Limite, revue écolo-catho

Quand on lit Limite, il faut avoir l’estomac bien accroché : mêlant écologie et pensée réactionnaire, la revue se réfère tout à la fois à Marx et au Pape. Article publié à l’origine sur confusionnisme.info

Limite est une revue écolo-catho dont le premier numéro est paru en septembre. En complément du portrait de Gaultier Bès, un de ses fondateurs, petit tour d’horizon de son contenu.

Juste après son sommaire [1], elle affiche son ours et s’ouvre en affichant ses références intellectuelles, qui sont pour le moins hétéroclites : Charles Péguy, Günther Anders, Simone Weil, George Orwell, G. K. Chesterton, Georges Bernanos et Jean-Claude Michéa y tiennent une pancarte « Nous voulons Limite«  :

Dès la revue de presse qui suit l’éditorial, le ton est donné, avec la distribution des bons (sous le sous-titre « Convergence des luttes ») et des mauvais points (sous le sous-titre « Convergence des brutes »). Dans la première case, on retrouve sans surprise la revue L’Écologiste car « après s’être opposé (sic) au Mariage Pour Tous et suscité l’hydre (re-sic) des écolos en bois, la revue remet un tour de vis sur la question de la PMA » [2], mais aussi Marianne pour une « une » contre « le massacre » de l’école, ou encore Famille chrétienne :

Ailleurs dans la revue, ce sont les mérites de La Décroissance un petit plaisir de lecture ») ou de Fakir qui sont vantés. Limite a même repris en introduction d’un article sur le christiannisme social un résumé d’un dossier de ce journal sur Bernard Arnault datant de 2013, notamment parce que Fakir y a dressé le portrait d’une religieuse ouvrière. « Ca, c’est Fakir« , tiens à souligner Limite.

Du côté de ses détestations, Limite cite un article du webzine Bastamag, « qu’on aime bien par ailleurs », contre le « confusionnisme », à savoir ici l’association faite par Bastamag entre « l’écologie intégrale » dont se revendiquent Gaultier Bès et Limite et « l’écologie humaine » de Tugdual Derville, pourtant vanté sur la page d’à côté (cf. l’image ci-dessus). La revue n’a pas aimé non plus une « une » de Libération appelant à légaliser l’immigration :

En revanche, elle a apprécié une couverture anti-Roms de Valeurs actuelles (« Roms : l’overdose »), qualifiée « de très bon goût », même si « ces anti-immigrationnistes sont les premiers à ouvrir les frontières quand il s’agit de produire moins cher ailleurs ». Tout de même, Valeurs actuelles récupère un mauvais point pour avoir parlé de Gaultier Bès et des Veilleurs, même si on ne comprend pas bien ce que Limite reproche l’article de cette publication réactionnaire.

Notons tout de suite que les catholiques de Limite sont quand même gênés aux entournures lorsqu’il s’agit des migrants, car tout de même, leur dieu a dit qu’il fallait aimer son prochain comme soi-même. Si le Pape actuel a dénoncé l’indifférence face à leur sort, il ne faudrait pas croire pour autant qu’il soit souhaitable d’ouvrir en grand les frontières : « cette controverse met en lumière un vieux et puissant malentendu : le soupçon d’une Eglise prêchant le sans-frontiérisme irresponsable, voire complice d’une immigration dérégulée. […] Il s’agit pourtant d’une criante injustice. Les catholiques qui ne se penchent pas sur les textes de l’Eglise ont l’excuse de l’ignorance. Pour les autres, perpétuer le malentendu est criminel. » Néanmoins, « le bon Samaritain n’a pas demandé ses papiers à l’homme ensanglanté au bord de la route. […] Il l’a soigné. » Du coup, le pape Benoît XVI ayant aussi déclaré que « les immigrés ont le devoir de s’intégrer dans le pays d’accueil en respectant ses lois et son identité nationale » et que « les États ont le droit de réglementer les flux migratoires et de défendre leurs frontières, en garantissant toujours le respect dû à la dignité de chaque personne humaine », Limite tente de marier la chèvre et le chou en se revendiquant à l’instar de ces prises de position contradictoires « ni sans frontiéristes ni remigrateurs ! » [3].

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Notes

[1Voir en ligne : http://revuelimite.fr/sommaire

[2Notons que Limite a relevé aussi dans le numéro 44 de L’Écologiste une interview d’Antoine Costa, co-réalisateur du film Mouton 2.0 qui a remporté un certain succès auprès des écologistes radicaux et des militants anti-technologie.

[3« Regards sur la condition des migrants », article de Pierre Jova

Mots-clefs : confusionnisme

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