Depuis des semaines, les manifestations, occupations et actions contre la réforme du Code du Travail se multiplient. Les projets de lois s’enchainent : ANI, loi Macron, loi El Khomri, répondant tous à une même logique, celle d’une précarisation de nos existences. Tous les jours, le travail ou son absence organise nos vies. Il nous assigne à une place dans la société, et nous divise en catégories salariales. Nos choix d’orientation, d’installation, de mode de vie en dépendent, et ce qui nous revient de droit, se paye. Ce qu’on sacrifie au travail, c’est notre temps, notre santé, nos désirs, pour assurer notre survie en attente d’une vie meilleure. Voilà pourquoi lutter pour ses conditions de travail, c’est se battre pour ses conditions de vie.
Il n’est pas étonnant que les lycéens-ennes et étudiant-e-s se méfient, à raison du projet de société qu’on leur propose. Qui veut parvenir à la « réussite » dans de telles conditions ? De nombreux-ses salarié-e-s ont déjà pris l’initiative de se mettre en grève et refusent de travailler pour un système qui génère des inégalités, produit toujours plus de travailleurs-euses pauvres et alimente le chômage de masse.
De l’entrée des lycées, aux portes des CAF et des pôles emplois, jusqu’aux cellules de prison, l’État renforce ses dispositifs de contrôle, afin de maintenir un ordre social toujours plus inégalitaire. Les forces de l’ordre l’imposent au quotidien en même temps qu’elles répriment toute forme de contestation. L’accroissement de la misère suit celui des violences policières. Il s’agit d’une logique d’État, qui reproduit les rapports de domination au sein de la société. Aujourd’hui, l’état d’urgence sert à légitimer ce mode de gestion autoritaire.
Ne perdons pas notre vie à la gagner
La lutte, c’est un moment de vie qu’on se réappropprie, un temps que l’on redéfinit collectivement ; des espaces de solidarité, d’alternatives sociales et d’horizontalité. 8, 17, 24, 31 mars, les journées de mobilisation se succèdent. Souvent, les cortèges se scrutent sans échanger, on se compte et on rentre chez nous. Alors, pour lutter qu’est ce qu’il nous reste ? Ce dont on se donnera les moyens.
La grève c’est faire le choix d’arrêter de produire. C’est bloquer l’économie sur son lieu de travail, mais aussi s’exposer en tant qu’individu. Pour prendre ce risque, il faut avoir conscience de sa force collective et dépasser l’isolement en organisant la solidarité. Construire un rapport de force, c’est aussi pouvoir impulser un calendrier qui nous soit propre, multiplier les initiatives et les mettre en lien pour permettre une réelle convergence. Les actions d’occupations, de blocages et de grèves tournantes sont des moments de rencontre qui permettent de créer de nouveaux espaces communs, afin de dépasser les identités sociales que l’on nous assigne, et les catégories que l’on nous impose.
Pour renforcer la mobilisation, l’idée est de nous organiser à travers des comités d’action qui permettraient aussi bien une entraide ciblée qu’une plus large expression de notre détermination.
Réunion ouverte pour monter des comités d’action
rdv le 6 avril à 18h - Bourse du Travail de Paris, 3 rue du château d’eau Métro République.