Parisien·ne·s ! Ça crève les yeux : nous vivons une période sombre, marquée par une offensive de la bourgeoisie d’une violence inouïe.
Nous fêterons le Premier mai 2021 en nous demandant si manifester est encore un droit. Sur fond de politique sanitaire inepte, nous subissons un discours raciste complètement débridé, une vague d’attaques contre les libertés publiques sans équivalent dans l’histoire récente du pays, et la destruction méthodique de tous nos acquis sociaux.
Malgré les cris de la rue, la police des riches tient le haut du pavé. Mais nous gardons à l’esprit que le peuple de Paris n’a pas toujours accepté sans réagir la violence des dominants : il y a 150 ans, au printemps 1871, la Commune secouait l’ordre bourgeois.
Malgré la défaite de Napoléon III contre les Prussiens, les Parisien·ne·s ne veulent pas se rendre et réclament la République Sociale. L’Assemblée Nationale, installée à Versailles, capitule et envoie l’armée récupérer les canons qui défendent Paris assiégé. Le 18 mars 1871 au matin, alors que les officiers appellent à tirer sur la foule venue s’interposer, soldats et citoyen·ne·s fraternisent, et exécutent les généraux. Les insurgé·e·s prennent le contrôle de l’Hôtel de ville et organisent des élections libres et démocratiques : la Commune de Paris est née.
Ce gouvernement populaire veut transformer radicalement les rapports sociaux : réquisition des logements vides en faveur des familles de victimes des combats, suspension des loyers et annulation des dettes locatives, réquisition des moyens de production abandonnés par les industriels, instruction laïque et gratuite, égalité salariale femmes-hommes dans l’éducation, reconnaissance de l’union libre... La mesure la plus radicale de la Commune fut la subversion de l’État bourgeois.
Nous n’oublions pas que le 1er mai est un tournant politique important pour la Commune. Alors que Paris est bombardé par les troupes de Versailles, au Conseil de la Commune, deux visions s’opposent : 45 élus votent la création d’un Comité de Salut Public, confiant le pouvoir à une poignée d’individus avec l’objectif de renverser la situation militaire. Les 23 élus qui s’opposent à cette décision, au nom des principes anti-autoritaires et du mandat impératif, se retrouvent progressivement exclus des prises de décisions et dénoncent une dérive autoritaire.
L’entrée des Versaillais dans Paris coupe court à ces débats. Malgré une semaine de résistance acharnée, les dernières barricades tombent le 28 mai. Hommes, femmes, enfants, les parisien·ne·s sont massacré·e·s par dizaines de milliers, au nom de la IIIe République.
Pourtant, les rêves des révolutionnaires de 1871 nous habitent. Nous restons attaché·e·s au contrôle permanent de la décision politique. Des ZAD à Nuit debout, des occupations de facs aux Gilets jaunes, du Chiapas au Rojava, les idéaux de Liberté, de Justice sociale et d’Autonomie portés par les communard·e·s sont bien vivants dans nos grèves, dans nos luttes.
Aujourd’hui comme hier, la République policière veut nous faire taire.
Contre tous ceux et toutes celles qui prétendent parler ou gouverner à notre place, et pour exiger toujours plus de Liberté, d’Égalité et de Solidarité, nous appelons à prendre la rue pour fêter ensemble l’anniversaire de ce formidable élan populaire.
Rendez-vous pour un cortège Commune en tête de manif, avec drapeaux rouges et noirs, cantines et victuailles, fanfares et détermination.
Les mauvais jours finiront.
Fini les miettes, les exploité·e·s cessent d’être des pions.
Fini l’dos rond, les oublié·e·s vont faire la fête.
Gare à la revanche, quand tous les pauvres s’y mettront !