Jeudi 7 novembre, à Paris, six flics de la BEDJ (Brigade d’exécution des décisions de justice [1]) débarquent à 5h du matin avec un mandat d’arrêt européen au domicile d’un parent de C., personne recherchée dans le cadre de l’opération Scintilla à Turin, en Italie. Quelques heures plus tard, aux alentours de 10h, c’est au domicile d’un autre parent, en proche banlieue, qu’une seconde équipe de quatre flics déboule. Habillé·e·s en civil, les flics se divisent en deux équipes, l’une fouille les pièces de chaque domicile, pendant que l’autre interroge et menace chaque parent : intimidations « on la casse en deux minutes votre porte », menaces d’inculpation pour « avoir aidé une terroriste », les questions portent avant tout sur les liens et l’aide potentielle (financière, hébergement, contacts, etc.) avec la personne recherchée. Les deux équipes repartent sans avoir trouvé de mains sur lesquelles refermer leurs menottes ni aucune information à se mettre sous la dent, car chaque parent affirme n’avoir pas de nouvelle de la personne. Les flics laissent tout de même un papier avec contact au cas où les proches voudraient jouer les balances. Ces deux interventions n’étaient pas des perquisitions, aucun objet n’a (a priori) été volé.
Une semaine plus tard, mercredi 13 novembre vers 14h, une petite trentaine de flics en civil débarque dans un squat à Romainville. Profitant de la sortie d’une habitante, ils lui prennent ses clefs et entrent, ouvrent une première porte sans signaler qu’ils sont flics et défoncent une deuxième porte au bélier, disant rechercher une personne. Ils mettent dehors tou·te·s les habitant·e·s et fouillent leurs lits. Plusieurs personnes se mangent des coups pendant l’intervention. N’ayant rien trouvé (ils n’ont pas non plus pris de matériel ni semblé rechercher des infos), ils s’intéressent aux deux personnes assignées meufs présentes et embarquent l’une d’entre elles qui correspond selon eux au « profil » recherché. Bien qu’elle ait fourni sa carte d’identité, son permis, sa carte vitale et sa CB, ils l’emmènent au 36 (police judiciaire), à porte de Clichy, et lui prennent ses empreintes pour procéder à une vérification d’identité. Deux heures plus tard, la copine sort après avoir appris que les flics recherchent une personne à la demande de l’Italie pour une « histoire d’extrême gauche ».
Depuis février dernier, C. est recherchée par la police italienne dans le cadre de l’opération Scintilla, au cours de laquelle, à Turin, six personnes avaient été arrêtées et incarcérées et l’Asilo occupato avait été expulsé. Cette enquête fait suite à la publication et à la diffusion de la brochure « I cieli bruciano » recensant les collabos de la machine à expulser italienne, cibles de nombreuses attaques au cours des dernières années. L’accusation principale est association de malfaiteurs, mais des appels successifs font tomber cette accusation et la plupart des inculpé·e·s sortent de prison dans les mois qui suivent. Silvia, en revanche, se trouve aux domiciliari (prison à la maison) depuis fin septembre, après huit mois entre prison de haute sécurité et isolement, et une grève de la faim d’un mois. Comme C., elle est accusée de transport et dépôt de matériel incendiaire sur la base de reconnaissance anthropométrique. C., elle, reste introuvable.
S’il est difficile d’établir un lien avec certitude, les premières interventions surviennent quelques jours après l’entrée à l’hôpital d’un parent proche de C. En effet, les flics ne cachent pas qu’ils sont au courant de l’hospitalisation et demandent si C. s’est rendue à l’hôpital. Comme d’hab, les keufs profitent de toute faille pour mener à bien leur sale boulot de larbins du système et de la justice. Plus de neuf mois après l’opération Scintilla, la police met un coup de pression à la famille et aux personnes qu’elle estime susceptibles d’être en contact avec C. Les raisons de cette accélération sont probablement multiples, on sait cependant qu’une des mesures du récent décret sécurité de Salvini, alors ministre de l’Intérieur en Italie, prévoyait d’allouer plus de moyens à la recherche des personnes en cavale. L’arrestation peu de temps après de Vincenzo Vecchi au terme de dix-sept années de cavale en est un exemple. Dans son cas, l’extradition vient d’être rejetée par la justice française et sa libération prononcée. Si nous nous réjouissons de cette nouvelle, il ne faut cependant pas oublier que la France n’avait pas hésité à remettre Natascia, inculpée dans l’opération Prometeo, à la justice italienne en mai dernier.
Ces invasions des keufs dans la vie des proches de C., dans un contexte d’hospitalisation, nous dégoûtent, mais on n’est plus à une surprise près dans ce système qui broie des vies au jour le jour pour survivre. De Hong Kong au Chili, en passant par la France, l’Italie ou le Liban, on se réjouira toujours du bordel et du désordre, et même si la violence de la répression bat son plein, notre haine contre le système aussi !
Solidarité par delà les frontières, avec tou·te·s celles et ceux qui sont touché·e·s par la répression, en cavale sur les routes ou en prison, et que la répression n’arrêtera pas. Une pensée particulière à la copine ! Crève l’État, la taule et ses keufs ! Vive la lutte, vive la liberté !
Pour plus d’infos :
Comme une étincelle en travers de la gorge : https://infokiosques.net/spip.php?article1642
À Turin : l’Asilo résiste ! https://nantes.indymedia.org/articles/44482
La répression n’arrêtera pas nos luttes https://nantes.indymedia.org/articles/44558 -
Le plus beau des cadeaux https://nantes.indymedia.org/articles/44807
Pinkwashing https://nantes.indymedia.org/articles/44626 -
Silvia et Anna https://paris-luttes.info/solidarite-avec-silvia-et-anna-en-12299?lang=fr
Grève de la faim dans les prisons https://nantes.indymedia.org/articles/45702
Fin de la grève de la faim (Silvia, Anna, Natascia) https://nantes.indymedia.org/articles/45951