Angers : impunité totale pour l’extrême-droite

Le commando néo-nazi filmé en train d’attaquer une mobilisation pour Nahel bénéficie d’une relaxe pour « état de nécessité ». Article de Contre-Attaque

C’était le vendredi 30 juin à Angers. Une manifestation contre les violences policières suite à la mort de Nahel était repoussée par des gaz lacrymogène vers une rue du centre-ville. C’est là qu’attendait une bande de néo-nazis armés de matraques, de barres en fer, de battes de base-ball et de gazeuses. Des vidéos avaient montré toute la scène, dévoilant même les membres du commando agissant à visage découvert. Des faits parfaitement établis, incontestables.

Sur les images, un homme était notamment passé à tabac au sol à coup de bâton par l’extrême droite, qui se repliait ensuite tranquillement vers son local.

Cet assaut constitue en principe une « reconstitution de ligue dissoute ». À Angers, le groupe fasciste l’Alvarium créé en 2017 par Jean-Eudes Gannat, fils de notable et ancien candidat du Front national, sème la terreur dans la ville. Mais après plusieurs affaires, le groupe avait été dissout. Il s’est donc recomposé au grand jour le 30 juin : ses membres, réunis ensemble, armés, commettant des violences. C’est littéralement la définition d’une « reconstitution de ligue dissoute », qui vaudrait à n’importe quel collectif écologiste ou musulman récemment dissout de lourdes poursuites.

Le procès du commando avait lieu ce jeudi 10 août au tribunal d’Angers. Premier étonnement : seulement quatre fascistes étaient jugés, sur la bonne dizaine d’hommes identifiés sur les images qui ont massivement circulé en ligne. Par exemple Aurelien Flottes et Hugues Soreau, reconnaissables sur les vidéos, n’ont même pas été convoqués. Encore plus troublant, ils comparaissaient pour « participation à un groupement en vue de la préparation de violences » et, pour deux d’entre eux, le port d’une batte de base-ball.

Le commando n’était donc jugé ni pour « violences en réunion avec arme », ni pour « reconstitution de ligue dissoute ». Ils bénéficiaient de la qualification minimale, la plus légère possible. Par exemple, le moindre manifestant interpellé avec un fumigène avant une manif sera lui aussi poursuivi pour « groupement en vue de commettre des violences » et « port d’armes ». Sans avoir rien fait, sans le moindre élément. Ici, la bande fasciste a été entièrement filmée en train d’attaquer et de blesser des gens, mais la justice ne retient que le “groupement”, comme si aucune violence n’avait eu lieu.

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