Les digitales reviennent pour se défendre. En juin dernier, le temps était à la récolte. Aujourd’hui, il est à la révolte et les digitales sont prêtes à se déployer sur nos espaces de vie pour les protéger. Gants des sorcières et des fées, cette plante d’Europe du Nord furieusement toxique était utilisée par celles-ci pour protéger leurs maisons.
En ce mois de février, c’est la Baudrière qui est à défendre. L’heure est aux barricades car la Baudrière est expulsable théoriquement à la fin de la trêve hivernale, le 31 mars. Nous allons saisir le JEX (juge de l’exécution) pour tenter de gratter quelques délais supplémentaires. Pour autant, on compte bien rester. Pendant plus d’un an, ce lieu a accueilli de nombreux évènements politiques, moments festifs, rencontres, bouffes… et tant d’autres moments qui nous ont permis de forger des alliances précieuses. La Baudrière est une zone à défendre, un lieu d’expérimentation, de vie collective contre la métropole et contre l’habitation violente de nos milieux. Dans le contexte politique actuel, on ne peut se permettre de perdre un énième bâtiment d’organisation et de vie communautaire féministe TransPDGouine.
Les lois anti-squat, anti-immigration, islamophobes, racistes, transphobes, abolitionnistes, écocidaires… rendent l’atmosphère anxiogène et nocive. C’est pour ça que les espaces revendicatifs qui permettent l’auto-détermination et l’auto-organisation de toustes doivent se multiplier et que les solidarités doivent se renforcer.
Au cours d’un week-end participatif et autogéré, nous souhaitons ainsi nous rencontrer, nous retrouver pour renforcer ces solidarités et tisser des liens entre nos luttes écologistes aux horizons multiples. Nous voulons porter des écologies émancipatrices et plurielles qui résistent à l’enfumage et à la réappropriation des questions environnementales par les forces dominantes et réactionnaires. Au programme : des ateliers sur l’écologie queer, sur les luttes contre la métropolisation, des ateliers de danse, des chorales, des zines, des projections de films, des cantines, une soirée de soutien au réseau d’Entraide Vérité & Justice et bien plus encore.
Nous envisageons nos habitats comme écologiquement radicaux. Le squat, la ZAD, l’occupation collective s’opposent à la propriété privée, à l’appropriation des ressources, à la ville quadrillée et métropolisée, aux espaces marchands. Face aux dynamiques urbaines d’embourgeoisement qui ségrèguent, et qui justifient la bétonnisation des banlieues franciliennes, nous dessinons d’autres perspectives, celles d’un monde plus vivable avec d’autres manières d’habiter . En considérant l’habitat comme politique, nous concevons également les habitantEs comme une force revendicatrice, une puissance capable d’agir, de lutter pour une écologie politique qui va à la racine.
Les ravages écologiques impactent de mille façons différentes les dimensions inséparablement naturelles, culturelles, sociales et économiques de nos vies. Ils recoupent les autres formes d’oppressions, qu’elles soient néocoloniales et racistes, cis-hétéro-patriarcales, validistes, classistes et se manifestent ainsi sous des formes diverses. Cela nous impose de considérer nos luttes écologistes comme plurielles, complexes et multiples. C’est pour cela qu’il nous paraît essentiel de parler deS écologieS.
Faisons vivre ces écologies, nouons et renforçons les alliances entre nos luttes. Les 3, 4 et 5 février, retrouvons-nous pour discuter, chanter, danser à la Baudrière.