Le lycée Maupassant a été bloqué, mardi 5 octobre 2013, avec fermeture administrative à partir de midi suite à des débordements et le blocage a raté mercredi matin. En seulement deux jours (mardi 5 et mercredi 6), douze élèves du lycée Maupassant, pour la plupart mineurs, ont été interpellés d’après le parquet (six devant le lycée et autant à leur domicile). Ils ont été maintenus une journée en garde-à-vue. Les convocations au tribunal tombent depuis ! dont trois au moins avec mise en examen pour des faits reprochés très lourds : « violence volontaire aggravée avec arme (pierre) sur agent dépositaire de l’autorité publique », « dégradation par substance explosive ou incendie », mais aussi « participation à un attroupement après les sommations de dispersion ».
Le SNES-FSU (syndicat majoritaire des enseignants) est intervenu auprès de la préfecture pour qu’ils soient libérés à chaque fois le soir même avant 22 heures, et leur éviter les vingt-quatre à quarante-huit heures de garde-à-vue. Il a également demandé à la mairie et à l’Inspection d’académie d’intervenir et d’éviter toute présence policière devant le lycée et il a appelé la mairie pour protester contre le rôle joué par sa police municipale.
Depuis jeudi, les profs ont assuré avec des parents d’élèves de la FCPE une « présence adulte non hostile » dès 7h30 devant le lycée pour éviter toute intervention policière. Le blocage s’est passé sans incident majeur et aucune arrestation n’a eu lieu depuis. Un communiqué de presse de l’intersyndicale du lycée (commun avec l’UNL 92) a été rédigé.
Dans le même temps, un travail de récupération des infos, d’abord sur l’identité des élèves concernés puis sur leurs convocations au Tribunal de Grande Instance, a été commencé pour permettre le suivi juridique et construire les mobilisations de soutien à venir.
Chronologie des événements pour donner quelques éléments précis :
- Quatre lycéens, dont trois mineurs, ont été interpellés mardi matin par un dispositif policier impliquant la police municipale de Colombes, la BAC et la police nationale (casques et boucliers) suite à une charge pour disperser les derniers élèves présents devant le lycée.
- Les policiers ont insultés les élèves avant et pendant la charge (« bâtards de cité », « petite merde », « salope »...).
- un élève qui se trouvait juste sur le chemin de la charge de police a été menotté à terre par quatre policiers, dont un qui lui a fait une clé de jambe (jean complètement déchiré et jambe abîmée).
- un autre, de seconde, a été menotté à terre et frappé dans les côtes (coups de poing) et dans la tête (coups de pied) par un policier de la BAC puis relevé et frappé (coup de tête) par un policier casqué qui lui a dit qu’il allait « terminer clochard comme tous les Arabes de France » (et qui a enchaîné sur un discours sur les « syndicalistes de France »)...
Au commissariat, les autres élèves qui étaient dans les cellules voisines ont entendu un policier lui dire que s’il le recroisait, il allait « l’exploser » et lui « casser les dents ». Cet élève est sorti avec un hématome et une coupure au visage le soir à 22h45. Il a fait établir un certificat médical par un médecin. Sa mère va peut-être porter plainte.
- Deux lycéens ont ensuite été interpellés le lendemain mercredi devant le lycée suite à un blocage raté. La police municipale de Colombes (mairie PS) s’est permis de gazer des élèves devant le lycée.
- Le même jour, mercredi, dès 6 heures du matin, quatre à six élèves ont été interpellés directement à leurs domiciles sur la base des photos et des vidéos prises par les policiers pendant le blocage de la veille.
- Chez deux d’entre eux, qui habitent dans une cité des Quatre chemins, la porte du domicile a été défoncée par des policiers cagoulés avec boucliers.
- Chez le premier, sa mère a été collée contre mur avec une clé de bras puis une perquisition, infructueuse, a eu lieu dans l’ensemble de l’appartement qui a été complètement retourné.
- Pour le deuxième, ils ont également menotté et frappé ses frères ! Suite à sa garde-à-vue, son dossier a été classé... sans suite !
- Le maire de Colombes a affirmé jeudi devant le lycée et devant témoins (profs et élèves) aux deux élèves concernés, qui l’interpellaient pour protester, que leurs familles étaient très connues, qu’il les connaissait lui-même très bien (il a cité leurs noms de famille, leurs bâtiments, leurs étages...) et qu’il ne fallait pas s’étonner de ce qui leur était arrivé !