Pour commémorer le centenaire de l’armistice de la Première guerre mondiale, Macron n’a pas trouvé mieux que d’inviter les dirigeants impérialistes de la pire espèce, ce dimanche 11 novembre. Ainsi verra-t-on Trump, Netanyahu, et Poutine (entre autres) défiler côte à côte avec Macron, affirmant sans complexes l’ingérence des empires sur tous les continents. Ils animeront une cérémonie à l’Arc de Triomphe à 11h, puis inaugureront notamment un « Forum pour la Paix » à la grande Halle de la Villette à 15h avant d’aller inaugurer un monument au cimetière du Père-Lachaise à 17h.
Inviter ces bellicistes à fêter la paix, cela relève d’une double mascarade. D’abord, parce que 14-18, c’est avant tout une boucherie impérialiste, nationaliste et capitaliste du premier ordre, où 10 millions de soldats ont perdu la vie pour assouvir les pulsions guerrières de quelques dirigeants. 14-18, c’est le déploiement de l’Europe impérialiste, où des intérêts économiques et des alliances inter-empires ont conduit aux carnages des tranchées. 14-18, c’est l’industrialisation de la guerre, avec la généralisation de l’utilisation des armes chimiques et la mise en place de stratégies militaires désastreuses, où des généraux et dirigeants éloignés des tranchées envoyaient leurs soldats prolétaires et paysans, périr lors d’assauts futiles dans les no-man’s-land. Enfin, 14-18, c’est aussi la révolte face à cette guerre, ce sont les mutineries de 1917 face au massacre du Chemin des Dames, ce sont les marins allemands de Kiel qui se rebellent pour imposer l’armistice, c’est la Révolution d’octobre portée par la classe ouvrière en Russie pour abattre le pouvoir tsariste.
Cette commémoration, c’est aussi une mascarade car ces dirigeants sont à la tête des plus grandes puissances impériales, qui poussent l’Occident et ses alliés à la guerre contre le reste du monde, guerres de préservation d’un ordre capitaliste, patriarcal et raciste. Trump l’a réaffirmé en déplaçant l’ambassade des USA à Jérusalem. Les crimes de l’état d’Israël et de Netanyahu sont de plus en plus impunis, et la presse internationale ne publie même plus les images des bombardements hebdomadaires de Gaza et les assassinats systématiques pendant les Grandes marches du retour. Ces dirigeants sont aussi directement impliqués dans les conflits meurtriers qui ont ravagé et qui ravagent le Yémen, la Syrie, et la Libye, et plus largement le Moyen-Orient et l’Afrique. Leurs opérations économiques et militaires ont pour objectif de maintenir un ordre colonial et capitaliste partout où elles ont lieu.
Les politiques d’oppression coloniales de ces dirigeants se font aussi à l’échelle de leur pays, où ils perpétuent un système raciste, en réprimant les populations racisées avec l’aide de toutes les forces répressives de l’État. Ils sont à la tête de régimes qui laissent à une mort quasi-certaine des millions de personnes sur les routes de l’exil, massacrées aux frontières de l’Occident par leur mépris. Ils n’ont pas d’autre idée que de militariser les frontières en finançant Frontex, en envoyant des soldats à la frontière méxicaine-américaine, et en multipliant les déportations vers des zones de guerre (Afghanistan, Soudan...) en abattant les derniers vestiges du droit d’asile. Ils encouragent le développement de groupes fascistes, qui n’hésitent plus à passer au terrorisme, que ce soit lors d’attentats anti-sémites comme à Pittsburgh le 27 octobre dernier, aux agressions islamophobes et xénophobes en Italie (et partout ailleurs), ou encore à des opérations européennes de blocage de frontières, comme a pu le faire Génération identitaire ces derniers mois.
Si le fascisme et l’impérialisme sont des structures d’oppression systémique, il ne faut pas oublier qu’ils sont notamment le fruit du travail de certains chefs prêts à tout pour mettre en place et à maintenir ces dominations. Aujourd’hui, alors qu’une vague brune emporte de plus en plus de pays vers le fascisme, que ce soit avec le Brésil de Bolsonaro, les USA de Trump, l’Italie de Salvini, l’Israel de Netanyahu ou encore par la main tendue qu’offrent les partis libéraux et de la sociale-démocratie vers les partis d’extrême-droite, il nous faut une solidarité internationaliste pour lutter contre le fascisme international. Car ses acteurs sont déjà à l’oeuvre parmi nous. Marine Le Pen n’hésite pas à se montrer en soutien à Salvini, et Steve Bannon, directeur de la campagne présidentielle de Trump et conseiller de Bolsonaro, développe aujourd’hui « Le Mouvement », une organisation de coordination européenne des acteurs réactionnaires dans l’optique d’une percée électorale aux élections parlementaires européennes en 2019. Contre cette vague brune, nous nous devons de soutenir toutes les luttes anti-impérialistes et antifascistes, de la Kanaky à Gaza en passant par le Rojava, et du mouvement des sans-terres au Brésil aux luttes afro-américaines aux USA. Et nous nous devons de combattre ces meneurs fascistes partout où ils se réunissent : la France accueille le G7 en août 2019 à Biarritz, et il nous convient ce dimanche 11 novembre de leur donner un avant-goût de l’accueil qu’on leur réserve.
Nous appelons donc tous les secteurs en luttes, les lycéen.ne.s et étudiant.e.s, travailleur.euse.s et chômeur.euse.s, à se mobiliser contre Trump, contre Poutine, contre Netanyahu, contre tous ces dirigeants qui prétendent nous gouverner, et contre Macron, qui à l’impertinence et l’arrogance d’inviter les pires bellicistes du monde pour fêter la paix.
Pour cela, nous appelons à participer à la manifestation et prendre la tête du cortège à 14h à République, et à se mobiliser de toutes les façons possible pour entraver le bon déroulement de cette journée de commémoration impérialiste.
Pas de guerre entre les peuples, pas de paix entre les classes
-des militant.e.s autonomes