Depuis quelques années, de régulières enquêtes démontrent le vote très marqué à l’extrême-droite des forces de l’ordre.
Ainsi, en juillet 2014, était publiée une étude de l’IFOP qui démontrait le vote très « bleu marine » des gendarmes mobiles et gardes républicains lors des présidentielles de 2012. La Horde s’en était fait l’écho.
Nous avions ainsi repris la même méthode pour analyser le scrutin du 1er tour des régionales de 2015 mais aussi du 1er tour présidentielle de 2017.
Aujourd’hui, nous reprenons le même procédé et encore une fois notre étude laisse observer un constat sans appel.
En Ile-de-France, les gendarmes mobiles et gardes républicains ont voté massivement pour Marine Le Pen et Eric Zemmour. [1]
-
Versailles : C’est dans cette grande ville des Yvelines que se trouve le plus important contingent de gendarmes mobiles franciliens. Ces gendarmes habitent à la caserne de Satory [2] et est composé de 7 EGM (escadrons de gendarmerie mobile). Ce camp militaire est relativement exceptionnel pour notre étude car il est rattaché à un bureau de vote où seuls les gendarmes et leurs familles respectives sont inscrits sur les listes électorales. C’est le bureau de vote n°10 de Versailles. Dimanche dernier, 30,66% y ont voté Le Pen contre 8,59% pour l’ensemble de la ville. Les gendarmes et leurs familles ont ainsi voté près de 3,5 fois plus pour le Rassemblement national (RN) que la population versaillaise totale.
Dans ce bureau de vote, le candidat Zemmour y fait aussi un très gros score : 27,83% contre 18,49% pour la ville entière !
-
Nanterre : Dans la Préfecture des Hauts-de-Seine se trouve une caserne des gardes républicains. Ils votent dans le bureau n°14 et sont 29,28 % à avoir accordé leur confiance à Le Pen contre 9,38% à l’échelle municipale. Soit 3 fois plus que l’ensemble de la ville !
Pour Zemmour, le ratio est encore plus accentué : 20,21% de votes sur le bureau rattaché à la caserne contre 4,37% pour la municipalité dans son ensemble. Soit 4,6 fois plus que l’ensemble des bureaux de vote !
Ces deux candidats font ainsi leur meilleur score dans ce bureau de vote rattaché à la caserne des gardes républicains.
-
Dugny : Petite ville de Seine-Saint-Denis à la frontière du Val d’Oise, elle est habitée par l’EGM 22/1 dans la caserne De Rose. Les pandores votent au bureau de vote n°1 (Nelson Mandela) avec une partie de la population. Ici encore, malgré cette « dilution », ce bureau détient le nombre de votes le plus élevé pour le Rassemblement national mais aussi pour Zemmour ! Ainsi, si la ville n’a accordé « seulement » 4,8% de ses voix pour Zemmour, le bureau de vote n°1 fait plus de 2,5 fois mieux avec 13,4% ! Pour Le Pen, la candidate y fait 24,4% des voix contre 14,6% sur l’ensemble de la ville.
-
Rosny-sous-Bois : Composé de deux EGM, le Fort de Rosny vote aux écoles Raspail (bureaux de vote n°6 et n°23) et encore une fois, l’extrême droite cartonne. Zemmour fait son meilleur score dans le bureau n°6 : 10,06% (contre 6,70% à l’échelle municipale) tandis que Le Pen tourne autour de 20%, soit près de 6 points de plus que l’ensemble de la ville.
-
Melun : L’escadron 21/1 de Gendarmerie mobile vote au bureau de vote n°10 et là aussi Le Pen bat son record de voix dans ce bureau : 24,94% (contre 16,40% pour la ville) !
Soucieux d’élargir un peu notre échantillon à la seule région d’Ile-de-France, une simple étude de la ville d’Orléans dans le Loiret permet de confirmer l’ancrage des idées d’extrême droite parmi les gendarmes.
Ainsi, là où réside l’escadron de gendarmerie mobile 41/3 (caserne située boulevard Marie Stuart), le bureau de vote n°39 qui y est rattachée culmine à 22,5% de voix pour Le Pen contre 12,58% pour l’ensemble de la ville.
Même s’il n’y a aucune surprise dans cette nouvelle analyse, nous invitons les autres sites du réseau MUTU à s’emparer des résultats de bureaux de vote disponibles dans leurs villes respectives, en étudiant ceux rattachés aux casernes militaires, pour afficher la réalité du vote électorale des gendarmes.
Marc Piccolo et Jeanne Debuis