Affaire du « 8 décembre » : antiterrorisme et criminalisation du chiffrement

| La Quadrature du Net

La Quadrature du Net organise une soirée de discussion autour de la criminalisation du chiffrement à l’oeuvre dans l’affaire du « 8 décembre » à la Bourse du travail à 19h. Avec N0thing2Hide, le SNJ, les avocat·es du 8/12 et d’autres...

  • Compte-rendu de la conférence de presse

    Nous avons reçu un compte-rendu de la conférence de presse de la Quadrature donnée avant la réunion publique, il a été ajouté en fin d’article

Il y a quelques mois, La Quadrature révélait comment les services des renseignements et la justice ont transformé les pratiques numériques des inculpé·es en « preuves » d’une soi-disant « clandestinité » trahissant l’existence d’un projet terroriste.

Cet article a suscité de vives réactions. Plus de 130 universitaires, journalistes, militant·es, acteur·rices du monde associatif et de l’écosystème numérique ont signé une tribune dénonçant cette instrumentalisation et défendant le droit au chiffrement.

Alors que le procès s’ouvrira en octobre, cette soirée sera l’occasion de revenir sur les éléments de cette affaire et de débattre ensemble des menaces qui pèsent actuellement sur le chiffrement.

Compte-rendu de la conférence de presse :

Affaire dite du 8/12 orientée sur chiffrement et numérique. Discussion organisée par la Quadrature du Net.
La question de la capacité des personnes à protéger leur vie privée est portée à son paroxysme lors de cette affaire.
L’affaire concerne soit-disant un projet terroriste avec comme un des arguments principaux le fait d’utiliser des applications chiffrées, des outils informatiques de protection des données, et ce genre de choses.
Il existe une volonté législative française et de l’UE claire de contourner le chiffrement. Sous couvert de protection des enfants, on va mettre des mouchards dans tous les téléphones,....

Avocat de Camille, inculpée dans l’affaire :
Seule femme dans l’affaire, on en fait une secrétaire, une spécialiste des logiciels informatiques et de
cryptologie alors qu’elle ne l’est pas du tout. Elle fait juste attention à la protection de ses données personnelles. Dans le dossier ils ont eu accès à son téléphone, son compte bancaire, son compte blablacar, sa géolocalisation donc ils ont déjà toute sa vie. On étiquette « spécialiste » des gens qui ne le sont pas mais juste font différemment pour se protéger.

Une personne mise en garde-à-vue pour l’affaire Lafarge :
(Décembre 2022 pour « destruction » d’usine à côté de Marseille). il s’est retrouvé là car avait participé 6 mois avant à une action pour sauver des terres agricoles à Pertuis. Les flics n’ont trouvé que 11 personnes ont borné vers l’usine, et pendant ce temps lui n’a pas envoyé ou reçu de texto, son téléphone n’a pas bougé, puis s’est éteint. Ils pensent donc qu’il était sur place, sans avoir d’élément de sa présence sur les lieux. Avoir un téléphone éteint est vu comme un signe suspect. Ils considèrent que l’activité du téléphone représente la personne.

Quadrature :
Certains documents de l’affaire 8/12 font de la criminalisation d’outils du quotidien : Signal, Whatsapp, et autres applis chiffrées de bout en bout. Ils sont choqués car depuis le début de la création de la Quadrature, l’association pousse à utiliser ce type d’outil, dans un monde numérisé où on doit passer par interner pour tout. Il y a un pouvoir très fort aux plates-formes centralisatrices et à l’État.
Pour les gens, protéger leurs données personnelles était normal avant. Maintenant on est suspect quand on le fait. Quand on utilise Tails, on se retrouve pointé du doigt par la DGSI pour potentiel comportement clandestin.
C’est un comportement normal et souhaitable de protéger ses données personnelles. Utiliser ça pour justifier la mise en examen des gens est dangereux. Soit-disant forcément les gens font des trucs illicites si ce n’est pas public. Les autorités sont sur une pente glissante...

Association Nothing to hide :
C’est une association qui met la technologie au service des gens pour protéger leurs données. Elle organise des formations pour apprendre aux gens, souvent journaliste, pourquoi il est important d’utiliser ces outils, et comment ça va protéger les sources, les données et elleux aussi.
Formation de 2500 personnes depuis 2017. « On plaide coupable d’avoir formé des gens là-dessus si c’est un problème ». Le problème a commencé avec les pays autoritaires (ex : Chine, Turquie, Pakistan,...).
On rappelle que c’est important de pouvoir protéger ses informations privées, qu’on soit militant, journaliste ou lambda. « moi la vie privée et le chiffrement de mes données je m’en fiche parce que j’ai rien à cacher », c’est pareil que dire « la liberté d’expression je m’en fous, j’ai rien à dire »

Syndicat national des Journalistes (SNJ) :
Toute cette surveillance numérique à l’encontre des journalistes nous inquiète. Et si ça nous concerne en tant que journalistes , ça concerne toute la société.
Le SNJ a signé la tribune de la quadrature qui soulève un vrai problème de société.

Localisation : Paris 10e

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