S’imaginer enfermé-e, c’est s’imaginer s’évader. Quoi de plus évident. Alors, on manigance, on cherche des failles. Et parfois, avec l’aide de complices ou pas, on en trouve. Si des individus empêchent d’autres de se libérer, c’est leur choix, ils en subissent les conséquences. Ils auraient pu laisser ouvertes les portes du fourgon, oublier de sceller les menottes, les laisser partir sans violence, démissionner, à n’importe quel moment. Ils ont fait le choix d’être payés pour enfermer des gens, et en cas d’évasion, de les tuer. En se mettant au travers, eux aussi prennent le risque de se faire tuer.
Cette fois-ci ce sont des matons sur le carreau. La première fois depuis 1992. Combien de prisonnier.e.s sont mort.e.s entre temps ? Combien par désespoir, combien par incurie, combien des mains ou des armes des matons ?
De longue date les syndicats de l’administration pénitentiaire cherchent à réduire les possibilités d’extractions des prisonnier.e.s. Ils arguent que c’est lors de ces moments-là que les prisonnier.e.s ont le plus de chance de s’évader. Il est vrai qu’enterré.e.s derrière les murs et miradors, iels ont moins de chance de trouver un moyen de se nachav, même si de spectaculaires évasions arrivent toujours. Concrètement celui ou celle dont on retire la liberté désirera toujours la retrouver.
À chaque fois que la sécurité pénitentiaire est mise à mal, les matons obtiennent plus de contrôle et veulent que les détenus restent encore plus croupir en prison. En conséquence, ils vont donc chouiner, bloquer les prisons, donc l’approvisionnement des repas, les activités, les douches, les cantines, les promenades, les parloirs, les Unités de Vie Familiale. Il y aura des images de pneus brûlés, de CRS contre matons. Comme d’hab’, un grand spectacle pour avoir toujours plus de pouvoir face aux prisonnier.e.s. Car qu’on ne s’y trompe pas, ce n’est pas leur « employeur » que ces « ouvriers » bloquent. L’État n’en a rien à carrer des conditions des prisonnier.e.s, ce qui lui importe c’est l’ordre public incarné par des sbires bien dressés, pour mater les récalcitrant.e s.
Les revendications de l’État et des matons se confondent sur le dos des prisonniers.e.s. Ils voudraient que les extractions qui sont déjà rares et difficiles ne soient plus : rendez-vous médical en visio, interrogatoire en visio, procès en viso, à quand la prison en viso ? Ou qu’elles soient encore plus militarisées qu’elles ne le sont déjà actuellement.
Bref, ils veulent plus d’armes, plus de moyens, plus de matons, plus de prisons et pour ça ils rendent la vie impossible aux prisonniers.es et à leur proches. Non contents de leur droit de briser et de tuer des gens, ces tortionnaires revendiquent pouvoir le faire en sécurité. Les bourreaux en écharpe tricolore, en toge ou en uniforme, pensent pouvoir préserver leur gagne pain.
La prison sert à maintenir un ordre social raciste et patriarcal. Elle sert les intérêts du capitalisme en mettant au pas les individus pour les exploiter toujours plus. Elle sert à contenir la révolte comme à intimider quiconque ne se plierait pas aux lois. Elle octroie à l’un le droit de priver de liberté l’autre.
La meilleure façon qu’il n’y ait plus de matons morts
c’est qu’ils démissionnent.
La meilleure façon qu’il n’y ait plus de prisonnier.e.s mort.e.s
c’est qu’il n’y ait plus de prisons.