Il nous faut être lucide, la situation n’est pas à notre avantage. Le pouvoir macroniste remporte la bataille de la communication, sait user du maintien de l’ordre, nous affaiblit en multipliant les sources de contestation ici et là. Tout s’accumule et s’annule, il nous faut vaincre cette puissance résignatrice.
Même dans les lycées, même dans les facs, pas de coup d’éclat. Et pourtant, des blocages, des occupations, des assemblées massives. Partout, certain.e.s s’organisent localement et parviennent à contrer le cours des choses, à attaquer Macron là où il ne nous attend pas.
Le 22/03 est un des ces événements où personne ne nous attend, où personne ne sait à quoi s’attendre. Cette date s’inscrit comme le prolongement des mobilisations passées, et comme l’ouverture d’une temporalité radicalement différente. Un temps où des liens se créent entre lycéen.ne.s, étudiant.e.s, profs, fonctionnaires, cheminots, exilé.e.s, retraité.e.s, chômeur.se.s & tous les autres. Un temps où ne se pose même plus la question de l’Autre en tant qu’identité distincte.
Et pourtant, il ne s’agit pas tant de rallumer l’espoir vain et totalisant d’une convergence des luttes que de jouer de nos rencontres pour faire corps en comptant nos forces, de reprendre la rue réellement.
La faible ampleur des mobilisations contre la sélection à l’université nous laisse entendre ce que nous affirmions, la donne a changé et plus personne n’a envie de descendre dans la rue se battre pour la fac - pour ce qu’elle incarne, pour ce qu’elle représente, pour ce qu’elle est : une vaste entreprise de hiérarchisation des êtres et des savoirs, le lieu de légitimation d’un ordre social en décomposition.
Car avant que la fac ne veuille plus de nous, nous ne voulions plus d’elle. Manifester pour une université universelle, ouverte à tous et sans sélection ne servirait qu’à maintenir et prolonger l’illusion que tels sont ses objectifs, et donc à renforcer le pouvoir d’une institution qui ne fait plus désirer personne.
Il s’agit donc, non seulement de considérer l’ensemble des attaques macronistes dans les lycées, dans les facs, dans la fonction publique, chez les retraité.e.s, aux frontières, etc., comme l’incarnation d’un seul et même système qui permet et simplifie l’exploitation des travailleurs, isole nos colères, légitime un racisme étatique qui s’en prend aux migrants et aux habitants des quartiers, appauvrit les jeunes qui étudient et poussent à la confrontation plus qu’à la solidarité en jouant sur la méritocratie, bref, un système qui se veut par nature oppressif et hiérarchisant au nom de la raison économique.
Et, plus que jamais, il s’agit de réfléchir au sens profond de l’enseignement scolaire en tant qu’« antichambre d’une société parasitaire et marchande » et développer d’autres modèles vivants et autonomes dans les lycées et les facs en se réunissant, en occupant, en bloquant – plus que jamais faire mouvement – à l’heure où l’universalité de l’université est remise en cause, mais surtout de proposer une autre diagonale par laquelle la jeunesse peut échapper à cet avenir pré-sélectionné.
Nous appelons ainsi toutes les franges de la jeunesse, ainsi que les professeurs et toutes les personnes concernées à :
- bloquer ou occuper leur lycée/fac le 22/03.
- rejoindre la manif lycéenne & étudiante (11h Nation, pour rejoindre les cheminots à Gare de l’Est en passant par le boulevard Voltaire puis Magenta).
- prendre la tête de la manifestation inter-syndicale nationale des cheminots (13h Gare de l’Est).
- s’organiser localement au sein de leur établissement dès la rentrée (assemblée générale, comité d’action, etc.).
- se joindre au personnel mobilisé de leur établissement (professeurs, AED, ATOSS, etc.).