 personnes concentrées, qui venaient pour comprendre ce qui leur arrivait : cette histoire de sélection sordide.

La parole passait de manière fluide, très argumentée. Il y a donc 7 millions de personnes qui ont peut-être voté Mélenchon ou Poutou, beaucoup de ces jeunes issus de « Nuit debout » et des mobilisations contre la loi travail, multitude éparse, qui étaient là. Cela veut dire qu’il y a une génération qui arrive, qui réfléchit, et à qui on ne la fera pas. Cela veut aussi dire qu’il reste une gauche en France (ce qui finalement n’est pas une nouvelle si l’on ne se plie pas au credo d’un fondamentalisme néolibéral confessé chaque matin dans la presse des oligarques). Pas la peine d’avoir lu Deleuze pour savoir que les grands événements, ceux qui font césure dans l’histoire, ces points singuliers qui en modifient la trajectoire, ne sont pas immédiatement visibles. La cécité des médias dans ce cas-là devient preuve : quelque chose se passe.

Sont arrivés les lycéen.n.es. Décidé.e.s. Que nous apprenaient-ils ? Que tous les lycées mobilisés pour la loi travail n’avaient bizarrement pas bougé. Ce dont nous nous étions rendu compte à Bergson, Voltaire, Hélène Boucher (si proche de la place de la Nation, grand échangeur si propice à toutes les échappées) ; tout ça à cause de la répression sans doute. Mais -nous ont-ils dit- la plupart des autres lycées ne se taisent plus, ils bloquent, bougent, s’enflamment. Même à Henri IV c’est devenu « super chaud » selon-eux. C’est comme si tous ceux qui n’avaient pas eu leur part de fête en 2009 étaient revenus, pressés de participer eux-aussi à la vraie vie : celle des AG, des rencontres, des idées échangées, des remises en cause et de la fraternité imprévue. Toutes ces choses qui rendent la vie possible en somme.

Ensuite il y eu la rue. Noire de monde. Combien étions-nous ? 4000 ? 5000 ? 8000 ? Difficile à dire, mais au tout début de 2009, immense mouvement qui aurait pu faire plier Pécresse, tout a commencé à 3000, autant dire que c’était beaucoup, beaucoup plus petit. Et là c’était immense.

Peut-être sommes-nous au début de quelque chose. Dans les rencontres, dans les AG, dans la rue, tout se dérègle, avec le changement climatique c’est le printemps en février, grand soleil sous les banderoles hier.

Il est temps de retrouver quoi ? L’éternité.

Localisation : Paris 5e

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