L’un des points forts de la lutte contre le projet d’aéroport dans les quatre dernières années a été de ne jamais se laisser dicter totalement le calendrier des hostilités par l’adversaire : rapellons-nous l’importance des manifestations du 22 février 2014 (Nantes), celle du 9 janvier 2016 qui avait bloqué quelques heures durant le pont de Cheviré ou encore le rassemblement du 8 octobre 2016 où chacun, muni d’un bâton, l’a planté dans la terre en prêtant le serment de revenir défendre la zone en cas d’expulsions. Aujourd’hui, force est de constater l’efficacité de ces coups de force préventifs qui ont fait toute l’inventivité de la lutte depuis l’opération César en 2012. C’est un peu dans le même esprit que certains collectifs de lutte et autres comités de soutien ont écrit ce texte : afin de dissuader le gouvernement d’intervenir pour expulser les occupants illégaux après le 30 mars. Pour cela, ils invitent à faire de la date du 10 février, fête de la victoire, un nouveau point fort, afin de garder un coup d’avance dans la partie.
Mercredi 17 février le gouvernement a annoncé l’abandon du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Explosion de joie, moment d’allégresse. Pour la première fois en France depuis la bataille du CPE, une lutte populaire obtient une victoire, et réussi à faire plier le gouvernement. Ceci après des années de combat passionné et acharné, porté par un mouvement composé d’une multitude de sensibilités, et largement autonome des organisations politiques traditionnelles.
Et Toc !
Des années de campagnes médiatiques diffamatoires, de harcèlement judiciaire, de rodomontades politiciennes, de violences policières, et même la matraque démocratique d’un « référendum » bidon n’y auront rien fait. L’alchimie particulière du mouvement, son art délicat de la composition, son effronterie carnavalesque et sa constante inventivité auront eu raison de cette puissante et funeste conjuration. Et toc !
De quoi redonner du courage à toutes et tous, partout. À toutes celles et ceux qui se battent, ou qui ne se battent pas encore, contre le ravage continu du monde et de nos vies par la logique de l’économie. À toutes celles et ceux qui s’organisent pour que d’autres mondes se lèvent, des mondes communs et multiples, où se tissent des solidarités radicales.
Vaincre à Notre-Dame-des-Landes c’est aussi vaincre contre ce qui en nous toujours se résigne, qui voudrait que tout soit perdu d’avance. Redécouvrir une fois encore, qu’il suffit parfois d’être quelques un·e·s, armé·e·s de nos attachements et d’un refus déterminé, pour faire naître un mouvement qui deviendra victorieux.
Il y quelques temps de cela un économiste pro-aéroport s’inquiétait : « Si on cède sur Notre-Dame-des-Landes, il sera impossible de mener un projet d’infrastructure en France pendant quinze ans. »
Nous saurons lui donner raison. Et nous verrons plus loin.
C’est pour célébrer ce courage et cette ténacité propres à la zad que nous fûmes nombreu·s·es, le soir de la capitulation gouvernementale, à nous retrouver dans la rue pour sabrer le champagne et chanter la victoire. Faisant vibrer nos cœurs de cet air populaire du bocage « Et dans dix ans la Zad sera toujours là ! ». Reprenant chaque fois un peu plus fort « Leur aéroport on leur a enterré, chaque jour un peu plus on les fera cauchemarder ».
Et dans dix ans la Zad sera toujours là !
« La Zad vivra. Nous y veillerons » par des comités de soutien à la Zad de Notre-Dame-des-Landes