#BienvenueEnFrance : Une discrimination qui ne dit pas son nom

Nouvel épisode dans la série de tri sélectif à la fac sous Macron. Le gouvernement entend faire exploser les droits d’inscription en licence, master et doctorat des étudiant.e.s étranger.e.s. Une mesure xénophobe qui vise à limiter l’accès a l’université des personnes d’origine non-européenne, dans un pays où la majorité des étudiant.e.s étranger.e.s viennent d’Afrique.

  • 400 personnes en assemblée générale à Paris 8

    En opposition à la hausse des frais d’inscription.

  • Assemblée Générale à Tolbiac vendredi 30 novembre à 12h !

    RDV 12h ce vendredi 30 novembre à Tolbiac pour organiser la riposte !

    Le premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé la semaine dernière une augmentation des frais d’inscription pour les étudiants étrangers extra-communautaires. Elle serait effective dès la rentrée 2019 et ouvrirait la voie à une augmentation généralisée des frais d’inscriptions. Elle concernerait tous les nouveaux arrivants, et ceux qui changent de cycle ou d’orientation (c’est à dire tout passage de L3 au M1, ou de M2 au doctorat) !

    Licence : de 170€ à 2770€ pour les étudiants étrangers
    Master : de 243€ à 3770€ pour les étudiants hors-UE, 965€ pour les autres
    Doctorat : de 380€ à 3770€ pour les étudiants hors-UE, 785€ pour les autres

    Contre cette attaque qui concerne tous les étudiants, les organisations étudiantes appellent à une mobilisation pour défendre nos droits !

    AG appelée par l’inter-orgas étudiante de Paris 1

La sélection de classe a de beaux jours devant elle, la préférence nationale aussi.
Edouard Phillipe a annoncé Lundi 19 Novembre sa stratégie « d’attractivité » pour les étudiant.e.s internationaux.ales, une mesure qui prévoit de faire exploser les droits d’inscription à l’université, et qui prévoit de fait de chasser une bonne partie de ces dernier.e.s.

La hausse est incroyable ; le coût de la licence augmente de plus de 1529%, de 170 euros à 2770 euros, et les masters et doctorats, respectivement à 280 et 380 euros passeront tous deux à 3770 euros par an.
La tradition d’accueil de l’université française est donc maintenue mais uniquement pour les plus riches.
Cette annonce ne concerne néanmoins pas les étudiant.e.s européen.nes qui devront s’acquitter des mêmes frais que leurs camarades francais.e.s.
Pas de coincidence dans cette décision car il s’agit bien là d’une loi raciste, xénophobe, et au service de la bourgeoisie. On acceptera les personnes étrangères ; uniquement lorsqu’ ̶e̶l̶l̶e̶s̶ ̶s̶e̶r̶o̶n̶t̶ ̶r̶i̶c̶h̶e̶s̶, leurs parents seront riches. La classe n’efface pas la race, mais ça aide un peu quand même.

Nous sommes plusieurs à estimer que cette loi concerne principalement les étudiant.e.s issu.e.s de pays perçus comme pauvres – en réalité, les pays appauvris – et en particulier les africains et africaines qui représentent la majorité des étudiant.e.s étranger.e.s en France.
Celleux-ci sont pourtant déjà mis à mal par le parcours administratif de combattant.e auquel ils et elles doivent faire face pour obtenir visa, titres de séjour, justificatifs financiers, attestions d’hébergement, etc.

L’État était pourtant jusque-là en paix avec l’idée d’exploiter des étudiant.e.s étranger.e.s précaires pour renflouer ses caisses. Une vache à lait qui travaille, cotise mais n’a pas droit au chômage au vu du titre de séjour étudiant [1], une vache à lait surreprésentée dans les tafs au noir, compte tenu des peu d’heures de travail autorisées, et une vache à lait poussée à l’autoentreprenariat, qui étonnamment n’est pas tenue aux limites d’heures légales. Les étudiants étrangers ne pouvant travailler plus de 20h/semaine (à moins d’être autoentrepreneur chez Deliveroo), iels devront, pour s’inscrire à la rentrée prochaine, être riches ou se saigner à faire du 50h non déclarées/semaine, prenant le risque de rater leurs études, redoubler et repayer une fortune, un cercle vicieux abject.

L’État s’en accommodera vu le gain économique et patronal colossal que représente le travail au noir, notamment des sans papier.e.s dont la stratégie est souvent d’avoir recours à une inscription à la fac pour être régularisé.e.s.

L’annonce, faite en fanfare par le premier ministre qui y voit l’opportunité « d’opérer une forme de révolution pour que l’attractivité de la France ne soit plus tant fondée sur la quasi-gratuité que sur un vrai choix […] de l’excellence » est passée sous silence dans les médias. Elle est suivie par le hashtag pervers #bienvenueenfrance, et présentée sous la bannière "ChooseFrance" ; choisissez la France.
Choisir quoi au juste, dites-nous ? De payer 15850 euros pour un master et l’opportunité exclusive d’être par la suite discriminé.e.s à l’embauche, au logement et à la santé ?

Qu’on ne s’y trompe pas, cette loi est dans la continuité logique des mesures prises par le gouvernement Macron pour casser le système universitaire et renforcer les inégalités économiques et sociales ; la loi ORE, Parcoursup, la réforme du bac, etc. Autant de mesures favorisées par les réformes LRU qui préconisaient en 2007 déjà, d’en finir avec l’université publique et de s’orienter vers un modèle anglosaxon, néolibéral et bourgeois.

Il n’y pas de doute, cette loi s’inscrit dans la droite ligne de la politique raciste et néoliberale d’Emmanuel Macron dont le but est d’instaurer un tri sélectif économique et social à l’entrée de la fac. Car c’est les mêmes institutions qui stigmatisent les lycéen.nes en ZEP, qui répriment les étudiant.e.s en grève, et qui aujourd’hui décident de priver les étudiant.e.s étranger.e.s de leur droit à étudier en France. C’est le même tri sélectif en marche.

Nous en appelons donc à un front uni d’étudiant.e.s de toutes les nationalités pour faire face à cette loi, et rejeter en bloc la sélection à la fac, quelle qu’elle soit.
Nous en appelons également à toutes les personnes ayant tenu à faire barrage au FN à faire barrage à ce gouvernement zélé qui surpasse toutes les attentes de l’extrême-droite.
Dans un contexte où les CRA sont pleins à craquer, où la chasse aux migrants se banalise et où obtenir un titre de séjour est de plus en plus dur, cette loi vise purement et simplement à nous virer du territoire. Mais on reste ici et vos frais on ne les paiera pas.

Une pétition circule
2 réunions sont prévues

Le 23 Novembre 2018 à l’école Normale Supérieure :

Le 27 Novembre 2018 à Institut des hautes études de l’Amérique latine

Notes

[1Le statut d’étudiant exclut de fait le droit au chômage pour tou.te.s sauf conditions restrictives ; par contre les étudiant.es étranger.e.s sont exclus du droit à la prime de précarité du fait de la nature de leur titre de séjour (note de la modération de Paris Luttes).

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