Twitter et Facebook modifient désormais la perception qu’on peut avoir d’un événement. On a pu le voir ici en France ces derniers jours avec le #JeSuisCharlie comme le tout aussi grotesque #JeNeSuisPasCharlie. On pouvait d’ailleurs retrouver derrière ce hashtag des gauchistes autant que des leaders de l’extrême droite radicale… Face à l’exemple plus concret du soulèvement américain contre les flics assassins, et son essoufflement, il est urgent de penser cet impact massif des Twitter®, Facebook® & cie pour les prochains mouvements, ce qu’ils permettent et ce qu’ils tuent.
Extraits de « The revolution should not have been televized »
Si les réseaux sociaux ont pu servir à organiser les premiers blocages, les premières marches, les premières émeutes, leur triomphalisme autiste a tout autant permis de recouvrir l’essoufflement du mouvement. C’est une forme inédite et particulière de contre-insurrection, qui émane du mouvement lui-même et opère par surmédiatisation. Twitter, ce « fantastique-outil-de-coordination » a infiltré le mouvement réél au point de le remplacer ; il est devenu le lieu et l’enjeu de la lutte, le champ de bataille le plus réel et le plus crucial – la forme même de la protestation, sa représentation permanente, l’antidote à sa présence.
(…) Il ne s’agit pas de déserter Twitter, il s’agit de remettre les réseaux sociaux à leur place, de les rendre à leur usage le plus juste et le plus nécessaire : véhiculer un appel à constituer les formes d’organisations qui, au moins à l’échelle d’un mouvement, les rendront superflus. Mettre l’accent sur toutes les choses qui ne peuvent pas être répétées par un réseau social ; toutes ces choses où la présence physique et spirituelle est non négociable, inévitable, désirable. Parce qu’une émeute, une occupation, une manifestation mettent en jeu des formes de partage et d’affects qui échappent encore à leur représentation virtuelle ; on y fait simplement, encore, l’épreuve d’une réalité qui n’est pas intégralement détestable et synthétisable.