Victoire de Macron : une étrange défaite

En cet été 2017, la France se résigne. Le nouveau gouvernement met en place la casse méticuleuse des acquis sociaux. En cet été 2017, le silence est grand : ni cri de liesse de la part des vainqueurs, ni cri de rage de la part des vaincus. Tentative d’analyse. Chapitre 1 : où en sommes nous ? Article publié initialement sur La rotative.

En cet été 2017, la France se trouve dans une situation bien paradoxale. Elle a placé à sa tête un président qui, bien qu’élu avec plus de 65 % des suffrages, n’a pas été choisi pour ses idées (quoiqu’il puisse en penser). Le gouvernement se lance dans des réformes sans précédent pour liquider un modèle social vieux de plus de 70 ans et qui a montré ses preuves. Le tout dans un contexte sécuritaire institutionnalisé et sur lequel tout le monde s’accorde pour dire que ce n’est pas la solution.

Si quelques manifestations et rassemblements ont accompagné les résultats électoraux, si quelques personnes ont tenté de tenir des discours dans les médias pour rappeler les conditions de cette élection (abstention d’un quart de la population votante, plus de 10 % de bulletins blancs et nuls dans les bureaux… soit 35 % de personnes qui se taisent), si l’absence de liesse des « vainqueurs » politiques est aussi significative du peu d’enthousiasme, où sont passés aujourd’hui les revendications, les Français qui au printemps 2016 contestaient majoritairement la Loi travail et ses conséquences ?

Cet espace dépressif qui apparaît au lendemain des échéances électorales semble correspondre au soulagement d’avoir évité le pire. Sans doute, mais pas seulement. Cette victoire sans adhésion est une bien étrange défaite pour la majorité des électeurs.

En cet été 2017, nous voilà face à une étrange défaite de la démocratie

Depuis 2002 et le face-à-face Chirac/Le Pen, une frange des électeurs se trouve, à chaque second tour, confrontée à une situation qui les contraint à faire des choix en contre. Ils ne votent plus pour un candidat et ses idées, mais votent en contre, pour le « moins pire », le « moins dangereux », le « moins nauséabond ».

2017 a poussé la situation à son paroxysme : après avoir voté contre Sarkozy au premier tour de la primaire de droite, les voilà qui votent contre Juppé au second, puis contre Valls au second tour de la primaire de gauche puis contre Fillon ou Hamon au premier tour des présidentielles et enfin contre Marine Le Pen au second ! Que s’est-il passé pour que le vote en contre devienne un fait démocratique, un pis-aller accepté voire nécessaire et suffisant ? Sans doute les discours médiatiques ont réussi à faire croire que l’abstention ferait le lit du Front National et des « extrêmes ». Ils valident ainsi l’idée que se taire n’est pas s’opposer, mais favoriser le pire, et que voter utile dès le premier tour est absolument nécessaire.

Lire la suite sur La rotative

Mots-clefs : luttes des classes

À lire également...