Vœux à la maire du 20e

Un petit texte sous forme de lettre suite aux vœux de la maire du 20e. Par un habitant engagé du 20e.

Zombie Ketchup
1871, passage des Soupirs
Commune de Belleville-Ménilmontant

Madame la maire (du 20e), M. le président (de feu la République ?).

Je vous adresse cette rapide bafouille que vous ne lirez pas, mais ça en fait je m’en balek, car c’est à mes amis et à mes camarades qu’en vérité je m’adresse. Ce matin, je me suis levé et le nez dans ma tasse de café, j’ai écouté en rageant la propagande des médias dominants. Et puis, j’ai regardé une petite vidéo sur les réseaux insurgés, rebelles et révoltés.

Les vœux que madame la maire du 20e a voulu adresser aux habitants de son arrondissement. Juste pour rappel, vous étiez madame la maire élue du Parti socialiste, alors même si ce mot — socialisme — n’a plus de sens aujourd’hui pour son parti, il en a encore pour tous ceux qui n’ont jamais cessé le combat pour la justice sociale et pour un jour fêter et danser la révolution.

Vous avez osé, madame cracher une Marseillaise à ceux qui sont venus vous rappeler vos traîtrises, vous avez osé éructer vos propos d’intolérance en désignant le peuple révolté comme une bande de terroristes. Masquant sous le fard républicain votre racisme de classe et votre dévouement à la démocrature capitaliste.

Vous n’avez eu de cesse que de refuser tout dialogue, avec celles et ceux qui dans votre arrondissement ont essayé de se faire entendre. Vous avez laissé faire les dépenses et aménagements inutiles sauf pour le business. Vous avez laissé détruire et fermer les lieux de culture populaire, centre des Amandiers, Miroiterie, Demain c’est loin, Saint-Sauveur, la Féline, etc.

Vous ne représentez plus les habitants du 20e arrondissement, élue socialiste ralliée au macronisme. Vous êtes comme votre président la marionnette du capital, de l’oligarchie qui nous gouverne et que nous allons renverser. Vous n’êtes pas digne, madame, d’être l’élue de cet arrondissement où reposent les fusillé·e·s de la Commune. Alors, après avoir vu cette vidéo ce matin, un sentiment de victoire joyeuse m’a envahi.

Toute petite victoire, locale, mais au retentissement national, quand le peuple vient vous chanter en face les yeux dans les yeux tout le bien qu’il pense de vous, sans armes ni violence. Ce matin, un rayon de soleil et un large sourire ont illuminé la rue de Ménilmontant. J’ai vu des regards dire la fierté d’être là, de résister, de continuer le combat, de continuer à tendre la main aux plus faibles et aux plus démuni·e·s, à tenter de construire une société coopérative et collaborative, à distribuer des fruits et légumes invendus, à organiser dans un Lieu-Dit des événements pour une autre culture que celle de la marchandisation, à soutenir des libraires qui Monte-en-l’Air, qui se Merle Moque et qui ont le jargon libre. À créer des clubs de foot populaires et antifascistes, à faire du punk rock au Cirque électrique, du rap dans les bars. Un quartier où le nom de la Môme n’est pas qu’un vague hommage et qui ouvre ses bras à Rachid Taha quand il pleure le soir au comptoir.

Ce matin, un tremblement a secoué Belleville et Ménilmontant. Ce sont les fusillé·e·s du mur des Fédérés, les femmes, hommes et enfants massacré·e·s par les versaillais qui ont secoué le sol pour venir chanter avec nous. « On est là ». Les zombies de la Commune sont de sortie pour venir avec tous les autres Damné·e·s de la terre vous rappeler madame la maire, monsieur le président :

Ici, c’est Belleville. Ici, c’est Ménilmontant.

ZOMBIE KETCHUP

Localisation : Paris 20e

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