- 12h30 Importante présence policière boulevard Magenta. La stratégie semble être d’empêcher par la force tout rassemblement à Barbès et à Gare du Nord.
- 15h20 Sur le parvis de Gare du Nord, les gardes mobiles encerclent la manifestation.
- 16h00 De nombreux groupes tournent autour des points de fixation (gare du Nord, Barbès). Malgré l’important dispositif répressif, les CRS sont débordés par le nombre, ils gazent dans tous les sens, mais plusieurs cortèges se forment.
- 16h45 Plus de mille personnes parviennent à rejoindre les buttes Montmartre. Un drapeau palestinien est déployé (versaillais tremblez !). La police nationale arrive à trois voitures, ils cherchent à gazer mais sont vite repoussés. Les CRS cherchent à leur tour à se déployer, des projectiles leur sont lancés pour les tenir à distance.
- 17h10 Un cortège redescend et se dirige vers Anvers.
- 17h20 2000 personnes environ qui se déplacent vers le sud, par la rue de Rochechouart.
- 17h35 Remontée vers Barbès bloquée. Le cortège part vers l’est, rue de Dunkerque.
- 17h50 Le cortège, toujours très dynamique, remonte le boulevard Magenta en direction de la place de la République. Des slogans sont scandés : « Israël assassin ! Hollande complice ! » « Hollande interdit ! Résistance ! » « Nous sommes tous des palestiniens ! ».
- 18h05 Pendant ce temps, des personnes sont encerclées et gazées à Barbès. Les flics tapent au faciès, sur tous ceux qui portent un keffieh. A nouveau la seule réponse du pouvoir à la solidarité et la résistance, c’est la force. On signale 33 personnes interpellé-e-s.
- 18h15 Le cortège se dirige vers Etienne Marcel mais il est bloqué par la police au niveau de Châtelet.
- 18h30 Dispersion avec un large sentiment de réussite. Les interdits policiers n’ont pas réussi à contenir l’expression de la solidarité avec les palestinien-ne-s.
Malgré les menaces de sanction et l’important dispositif policier, plusieurs milliers de personnes ont à nouveau manifesté leur solidarité avec les palestinien-ne-s ce samedi. Il y a eu deux points de fixation à Gare du Nord et Barbès, puis un cortège important a réussi à passer entre les mailles du dispositif policier pour arriver au Sacré-Coeur, puis défiler jusqu’à Châtelet.
Pourquoi cette interdiction ?
La manifestation appelée ce samedi à 15h à Barbès avait été interdite par la préfecture à la demande de Bernard Cazeneuve qui montait en épingle le mythe de l’attaque de synagogue. Il s’appuyait sur les événements de dimanche dernier rue de la Roquette pour justifier cette mesure d’exception : « J’ai condamné ces actes violents qui se sont produits dimanche (...) je ne peux pas accepter qu’ils se reproduisent » et « prendre le risque de voir demain des Français, quelle que soit leur confession, être exposés à des violences ».
Le discours dominant cherche ainsi à monter en épingle ce qui s’est passé dimanche dernier rue de la Roquette pour interdire les manifestations de soutien aux palestinien-ne-s et décrédibiliser le mouvement. Des camarades présent-e-s dimanche, ainsi qu’aux autres dates de solidarité avec les palestinien-ne-s, ont suivi les développements de l’histoire. Un retour sur les faits s’impose, ainsi que sur le principal groupe impliqué, la LDJ.
La LDJ c’est qui ?
La Ligue de Défense Juive est le groupuscule qui prétend avoir défendu la synagogue de la rue de la Roquette samedi dernier. Il avait en effet déposé un rassemblement devant ce lieu de culte situé à proximité de la fin de la manifestation de soutien au peuple palestinien. Sur le portail de La Horde, on trouve un excellent schéma présentant les différents groupes d’extrême-droite français. La LDJ y figure en bonne place parmi les "bourrins". Ils sont décrits en ces termes :
Version française du mouvement Kach du rabbin Khahane, la LDJ se distingue par sa violence et son soutien à l’extrême droite israélienne. Ses cibles favorites sont plus l’extrême gauche pro-palestinienne que l’extrême droite antisémite (sauf récemment avec Dieudonné). De récents départs (Alyah) ont légèrement modifié l’équipe dirigeante, mais sans changer les pratiques.
Le nom "Ligue de Défense Juive" décalque la "Jewish Defense League" mouvement néosioniste américain, classé depuis 2001 comme organisation terroriste par le gouvernement, suite à la préparation d’une double attaque contre une mosquée et contre un membre du Congrès. Sa petite soeur française n’en est pas à ce stade, mais est coutumière des actions et agressions violentes. La dernière en date ? L’attaque du rassemblement de soutien au peuple palestinien place Saint Michel le mercredi de la semaine précédente !
L’affrontement rue de la Roquette
Alors qu’a réellement fait la LDJ dimanche ? Elle prétend défendre la communauté juive, alors qu’elle y est très marginale et que son action est très critiquée au sein de la communauté qui y voit une manière de jeter de l’huile sur le feu. Dimanche, l’héroïsme de pacotille de la LDJ a essentiellement consisté à venir faire de la provocation aux abords du cortège de la manifestation, et à attirer une partie des manifestants vers le haut de la rue de la Roquette, où elle les a alors attaqués à l’aide de tables, chaises, barres de fer, tasers, gazeuses... puis à se réfugier derrière les lignes de CRS quand ils ont été débordés en nombre. Quitte à rappeler des évidences, il n’y a donc eu ni séquestration ni objets lancés contre la synagogue, ne serait-ce que parce qu’elle était entourée à bonne distance par ces cordons de CRS.
Il y a beaucoup à discuter de la capacité de franges du mouvement pro-palestinien ou antifasciste à être manipulées et à tomber dans des provocations grossières (pourvu qu’il y ait de l’action), mais prétendre que les affrontements avec les militants ultraviolents de la LDJ (qui avaient attaqués le rassemblement de la semaine passée) relèveraient d’actes antisémites est tout simplement infondé : on n’entend aucun slogan de ce type sur les vidéos où sont au contraire distinctement audibles des « Palestine, on t’encule ! » lancés par les militants de la LDJ. Sur cette vidéo, on voit nettement la collaboration entre des civils et les militants armés de la LDJ :
Une vidéo sous un autre angle montre la milice d’extrême droite courir se protéger derrière une rangée de CRS (c’est sur cette vidéo qu’on entend les slogans). La stratégie de la LDJ semble claire : il s’agit de faire de la provocation pour pouvoir ensuite jouer sur la corde de l’antisémitisme auprès d’une opinion publique déjà très travaillée par les médias.
Maintien du rassemblement samedi à 15h à Barbès
Ne baissons pas les bras face à ces tentatives de manipulation et d’intimidation. De nombreuses organisations appellent à se rassembler quand même samedi à 15h à Barbès pour témoigner de notre solidarité avec les palestinien-ne-s. Il y a un enjeu à refuser clairement le raccourci du discours dominant : critique de la politique israélienne=antisémitisme.
Il faut être présent-e-s pour s’opposer à toutes les formes de racisme, qu’elles prennent la forme de l’antisémitisme ou de l’islamophobie. C’est aussi une responsabilité antifasciste que de cibler, isoler et sortir les fouteurs de merde qui cherchent à s’incruster dans les luttes pro-palestiniennes et à emmener les groupes véners vers des synagogues et autres mots d’ordre antisémites.
Il faut être présent-e-s surtout pour dénoncer les massacres qui continuent, les raids aériens sur Gaza qui font toujours plus de victimes, mais aussi l’offensive terrestre lancée par Tsahal au Sud et au Nord de la bande de Gaza. A ce jour, on compte plus de 270 morts (dont 70 enfants, 34 femmes et 39 personnes âgées), 2000 blessés, 600 maisons détruites, plus de 1000 maisons touchées, et plus de 6000 personnes se retrouvant ainsi sans abri. Halte a l’agression contre Gaza ! Soutien à la résistance palestinienne ! Soutien a la campagne B.D.S. : boycott, désinvestissement, sanctions contre l’État d’Israël ! Brisons le silence complice des gouvernants français et européens !