La presse dit-elle la vérité au sujet de l’Ukraine ?

Analyse de la perception du conflit en Ukraine et de sa répercussion par les médias occidentaux de Christine Delphy. Ce texte met en lumière l’absolu mensonge qu’on cultive, nous demandant de choisir entre le camp du Bien (l’OTAN) et du Mal (La Russie poutinienne). Nous n’avons pas à prendre parti pour l’un ou l’autre des camps. Il s’agit d’un conflit portant sur des intérêt impérialistes bien loin d’une quelconque vision émancipatrice...

Troupe de choc « pro-européenne », le 28 janvier 2014 à Kiev

On a beaucoup parlé des 2600 mort de Gaza. Il y en a eu autant, sinon plus, dans le Donbass, et comme à Gaza, la plupart sont des civils.

Mais il y a des résistants, armés eux aussi. Des rebelles pour sûr, pire : des rebelles aidés par la Russie. Mais parle-t-on autrement que dans un entrefilet, de l’aide militaire apportée aux troupes de Kiev par l’Occident, en particulier par les USA ?

Pendant qu’on traite les habitants de Louhansk, de Donetsk, et de tout le Donbass, de « rebelles », comment appelle-t-on les autres ? Des « séparatistes pro-occidentaux » ? Non. L’Ouest de l’Ukraine est devenue pour la presse française et plus largement européenne, et américaine, l’Ukraine tout court.

Pourquoi l’armée de Kiev est-elle entrée en guerre contre ses compatriotes ?

Devant l’insistance de Kiev à entrer dans l’UE, les Ukrainiens de l’Est ont organisé un référendum demandant que Donetsk soit rattaché à la Russie. L’UE et les USA ont déclaré ce référendum « illégal ». (Libération, 12 mai 2014). Certes. Mais est-ce que le nouveau gouvernement de Kiev, instauré après la fuite de Iakounovitch, est « légal » ? Est-ce que la victoire de Porochenko aux élections présidentielles organisées par Kiev, alors que les secteurs de Louhansk et de Donetsk n’ont pas voté, est « légale » ? Enfin, est-il « légal » de bombarder ses compatriotes parce qu’ils ne sont pas d’accord avec la politique d’un gouvernement qu’ils ne reconnaissent pas ?

Pourquoi n’y a-t-il pas eu de discussions, de négociations, entre le gouvernement de Kiev et les « rebelles » ?

Et pourquoi les Occidentaux insistent-ils sur « l’intégrité » de l’Ukraine, justifiant ainsi l’assaut de l’armée contre la population ?

Les provinces, régions, n’ont-elles pas le droit de faire sécession ? En théorie, non. Et pourtant, en ce moment même, l’Ecosse est autorisée à organiser sa sécession du Royaume-Uni. Et même si cela ne plait pas aux autres Britanniques, personne n’a suggéré, ou même imaginé, qu’on puisse envoyer l’armée pour faire rentrer l’Ecosse dans le sein de la mère patrie. Et c’est l’Occident lui-même qui a encouragé les Kosovars albanais à demander à devenir un État indépendant, et qui a présidé à sa reconnaissance internationale. C’est l’Europe qui avait auparavant déclenché le démembrement, suivi de dix ans de guerres, de la Yougoslavie.

L’Ukraine de l’Est ne demande plus qu’un « statut spécial », dans l’Ukraine.

La soi-disant « intégrité » des États ne préoccupe guère les Occidentaux quand leur démembrement, aussi coûteux soit-il en vies humaines, les arrange.


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