Appel de soutien à la lutte contre la centrale hydroélectrique de Namakhvani en Géorgie
Les habitant.es de la vallée de Rioni de la région montagneuse de Racha-Lechkhumi, en Géorgie, mènent actuellement une lutte populaire contre le projet de centrale hydroélectrique. Face à la résistance qui ne cesse de s’intensifier, le pouvoir répond par la répression policière.
La spoliation des terres, la privatisation des ressources naturelles, la modification radicale du paysage, le déplacement forcé d’une centaine de familles et l’abandon conséquent de leurs exploitations agricoles, l’extinction des cultures de vignes endémiques et l’augmentation des risques de séisme font partie du triste cortège du projet impudemment appelé « La Cascade de Namakhvani ».
Le bien naturel commun a été accaparé ou plutôt livré, telle une offrande, au sacro-saint « investisseur étranger ». Maintenant, pour celleux qui se nomment les gardien.nes de la vallée, il s’agit de le récupérer et de défendre le reste : leurs lieux de vie, les terres et les eaux, leurs modes de vie, leurs traditions agricoles et vigneronnes vernaculaires et leurs croyances. Pour que les reliefs escarpés et le cours vivace du fleuve Rioni ne cèdent pas la place à un bassin beige dompté, il faut que l’engagement soit entier, « on n’a pas d’autre choix que de ne pas céder » – disent les gardien.nes.
Depuis le 24 octobre 2020, ielles organisent des veillées dans les tentes aménagées pour défendre leurs terres et empêcher le démarrage des travaux de construction. Initialement installées sur le site du chantier, les tentes ont été démolies plusieurs fois par les forces de l’ordre. Le jardin aménagé avec soin a été saccagé, laissant derrière lui une terre rongée par les tracteurs.
Depuis le 14 avril, un mur gris métallique barre la route qui mène à la vallée de Rioni. Cette frontière, dressée dans le village de Goumati, sépare la ville de Koutaissi de la Zone à Défendre et empêche les activistes et les habitant.es de se rendre dans la vallée. La rage et la colère montent, les manifestations et les rassemblements spontanés se multiplient. Le 24 avril des contestations ont eu lieu dans 17 villes de Géorgie : les demandes restent les mêmes, que le gouvernement rompe le contrat avec l’entreprise ENKA et que celle-ci quitte la vallée immédiatement.
La lutte pour défendre la vallée de Rioni n’est plus seulement une lutte locale. Elle a pris la forme d’une lutte anti-impérialiste pour la défense d’espaces vivants et communs, où la souveraineté du milieu naturel prime sur la logique marchande. Elle permet des moments de rencontre entre les personnes locales, les collectifs autonomes, queer ou d’extrême gauche, les immigré.es, les individus révoltés. Une nouvelle manifestation rassemblant toutes ces différentes composantes de la lutte est prévue dans la capitale, Tbilisi, le 23 mai.
Face à l’impérialisme économique et à l’exploitation capitaliste des ressources naturelles qui se déplace de plus en plus vers les « périphéries », nous vous proposons de soutenir, depuis vos propres lieux de luttes, le combat des gardien.nes de la vallée de Rioni. Que la richesse de leurs formes d’organisation, peut-être inconnues et étrangères aux luttes européennes, ne reste pas qu’un folklore de l’Est. Car là où croît le péril, des échappées et des fuites naissent, des Zones à Défendre fleurissent, ainsi que les multiples manières de les défendre.
Au nom de vos collectifs, vos luttes environnementales, anti-impérialistes et anti-capitalistes, vos squats et vos ZADs, envoyez vos lettres de soutien, des photos, des banderoles et des slogans, partagez vos expériences de luttes similaires, les histoires de vos victoires et de vos défaites, faites (re)vivre vos luttes à travers celle-ci. Et n’hésitez pas à venir nous rendre visite !
Collectif de soutien des gardien.nes de la vallée de Rioni
Adresse : defendrerioni@riseup.net