Avis au patronat

Patrons, rendez-vous : vous êtes cernés.

Ces dernières années, les luttes qu’ont provoqué vos attaques contre nos droits vous ont affaibli, elles ont nui à votre business. Ces longues semaines de confinement n’ont rien arrangé, le manque à gagner est considérable, vos affaires vont mal et l’avenir proche, celui du déconfinement, vous inquiète.

La seule façon de maintenir votre système serait de durcir encore nos conditions de vie, mais vous savez que notre réaction pourrait vous être fatale, notre patience a déjà atteint ses limites.

Rassurez-vous, nous avons la solution, nous y réfléchissons depuis plusieurs siècles, elle est chaque jour plus évidente et inévitable. Vous n’aurez plus de salaire à nous payer, ni même d’impôt à verser.

Nous allons nous occuper de vos ennuis de patrons. Nous ne travaillerons plus jamais pour vous, mais uniquement pour le bien de la population. La recherche du profit qui a permis la propagation de ce virus et montré son incapacité à le combattre va disparaître au profit de la vie.

Cette vie, nous allons continuer à la produire, mais d’une autre façon, non pas pour vous enrichir, mais pour que chacun ne manque de rien, pour que tous nos besoins soient satisfaits.

La seule valeur qui fera loi sera la valeur d’usage, il n’y aura plus d’échanges commerciaux, car il n’y aura plus de commerce. La société du partage n’a pas besoin de patron ni d’argent. Certains métiers devenant inutiles, la main d’œuvre ainsi libérée permettra de diminuer le temps de travail de chacun. Il n’y aura plus de services publics, car tout sera public. Les tâches nécessaires à tous seront réalisées par tous, y compris vous-mêmes.

Nous allons continuer à produire de la nourriture, des habits, des soins médicaux, des moyens de communication, tout ce dont nous avons besoin. Nous déciderons ensemble ce dont nous avons besoin, ce que nous voulons produire, et comment. Mais si vous nous voyez revenir sur notre lieu de travail après le confinement, c’est que nous aurons décidé que ce travail est nécessaire à tous, et que ce lieu de production ne vous appartient plus. Dans ce cas, veuillez vous rapprocher de l’assemblée populaire la plus proche afin de déterminer ensemble la façon dont vous pourrez (enfin) vous rendre utile. Dans le cas contraire, vous allez vous sentir bien seul dans votre entreprise de marketing, plus personne ne viendra nettoyer vos bureaux vides.

Faites-vous une raison : nous allons tourner la page historique du capitalisme, nous ne serons plus des prolétaires, vous ne serez plus des bourgeois.

Face à cela, vous n’avez que deux réactions possibles : soit vous vous accrochez au passé et lancez contre nous tout ce qui vous reste de forces répressives, soit vous comprenez ce qui se passe et nous aidez à faire en sorte que cela se passe bien. Nous ne partageons pas votre goût pour les bains de sang et les massacres de masses, mais nous ne reculerons devant aucune violence nécessaire à l’accomplissement de notre projet révolutionnaire. Car il s’agit bien d’une révolution, à vous de choisir si elle doit être pacifique ou brutale.

À ce sujet, nous appelons toutes les forces répressives (armées, religieux, polices, syndicats, etc.) naturellement dévouées à la cause du plus fort, à bien choisir leur camp dès maintenant si elles ne veulent pas être traitées en ennemies du progrès humain, car nous sommes les prochains vainqueurs.

Ni demain, ni jamais, il n’y aura de « retour à la normale », car les normes vont changer. Vos anciennes normes, celles que vous nous imposiez, n’ont rien de normal, car elles vont à l’encontre de l’intérêt commun, de la vie, de notre bonheur. Nous allons décider ensemble de ce qui doit être normal. Et c’est bien normal, au vu de la situation anormale dans laquelle vous avez plongé l’humanité.

Ordonnez à vos États de baisser leurs armes et de poser leurs drones, et venez nous aider à reconstruire le monde, il n’en sera que meilleur. Il ne pourra pas être pire.

Vos ancien·ne·s salarié·e·s

Note

Le logo de l’article est une photographie d’ouvriers de l’usine Fulmen / Exide (Yonne) malmenant leur patron en 2009.

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