Suite aux évènements du 1er Mai à Paris, des camarades ont été présentés à la justice.
Le jugement n’a pas encore eu lieu. L’audition préliminaire s’est faite en audience publique et sans audience préliminaire. Six personnes ont dû exposer leur vie privée pour établir leur identité et leur personnalité afin que la justice puisse les mettre en balance avec la loi. Les médias s’en sont saisis pour faire de l’information à chaud.
Nous dénonçons l’usage qui est fait de ces informations que nos camarades ont révélées. Le traitement médiatique de ces informations pêche de notre point de vue, au-delà du manque de perspective qu’il démontre, étant donné l’absence des revendications du rassemblement dans les articles en question. Usage des noms, de la commune d’habitation, profession, parcours d’étude, âge. Ne manque que la description physique et l’adresse exacte.
Quel besoin de présenter un résumé de ces auditions ? De porter atteinte à la vie privée des individus ? Le jugement aurait déjà été rendu, ce serait justement sa fonction que d’établir de quoi ils sont coupables, si ils le sont. Pourquoi l’opinion publique a-t-elle besoin de connaître le détail de leur vie ?
La singularisation de ceux-ci dans ce qui est une action collective est selon nous une manière simple pour incliner l’opinion publique et faire leur procès social et médiatique en parallèle d’un procès judiciaire qui n’a même pas encore eu lieu. C’est un moyen de désigner par association le profil des « dangereux radicaux », le profil de ceux qui tentent d’avoir d’autres manières de penser, d’autres modes de vie.
Car tenter une parole anticapitaliste, une manière de vivre subversive dans notre société sera bientôt - et bien souvent est déjà - un crime, nous refusons que ce procès soit instrumentalisé.
Pour nos camarades qui doivent porter sur leurs épaules le mépris de ceux qui ne veulent pas nous connaître.
Le droit à la vie privée, qui n’est certes ici pas bafoué légalement, et la présomption d’innocence, dans une situation où les prévenus sont déjà coupables dans l’esprit de beaucoup - de quoi ? c’est toute la question – sont traitées avec légèreté.
Il nous semble alors que la perspective est ici biaisée, l’adossement à la loi comme preuve d’éthique journaliste faible dans cette situation de confrontation avec le libéralisme gouvernemental.
Quand comparaissent en séances publiques les vandales des conditions de travail ? Les pilleurs des ressources nationales ? Les casseurs des écosystèmes ? Les sauvages qui détruisent nos boucliers sociaux ? Les black blocs masqués qui empêchent le travail social ? Les agitateurs qui nous font croire au tous contre tous ?
Leur Nation française est bien hypocrite devant sa République et son État de Droit ; il suffit que ceux qui font les lois soient ceux qui exploitent ou ceux qui travestissent le bon sens et ils n’auront plus besoin de les transgresser pour nous mettre des chaînes, ni pour faire taire ceux qui rappellent que le seul prix de la liberté est d’atteindre la liberté de tous.
Et de certains de chercher à discréditer les militants radicaux parce que leur action ne rentre pas dans les cases convenues de l’action politique. Considérer violente leur action c’est oublier qu’elle est collectivement légitime défense contre un système qui tue et oppresse.
En quoi est-ce radical de considérer qu’il y a des sujets sur lesquels il n’est plus temps de fermer les yeux et de tergiverser ? Que ce soit le dérèglement climatique, les ingérences politiques et économiques chez nous – Tafta & Ceta, et dans les pays qui ont été nos colonies, la dégradation de nos institutions sociales, et tant d’autres, notre système politique fait en sorte de ne pas avoir à agir.
En quoi est-ce radical de considérer que le système politique moderne est verrouillé et vérolé ? Qu’on ne peut pas lui faire confiance et qu’il dévoie ceux qui tentent de l’utiliser pour agir sur les causes plutôt que de chercher à faire plier les conséquences à leur vision du monde ?
Désarmons la France, rendons le pouvoir au local, éduquons nos enfants à autre chose qu’une place dans le système libéral.
Cette politique libérale, héritage d’un temps où le travailleur dépendait de son patron pour vivre. Il n’est pas loin, ne nous laissons pas berner. Le libéralisme est un retour en arrière. Les progrès sociaux du XXe siècle sont encore des avancées. Il s’agit pour nous de les défendre, de les entériner et de promouvoir leur développement. Les conservateurs sont ceux qui souhaitent que leur position dominante ne change pas et s’élève encore, pas ceux qui se battent pour une société plus juste. Les riches sont unis dans leur volonté de le rester aux dépens de ceux qui ne veulent pas les rejoindre ou de ceux qui ne le peuvent pas. Rappelez-vous qu’ils n’ont que le pouvoir que les travailleurs leur laissent. Et qu’ils souhaitent ne plus avoir affaire à nos intérêts collectivisés.
La situation en France tend à la singularisation en responsables de ceux qui luttent, rendre invisible l’élan collectif de résistance. A la division en catégories de ceux qui construisent d’autres manières de vivre, semer la méfiance et entraver les accords entre les luttes. Il n’existe pas dans leur pauvre bureaucratie de moyens de désigner les erreurs que notre société perpétue, cachée derrière son légalisme paralysant, sa prétendue liberté de parole et d’opinion, son libéralisme technique. Et si nous avançons à visage découvert, la première réaction de l’opinion publique est de nous jeter l’opprobre, de nous cracher au visage sans considérer ce que nous montrons du doigt. Le masque, c’est rappeler que nous sommes tous ensemble et se donner l’opportunité de se battre un autre jour.
Nous n’avons pas le pouvoir de vous changer tous alors que c’est nécessaire. Mais nous avons le pouvoir de vous rappeler que nous existons en attaquant les symboles connus des causes de la nécessité de ce changement.
Pour un 1er Mai de la mémoire des mouvements ouvriers de tous les pays. Pour un 1er Mai de la revendication à une vie décente. Pour un 1er Mai du partage et de la cohésion pour surmonter les difficultés de la vie.
Tout notre soutien à ceux qui doivent tomber les masques pour montrer l’humanité derrière la lutte.
Des soutiens des prévenus du rassemblement du 1er Mai.
Il s’agit ici d’une défense de profil, qui n’est pas toujours garantie de fonctionner, et qui tend à servir l’individualisation par le système judiciaire. Il est possible de refuser de raconter les détails privés de sa vie, malgré les pressions des avocats de comparution immédiate et celles des enquêteurs sociaux. Que ce soit en GAV, lors d’audition publiques, Renseignez-vous auprès des Legal Team pour connaître vos droits.
- Une ressource parmi d’autres sur les bons réflexes à avoir lors des actions et rassemblements.
- Les affiches collées sur le McDo après la casse :