Zemmour, la voix génocidaire

Le discours d’Éric Zemmour, retransmis en direct à la télévision, n’a été qu’une logorrhée de haine. Si ces discours tombent sous le coup de la loi, ils provoquent chez nous la nausée. Et ils sont dans la pleine ligne des prédicateurs de la violence tristement célèbres à travers toute l’histoire.

  • Un crachat salutaire

    Suite aux nombreux soutiens qu’a reçu ce sinistre personnage après s’être fait cracher dessus, rappelons qui il est, et que des torrents de mollards pavent ses déplacements à l’avenir !

Pendant une heure, retransmis en direct sur LCI du début à la fin de son immonde discours, Éric Zemmour s’est lancé dans une diatribe raciste sans précédent. Toutes ses cibles y sont passées. Les homosexuels bien sûr [1], les femmes évidemment, les immigrés surtout, et les personnes de confessions musulmanes enfin. Dans le registre des opprimés, seuls les juifs n’étaient pas dans le viseur de l’éditorialiste. Mais ne nous y trompons pas, tous les racismes sont solidaires et en temps voulu, l’extrême droite française se déchaînera contre les juifs. Zemmour en sera-t-il victime ? L’histoire a ses ironies que nous ne pouvons prévoir [2]… Les outrances verbales de cet être aigri et pathétique pourraient prêter à rire si elles n’étaient pas reprises par des milliers de gens en France, laissant présager des passages à l’acte inquiétants.

La rhétorique de la guerre, face à une population désarmée, c’est bien la promotion du massacre

Médiapart a nommé les passages les plus explicites de la « Convention de la droite » un appel à la guerre civile. Le terme semble néanmoins inexact. Les guerres civiles sont une notion relativement nouvelle dans l’histoire qui évoque le déchirement d’un État entre deux forces politiques armées. Or ici, on ne voit nulle armée du côté des personnes citées par Zemmour. Juste des civil·e·s désarmé·e·s et minoritaires.
En utilisant le registre lexical de la guerre, de la violence, de la libération, Zemmour se place sur le registre du massacre. Un massacre planifié. Quand ce petit être malingre au teint cireux, qui s’érige en réformateur de la virilité française, dit « Les jeunes Français vont-ils accepter de vivre en minorité sur la terre de leurs ancêtres ? Si oui, ils méritent leur colonisation. Si non, ils devront se battre pour leur libération. » Quelles sont les perspectives sinon la violence aveugle ? Quand cet habitant des quartiers cossus, qui ne connaît des villes que les salons de la bourgeoisie et les plateaux télé, éructe « les femmes voilées et les hommes en djellaba sont une propagande par le fait, une islamisation de la rue, comme les uniformes d’une armée d’occupation rappellent aux vaincus leur soumission », qu’est-ce donc à part un appel à la violence gratuite vers les autres concitoyens ? Ce n’est pas la promesse d’une guerre lorsqu’il nous promet un conflit ou « Nous devons nous affranchir de la religion des droits de l’homme. » C’est la promesse d’un massacre, d’un appel à la violence et à la haine ou les règles de la guerre n’auront plus court et où il n’y aura pas de prisonniers.
Et ces appels aux pogroms nous dégoûtent.
Bien sûr nous ne pouvons rester neutres. Bien sûr nous serons du côté des pédés, des noirs, des meufs, de nos frères et sœurs musulman·e·s, arabes, noirs, juifs. Nous serons du côté de toutes les minorités qui subissent le racisme de masse, l’intolérance, la violence et l’exclusion. Bien sûr nous prendrons position. Mais cette position est répugnante. Répugnante, car en attisant les haines, les rancœurs, en donnant des solutions simples et simplistes aux frustrations, Zemmour et ses amis ouvrent des brèches qui faciliteront les passages à l’acte des gens fragiles, des brisés de la vie. Hé oui les Élisabeth Levy, Yvan Rioufol, Finkiel Kraut et autres partisans de la haine vous êtes responsables. Responsables de la tentative de meurtre sur l’imam de Brest et du suicide de Karl F. déséquilibré qui s’est trouvé une mission civilisatrice plutôt que d’aller se soigner. Vous êtes responsables et serez responsables de toutes les tentatives de meurtre et de toutes les violences racistes dans ce pays. Comme les prêcheurs saoudiens sont complices des exactions djihadistes, vous êtes complices du racisme dans son expression la plus monstrueuse. Vous vous êtes engraissé sur le dos de la bête ; avec vos confortables payes d’éditorialiste, parfois réglées avec nos impôts. Mais vous n’êtes que des misérables. Et vous rejoindrez dans l’histoire le camp des misérables génocidaires.

Prédicateurs de haine, une constante historique et un rôle dans l’épuration ethnique.

Car, en écoutant la vulgarité du discours, et la haine déformant le visage de ce triste individu, comment ne pas penser à la Julius Streicher, polémiste nazi des années 1920 ? Ce même Streicher qui a offert un cadre théorique à l’exclusion des juifs de la société, puis de leur extermination.
Comment ne pas penser, dans sa folie et sa conviction, dans sa posture de tribun sur de lui à Ali Belhadj, le chef du Front islamique du salut, qui légitima toutes les actions des éventreurs, des tueurs d’enfants du GIA. C’est lui qui, dès 1988, exhorte la foule dans des prêches haineux. C’est lui qui chauffe à blanc une jeunesse algérienne misérable, l’orientant dans une idéologie mortifère. Idéologie mortifère qui donnera lieu à une guerre civile sanglante durant toutes les années 1990 et à un bilan de 200 000 morts.

Comment ne pas penser, en le voyant tenter des blagues dégueulasses, faire rire l’assemblée, jouer un rôle de bouffon, aux tristes bouffons de radio Mille Collines au Rwanda exhortant dans la bonne humeur les Hutus à massacrer les Tutsis par centaines de milliers. Oui, le racisme et la haine sont compatibles avec l’humour. Et l’on appelle ça le cynisme. Le cynisme le plus froid dont Zemmour ne s’est jamais départie, depuis ses premiers passages à la télévision.

Comment ne pas penser, en voyant cette foule de 900 personnes applaudir les horreurs racistes de Zemmour, aux rassemblements de Ashin Wirathu, moine bouddhiste incitant aux massacres des Rohingas au en Thaïlande depuis des années. Des massacres qui auront malheureusement lieu durant l’année 2017, contraignant 700 000 Rohingas à l’exil.

Zemmour n’a pas de sang sur les mains. Comme Streicher, Belhadj, les « journalistes » des Mille Collines, comme Wirathu. Aucun de ces êtres n’a tué. Et pourtant ils sont tous coupables aux yeux de l’humanité. Comme est coupable Renaud Camus, cité allégrement par Zemmour dimanche dernier, des massacres de masse de Christchurch en Nouvelle-Zélande. Renaud Camus, qui, on le rappelle, a présenté une liste aux européennes en toute légalité.

Zemmour nous ne te haïssons pas. Nous te méprisons pour ce que tu es. Une créature revêche et aigrie, troublée par des obsessions qui frisent la maladie mentale. Nous haïssons cette société par contre qui t’offre un piédestal, qui te fait passer en prime time sur les grandes ondes. Qui remue les pires vicissitudes de l’humanité à des fins commerciales.

L’histoire a ses vices, ses massacres, son lot d’horreurs. L’histoire a ses temps. Et si la période qui s’ouvre sent le brun, il faut se rappeler quelque chose. 22 ans après la première édition de ses pamphlets antisémites, Julius Streicher dansait au bout d’une corde après son jugement à Nuremberg. L’histoire a ses temps et parfois le vent tourne et la haine aussi…

Notes

[1Nous aimerions être dans la tête de cet imbécile de Laurent Ruquier, homosexuel assumé, qui a, à des fins lucratives, offert une tribune pendant des années à Zemmour. Sera-t-il épargné par la haine homophobe déclenchée par son poulain ? Peu de chances…

[2Il faut dire que Zemmour a déjà eu l’audace d’exonérer le maréchal Pétain dans le massacre des juifs de France.

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