Nostalgique d’un passé syndical voué aux pétitions sur papiers volants à signer entre deux centres commerciaux, je me suis intéressée au pouvoir des pétitions en ligne à la suite du décès tragique de Eve KOUACHE. Profane dans la mobilisation numérique j’avais d’abord proposé une pétition à l’Assemblée Nationale sur les crimes et agressions subies par les LGBTQ+ qui s’était vue opposer une fin de non recevoir. Désireuse de faire entendre ma voix je décidais d’expérimenter les pétitions en ligne dites gratuites.
Si les pétitions en ligne sont un outil populaire de mobilisation sociale, permettant à toute personne d’exprimer son opinion et de soutenir diverses causes, nombre d’entre elles sont présentées à tort comme gratuites. L’argent reste le nerf de la guerre et certains services en ligne proposent un service tarifé pour augmenter la visibilité de la pétition ou attirer davantage de signatures. Cette pratique à laquelle je m’étais pliée m’avait cependant dérangée en terme de transparence et d’éthique.
Si le principal avantage de la possibilité de payer pour une pétition est l’augmentation de sa visibilité, on imagine qu’il est réinvesti pour des publicités en ligne car personne ne travaille pour la gloire. Mais même si le procédé permet à la pétition de toucher un public plus large en attirant des signatures de personnes potentiellement intéressées il desservirait les causes peu médiatisées car rien ne prouve que ces pétitions aux vues démultipliées intéressent vraiment les signataires.
Dans des situations où une réponse urgente est nécessaire, le financement de la pétition peut accélérer le processus en élargissant la portée de manière significative. Il permet de mobiliser des centaines, voire des milliers de personnes en peu de temps même si certains sujets sont tirés pas les cheveux ou encouragent à l’intolérance, exemple : une pétition contre la voisine qui gueule tout le temps, une pétition contre le coq François qui confond le jour et la nuit ou une pétition pour demander l’expulsion du clodo qui occupe un logement social etc.
Ce financement permet sans doute aux sites de gestion de pétitions de fournir des services plus professionnels, notamment une meilleure infrastructure, des outils d’analyse et de suivi, ainsi que des moyens de communication plus efficaces pour les initiateurs et les signataires. Dieu les bénisse !
Mais qu’en est-il des inconvénients des pétitions payantes pour augmenter les signatures ? Son principal inconvénient réside dans l’inégalité d’accès. Ceux qui ne disposent pas des ressources nécessaires pour financer ces services sont désavantagés, ce qui peut nuire à l’idée d’une mobilisation démocratique et égalitaire. Cela crée une hiérarchisation des causes, où les plus populaires ou les mieux financées ont plus de chances d’obtenir du soutien. No offense mais j’ai trop envie de le dire : l’ADN des Rothschild n’est pas à la portée de toutes les bourses.
Payer pour des signatures supplémentaires soulève un problème de transparence et d’éthique. Rien n’est à sens unique mais lorsqu’on paie pour le faire on satisfait son ego et la légitimité des résultats est remise en cause. Il peut arriver que certaines pétitions financées pour augmenter leur visibilité atteignent un nombre phénoménal de signatures sans véritable engagement. D’où la remise en question d’une véritable force de mobilisation et l’apparition du spectre des risques de manipulation qui empiètent sur la sincérité des causes. Alors oui, le risque que ces plateformes offrent ces services en flattant les egos pour obtenir plus de de signatures existe ! Quant aux signataires, le fait de découvrir qu’une pétition « gratuite » nécessite en réalité un paiement pour obtenir des signatures supplémentaires peut créer méfiance et déception. L‘objectif de la cause soutenue n’est-il qu’une démonstration de force comptable ?
Pour conclure, en dehors du fait qu’elles monétisent leur portée avec signature électronique et désignation d’une boîte mail quand on voudrait l’anonymat, ces pétitions peuvent véritablement favoriser l’engagement et l’action collective. Néanmoins une attention particulière doit servir l’équilibre entre financement et transparence pour préserver la crédibilité de ces outils de mobilisation. Personnellement j’ai abandonné le truc…