Ces travaux, qui se font alors que les prisonniers sont déplacés dans tous les coins du CRA selons les besoins de l’administration, prévoient l’installation de grillages, l’élévation des toîts, ainsi que l’augmentation des salles d’isolement et l’ouverture d’un espace de garde à vue – en confirmant le devenir toujours plus carcéral des centres de rétention administrative.
« Aujourd’hui (18 octobre), il s’est passé un gros bordel au CRA.
En ce moment ils font de travaux de sécurisation du bâtiment, donc ils font que nous changer de bâtiments. Nous on était […] environ 20 personnes dans chaque bâtiment à être déplacées.
À 9 heures le matin ils nous ont demandé de sortir, parce qu’ils vont fermer le bâtiment pour faire les travaux. Donc à 9h on se retrouve tous dans la cour et dans le froid. Ils disent qu’ils veulent nous mettre dans des autres bâtiments du centre (là ou les travaux sont déjà finis). Sauf que ces bâtiments sont même pas encore nettoyés en fait. Donc ils nous font attendre dans le froid dans la cour avec toutes nos affaires le temps que la société de nettoyage finisse le travail de nettoyage.
On attendait dans le froid, puis ils ont demandé à des gens de rentrer dans le bâtiment nettoyé. À ce moment-là moi j’étais dehors, donc je sais pas ce qu’il s’est passé, mais il y a une bagarre qui a éclaté entre deux gars dans le bâtiment. Bon tu vois on est tous sous tension c’est normal ils nous traitent trop mal ici donc il y a des tensions. La police est venue pour stopper la bagarre mais en fait ils ont pété un câble, ils ont commencé à gazer tout le monde, jusque dans la cour.
Ils ont pris les 2 personnes qui s’étaient embrouillées, y en a un qu’ils ont mis à l’isolement, l’autre on sait même pas où il est maintenant. Mais en gros à ce moment ils ont dit aux autres gens dehors de rentrer dans un deuxième bâtiment, moi je commence à installer mes affaires dans ma chambre, et là j’entends plein de cris, donc je sors dans le couloir et là je vois un gars (un des gars qui s’est embrouillé avec l’autre) qui court et avec une vingtaine de flics qui le suivent derrière et qui le poussent et le provoquent. Les flics étaient équipés, avec les gazeuses à la main et tout, donc ils se rapprochent de moi et je commence à demander ce qu’il se passe et tout. Les flics s’approchent de moi et commencent à me menacer, me mettent la gazeuse sur le visage, et nous insultent, en criant « recule, recule » et demandent de sortir. Je te jure j’ai jamais vécu ça moi, vraiment ils nous respectent pas. À la fin, ils ont menotté le gars et l’ont emmené, maintenant on sait même pas où il est, les flics disent qu’ils l’ont transféré mais on sait pas en vrai, juste on l’a plus vu depuis. »