Conséquences - Pour un usage politique de la conjoncture

Nous avons le plaisir d’accueillir Davide Gallo Lassere qui vient de publier un bilan politique de la mobilisation du printemps dernier. Une occasion pour nous de faire retour aux événements avec la distance qui est désormais la nôtre mais aussi d’évoquer sa méthode d’analyse qui s’inscrit dans la tradition opéraïste.

Autour de « Contre la loi travail et son monde Argent, précarité et mouvements sociaux » (Eterotopia, A présent)

19/01/2017 19h30 - Salle Paul Celan, ENS, 45 Rue d’Ulm

Nous discuterons notamment deux points :

  • le couplage singulier qu’il opère entre une périodisation du capitalisme contemporain (caractérisé par une extension de la logique d’accumulation à des sphères qui en étaient préservées, un déplacement progressif du lieu privilégié de la production de l’usine à la société toute entière) et une analyse de cette période en termes de séquence politique. Ancrant résolument son effort théorique dans les nécessités stratégiques auxquelles la période nous convoque, il demeure fidèle en cela à Mario Tronti « Je ne veux pas connaître pour connaître, mais pour renverser ce qui est en son contraire ».
  • la fragmentation et la séparation induite par le développement capitaliste et la nécessité d’une recomposition de classe qui puisse articuler les situations et les exigences différenciées qui parcourent le monde social. Pour Lassere, cette recomposition ne peut se faire sans un projet revendicatif susceptible de mettre en branle des processus collectifs de subjectivation et de proposer une articulation nouvelle entre une autonomie des luttes et un mode d’organisation pouvant assumer une conflictualité durable avec l’État et le Capital.

« Après une année marquée par les tueries de janvier et de novembre et par l’imposition de l’état d’urgence, la mobilisation contre la Loi Travail du printemps 2016, avec ses blocages de lycées et d’universités, ses cortèges de manifestants, ses Nuits debout et ses grèves syndicales, change le climat politique. Cet ouvrage parcourt les moments topiques qui ont scandé la mobilisation, en montrant comme le « long mars français » puise ses racines dans une histoire récente qui le précède et qui le dépasse. Les événements du printemps 2016 doivent ainsi être situés dans une perspective transnationale qui va de 1968 jusqu’aux luttes globales de 2011, en passant par le déclenchement de la crise en 2007-2008. Cette approche permet à l’auteur d’élaborer une vision d’ensemble de la crise en cours et des protestations qui l’ont accompagnée en mettant en lumière l’articulation entre le plan national français et celui de la gouvernance européenne. Les réformes néolibérales opérées par les gouvernements socialistes entrent en effet en forte résonance avec les normes en vigueur dans les différents contextes nationaux, même si les formes d’opposition et de résistance mises en place reflètent les spécificités françaises. Attentif à la composition subjective de la contestation, l’essai avance enfin une proposition passible d’alimenter le débat politique dans les mois à venir : la socialisation du revenu et son lien avec les luttes antiraciales. »

Localisation : Paris 5e

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