Interview : Les punks de Paname en concert le 24 pour Kobanê

Salut les copains ! Alors on l’aurait un peu deviné à son nom, Social Crash Asso est une association punk et anarchiste.

Bon, je ne vais pas faire durer plus le suspens pour nos lecteurs, vous savez qu’Aurel est attaché au Kedistan qui signifie en turc « le pays des chats », l’Anatolie et une partie de l’Irak et de la Syrie étant sa région d’origine de « domestication ». Or, l’iconographie populaire représente souvent des « punks à chiens ». Au Kedistan, on essaie toujours bien sûr d’éviter les raccourcis et on imagine bien que tous les punks n’ont pas forcément de chiens. Mais ce que nous brûlons de savoir et qui illuminerait nôtres journée - d’autant plus qu’on a le moral plutôt au fond des pompes depuis la reprise de la guerre civile en Turquie et les deux attentats à Suruç et Ankara - c’est de savoir s’il y a parmi vous des punks à chats ? Est-ce que ça existe ? Et si oui, nom d’un poil de cul de Bakounine, pourquoi alors personne n’en parle jamais ?

Niko  : Je suis pas punk mais j’ai un chat ! En plus un chat c’est beaucoup plus punk qu’un chien, indépendance, liberté patati patata...

Greg : Je suis pas punk et j’ai pas de chat. J’ai vu des punks à rats par contre, et est-ce que les enfants ça compte comme des animaux ?

Marc : Revenons a nos racines : avant le chien à punk, il y a le sabotage cat ! Je n’ai pas de félin en 98 moment mais je penche clairement de leur coté.

Mary  : J’aime le punk et j’aime les chats ! Beaucoup de points communs entre les deux, mon chat est plus punk que quiconque.

2 / Bon, trêve de rigolade, à lire sur votre site, - arrêtez moi si je dis une connerie - la mission de votre association SOCIAL CRASH est, et croyez moi bien que je le cite aussi religieusement qu’un curé à l’autel qui citerait les évangiles :« de permettre à la culture alternative de durer. ».
Pouvez vous expliquer à nos lecteurs ailurophiles (qui aiment les chats) comment l’idée de créer cette asso a germée dans vos petits esprits de génies ? Combien vous étiez au départ, combien vous êtes maintenant, ou encore qu’est-ce qui vous a motivé pour créer cette asso, et toutes ces petites choses croustillantes qui font que les petites étincelles allument le chemin pour de grandes aventures ? (Faut que j’arrête, ça commence vraiment à faire curé, là… j’angoisse !^^)

Niko  : Social Crash Asso a désormais un peu plus d’un an. Disons qu’on est des habitués des concerts alternatifs sur Paris.
Nous pouvons résumer notre démarche en 2 points : promotion, engagement.
Notre but est de promouvoir les groupes ayant une démarche alternative tout en apportant notre soutien à différentes cause qui nous semble importante.
Contrairement à d’autre orga de concert, chaque événement est organisé avec un but précis (soutiens de squat, collecte pour les migrants, etc ...) les intitulés de nos concerts sont suffisamment explicites d’ailleurs.
Social Crash est une association constituée de différents groupes, les premiers étant : SideWalk, Makadam ainsi que The Crucified Penguins.
Désormais nous sommes 8 groupes, le dernier nous ayant rejoint étant "Le Pavé".

Greg : J’aime pas ce mot, mais on est en pleine croissance, dans le nombre de personnes impliquées. Au départ, c’était des gens de Makadam genre Wiki et Antoine, et des Penguins, plus Niko qui étions le "noyau dur". Mais là maintenant, notamment c’est Marc qui porte le projet du concert de samedi prochain pour Kobané, et c’est cool de le voir s’impliquer comme ça, les idées continuent à affluer de partout c’est vraiment cool.
Perso, ce qui m’a motivé pour l’asso, c’est de pouvoir sortir de mon trou d’étudiant intello, et partager des trucs, tout en recevant plein de choses, de réflexions, et d’énergie. La scène punk, j’ai pas grandi dedans comme les autres, mais j’ai toujours été fan de ce qu’elle représentait, l’indépendance, la solidarité, tout ça... J’ai un coté asocial, en général les groupes, les partis, j’ai toujours du mal, mais avec les concerts de punk, t’es pas regardé, t’es pris comme tu es, et c’est vraiment rare. La politique, pareil, j’ai été de gauche "spectateur", mais dans une scène comme ça, tu reprends goût à la politique, mais la "bonne", celle du concret.

Antoine  : Ça faisait longtemps qu’on avait remarqué que la scène alternative était moribonde. Social Crash c’était aussi dans le but de rassembler toute la jeune scène, et de la politiser aussi. En plus des concerts de soutien aux différentes causes, on essaye aussi d’aider les groupes adhérents à financer leurs enregistrements. Et puis à force d’aller aux concerts, et puis d’attendre qu’on nous fasse jouer, on avait envie d’être plus actif. On trouvait qu’il y avait une dépolitisation et un vieillissement de la scène, il n’y avait pas vraiment d’asso "de jeunes pour les jeunes".

Mary  : Social Crash Asso c’est faire vivre une vraie culture alternative pour la jeunesse, c’est aussi défendre des valeurs et des idéaux ! Moi j’ai grandi dans l’univers punk avec mon père et j’allais à ces concerts qui étaient supers mais toujours blindés de vieux, lorsque j’ai découvert toute cette bande et que j’ai vu que tout ce délire existait chez des gens de mon age ça a été une grosse bouffée d’air et je me suis dit : punk’s not dead, et il a sans doute un avenir. Porter ce projet tous ensemble, avec de plus en plus de monde, c’est dire non la jeunesse n’est pas perdue et en plus elle se bouge le cul et comme il faut ! Moi j’aime ça, foutre une claque aux gens qui pensent que t’es un incapable parce que t’es un jeune con qui écoute du punk, en organisant des concerts pour soutenir des causes et en ayant un réel impact ! Lors du concert en soutien aux réfugiés on a récolté des fonds mais aussi des sacs entiers de bouffe et de vetements, voilà tout ce qu’on peut faire avec une asso comme Social Crash.

Wiki : depuis l’écroulement du RASH, il n’y avait plus de pôle rouge et noir dans le milieu. les punks, les skinheads, et les autres groupes sont devenus apolitiques et donc plus folklorique dans la rue qu’autre chose. socialcrash asso c’est aussi recréer le pole rouge et noir dans la scène.
il y a aussi le constat que les anciens qui assuraient le mouvement alternatif jusque dans les années 2000 commencent à battre de l’aile, du coup on s’est dit qu’on allait recréer un réseau pour les groupes de notre vague punk.

3 / Vous êtes à priori essentiellement basés sur Paname, et comme toutes les métropoles notre bonne vieille souffre ces dernières décennies d’une pandémie de gentrification. Le prix du demi de bière, on ne le que pas assez, a nous ne le savons que trop atteint sur les grands boulevards un prix vertigineux. C’est dire si avec tous ces lieux alternatifs que l’on a rasé pour remettre des banques, des assurances et autres cages à bourgeois à la place, on imagine mal comment font pour survivre des punks dans cette jungle du grand capital. Pouvez-vous nous parler de la place du milieu alternatif en général, et punk en particulier, à Paname aujourd’hui ? Que reste-il comme bons spots alternatifs que vous conseilleriez à nos lecteurs de passage dans la capitale (de on ne sait plus trop de quoi, mais la capitale…) ?

Niko  : La disparition de la Miroiterie a été un vrai coup pour la scène punk parigot mais ça a été un electrochoc, tout le monde s’est trop reposé sur ce lieu pendant trop longtemps.
On peut trouver des lieux alternatifs un peu partout dans Paris, cependant il est difficile d’organiser des évènements bruyants partout.
Je peux parler au nom de tous en disant que "la petite maison" fait parti de nos squats préférés.
Il y’a aussi le bar "La comedia" à Montreuil qui est un super lieu pour le publique et les orga.
Pour les personnes de passage je leur conseil d’aller faire un tour sur razibus.net ou pariskiwi.org ces site regroupe presque tout les événements intéressant.

Greg : Je suis pas uber impliqué comme j’ai dit plus haut, mais comme dit Niko, après la Miroite, les gens ont continué à faire du réseau, et une nouvelle génération de squatts a l’air de prendre le relais, le Stendhal, la Petite Maison, la Gare XP... Et mine de rien, les punks sont pas en majorité dans ces endroits, les babos, étudiants, militants et autres viennent facilement dans ces trucs-là. Je t’avoue que j’aime bien l’Entre-Monde sur Aubervilliers, mais c’est grave paumé, faut prendre le BUS tu te rends compte ? J’aime aussi la Comedia sur Montreuil, le bar Au Bon Accueil (il existe encore, d’ailleurs ?), la Bibliothèque Associative de Malakoff, un lieu autogéré d’où sortent pas mal d’initiatives cool, anti-pub, décroissantes, etc.

Antoine  : C’est sur que dans Paris c’est un peu compliqué, y a pas mal de bars qui acceptent les concerts punk qui sont menacés de fermeture administrative pour le bruit, et puis depuis la fin de la Miroite, il n’y a plus de "QG des punks" mais plutot plein de petits lieux éparpillés dans la capitale. En banlieue proche c’est plus cool, à Montreuil, par exemple, ça bouge pas mal, y a beaucoup de lieux et puis la bière est moins cher donc forcement ! Je dirais que le milieu alternatif commence à s’exporter dans la banlieue proche. Mais le problème c’est que c’est un peu plus galàre pour y aller, et quand tu rates le dernier métro tu te tapes une bonne marche héhé.

Mary  : J’crois que le truc sur panam c’est que les lieux alternatifs sont souvent des squats, du coup y a toujours beaucoup de renouvellement, rien de très fixe. Effectivement, La Comedia est un super bar pour les concerts et l’ambiance cool. La P’tite Maison est super sympa aussi. Faut guetter là ou on peut en fait, avec le réseau de pote ou sur internet, les lieux qui ouvrent, les lieux qui deviennent chouettes etc. Après le punk à panam c’est quand meme quelque chose de bien installé, les lieux sont moins nombreux mais heureusement il en existe toujours ! Tant qu’il restera des punks pour faire de la musique, et des punks pour faire du pogo, il restera des bars et des squats ou aller boire de la bière avec les copains

Wiki  : on n’est beaucoup à pas pouvoir se payer un loyer alors le mieux serait de squattait avec les autres de l’asso qui sont dans le cas.

4 / Alors maintenant, j’aimerais un peu que vous nous causiez de votre fonctionnement, parce que ça à l’air de super bien marcher votre petite affaire. A ce que j’ai pu en lire, vous avez déjà fait pas mal de concerts, et apparemment vous rencontrez un public non seulement bon, mais aussi très large. Parlez nous un peu de votre public ( tranches d’ages, backgrounds culturels, catégories sociaux pros, etc…) et de votre organisation…

Niko  : Effectivement nous attirons à chaque fois un public très éclectique.
Entre les personnes qui viennent pour les groupes, celle pour les causes défendues, les copains, et les gens qui rentrent car ils ont vu de la lumière...
cela fait un mélange super intéressant où chacun peut apprendre de l’autre.

Greg : C’est ça que j’adore, j’avais peur de rester dans l’entre-soi, mais au final, entre les causes des concerts de soutien, les potes de tel ou tel groupe, les piliers de bar attachés au lieu de concert, c’est vraiment cool ça bouillonne vraiment !

Antoine  : C’est vrai que ça se mélange bien et puis on n’a pas fait jouer que des groupes punk. Les concerts qu’on avait fait à l’Attiéké, un squat de sans papiers, où y avait aussi un groupe de musique Kabyle qui a joué, c’etait super cool.

Mary  : Ca fait parti des choses très chouettes de nos concerts, les gens ne se ressemblent pas ! Ni tranche d’age particulière, ni catégorie socio-professionnelle visée, y a de tout chez nous, c’est ça qu’est bon, ne pas avoir un public qui soit toujours le meme, varié les plaisirs selon les groupes programmés ou les causes défendues.

Wiki : par rapport au fonctionnement de l’asso, c’est un peut la pratique de mode de production pour lequel je suis partisan et qui est non capitaliste. l’asso appartient à tout ceux qui travaillent pour et on cotisés leur part. les décisions se prennent en réu ou par notre groupe mail. le système D est notre mode. pour d’action. pour produire un événement nous nous divisons le travail, c’est un peu des actions de tâches contre tâches en fonctions de se que chacun sait faire, et tout le monde est un peu interdépendants.

5 / Il me semble, et c’est ce qui parait extraordinaire, que vous donnez au mouvement punk sur Paname un nouveau souffle. Et pour cela, vous ne proposez pas que des artistes punks ? Quels vers autres genres de musique allez-vous ? Est-ce cela la clé de votre succès ?

Niko  : Disons que le punk est notre coeur de métier, cependant toute personne se rapprochant de nos idées peut potentiellement intégrer l’association.
La mutliplicité des genres dans notre asso est un sujet extrêmement houleux toutefois.

Greg : Un nouveau souffle ? Bon, disons qu’on est bien tombés, justement à l’époque d’après la Miroite, mais on est pas non plus les seuls à faire ce genre de trucs, enfin je suppose... Et pour les styles, on a fait jouer les Meufs qui font plus de la chanson, May I ? qui font... j’ai jamais compris exactement ce qu’ils font, un genre de post punk transgenre noise-funk-jungle ; et dans les gens de l’asso Skalymax font du ska, on a des groupes plus marqués rock-metal comme MRG, les Fils Burroughs font du gros rock’n’ roll qui tache, avec mon groupe, les Crucified Penguins, on se rapproche du punk mais on joue un peu trop bien et on a des textes plus absurdes. C’est une question vaste, les styles dans l’asso, et on est pas tous d’accord comme a dit Niko. Pour l’instant le consensus, c’est se limiter au punk, au rock et à ses extensions, parce qu’on se retrouve tous au moins là-dedans. De là à dire que c’est la clé de notre succès, j’en sais absolument rien.

Mary  : J’pense que Social Crash Asso meme si c’est plutot punk a surtout pour but de faire vivre une scène alternative sur paris, du coup dès que des groupes sortent un peu des rangs et font une musique rocknroll nous on prend ! Je pense que pas mal de gens de l’asso sont d’accord pour dire qu’on veut pas faire que du punk, que diversifié les sons c’est bien et ça permet de pas s’enfermer dans un truc.

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