Les centres de rétention administrative (CRA) servent à enfermer des personnes qui n’ont pas les bons papiers, dans l’attente de leur expulsion. Les motifs d’enfermement sont divers : déboutés de l’asile ou ayant eu des refus de titres de séjour, personnes interpellées à la frontière, dans la rue ou au travail, sortant.e.s de prison ... Toutes ces personnes partagent le fait de ne pas avoir eu les bons papiers au moment de croiser les services de la Préfecture. Ces centres de rétention se situent au croisement des logiques de privation de liberté et d’expulsion. En effet, ils sont pensés comme l’anti-chambre de l’expulsion mais sont avant tout des espaces d’enfermement et de tri, des personnes avec les bons ou les mauvais papiers.
Le CRA du Mesnil-Amelot, au nord de Paris, proche de l’aéroport de Roissy, est le plus grand CRA de France : les préfectures peuvent y enfermer au maximum 240 personnes. En 2020, près de 2000 personnes y ont été détenues et parmi elles, 40 % ont été expulsées. Il s’agit aussi du seul CRA où se trouve un bâtiment pour femmes et familles, et régulièrement des enfants en très bas âge y sont enfermés avec leurs parents.
Depuis la Loi Asile et Immigration de 2018, la durée maximale de rétention a été doublée, à 90 jours, soit 3 mois, dans des conditions particulièrement horribles, afin que les préfectures aient plus de temps pour tenter d’expulser les personnes détenues en CRA. L’État enferme donc plus et plus longtemps.
Pour mener à bien cette politique raciste, le gouvernement a besoin de nouveaux lieux d’enfermement. Alors il construit toujours plus de CRA. Deux nouveaux Centres de Rétention sont actuellement en construction : à Bordeaux et à Olivet (près d’Orléans), et deux extensions vont être réalisée à Coquelles (près de Calais) et Lesquin (près de Lille). A Lyon, un nouveau CRA vient d’ouvrir en Janvier 2022. Sous Macron, le nombre de places dans les CRA de métropole est ainsi passé de 1 490 en 2017 à 1 946 fin juin 2021. Soit une hausse de 30 % en cinq ans. Et l’objectif du gouvernement est d’atteindre 2 200 places d’ici décembre 2025.
Au Mesnil-Amelot, ce sont soixante-quatre nouvelles places qui seront créées sur un autre site, à quelques minutes en voiture du CRA existant, juste en face des pistes de l’aéroport.
Cet appel s’inscrit dans la continuité d’une mobilisation initiée au printemps dernier par plusieurs collectifs luttant contre les lieux d’enfermement et pour la liberté de circulation et de séjour. Une manifestation a été organisée le 19 juin 2021 jusqu’au Mesnil-Amelot pour visibiliser le projet d’agrandissement et démontrer notre solidarité avec toutes les personnes retenues.
L’extension ou la construction de nouveaux CRA, tout comme le renforcement depuis 2020 de l’effectif de la police aux frontières, sont les symptômes d’une politique toujours plus raciste, qu’elle soit menée par des gouvernements de droite ou de gauche - et qui tend de plus en plus vers l’extrême droite. De même, le contexte pré élection présidentielle renforce les discours et prises de position publiques islamophobes et racistes, comme c’est très souvent le cas des interventions d’Eric Zemmour, ou plus récemment de Valérie Pécresse qui affirmait que l’esclavage ne pouvait être reconnu comme un crime contre l’humanité.
Le contexte politique ambiant ne laisse présager qu’une dégradation de la situation, particulièrement pour les personnes sans titre de séjour et leur proches. La mobilisation contre l’extension du CRA de Menil-Amelot est aussi une mobilisation qui s’inscrit dans une histoire de luttes contre les frontières, et contre les centres de rétention légalisés en 1991. Elle est donc une lutte concrète qui permet de s’organiser collectivement contre la monté du fascisme, pour les droits des personnes sans papiers et contre la perte de nos libertés individuelles.
Les raisons pour lutter contre la création d’un nouveau centre de rétention sont nombreuses et les manières de s’y prendre également. Nous pensons que seule la multiplication des moyens de lutte et des modes d’action pourra empêcher la construction de ce nouveau CRA.
Nous proposons pour cela une assemblée publique le mercredi 16 mars 2022 à 18h30 à la Bourse du Travail de Paris (3 rue du Château d’Eau).
Nous sommes déjà plusieurs collectifs, associations et individus à réfléchir à cette mobilisation depuis quelques mois et nous souhaitons qu’elle puisse être la plus large possible. Cette assemblée est donc pensée comme un point de départ qui permettra de nous coordonner, de partager nos idées et nos initiatives. Il ne s’agira pas d’être en accord sur tout, ni nécessairement d’organiser une action unitaire, mais plutôt de créer un espace de mobilisation au sein duquel plusieurs formes de lutte peuvent coexister et se coordonner.
Contre les frontières et les centres de rétention, mobilisons-nous
Des collectifs et des personnes en lutte