Quinze familles syriennes — dont 38 enfants — demandeuses d’asile en France, après avoir fui la guerre dans leur pays, se sont vues expulsées par les flics le 29 août 2019 du bâtiment où elles logeaient, rue Raspail à Saint-Denis, suite à une action en justice de Freha, bailleur social du groupe Emmaüs. Elles ont été forcées de quitter en quelques dizaines de minutes les logements qu’elles louaient pour certains depuis plusieurs années laissant derrière elles meubles, électroménager et même des jouets détruits sous leurs yeux à la demande de la préfecture.
On notera également la perversité de l’État qui s’est dépêché de jeter ces familles à la rue à quelques jours de la trêve hivernale.
Cette expulsion violente a eu lieu la veille de la rentrée scolaire, au moment même où le ministre de l’Éducation nationale mettait un point d’honneur à renforcer la scolarisation des plus jeunes en rendant l’école obligatoire dès 3 ans.
Les familles, jetées à la rue, ont alors été contraintes d’installer un camp de fortune au square Pierre de Geyter (parc voisin de la rue Raspail) avec l’aide d’un large comité de soutien. La préfecture de Seine–Saint-Denis a en effet refusé de mettre en place un dispositif d’hébergement exceptionnel.
Face à l’irresponsabilité de l’État, la mairie de Saint-Denis, le département et la Fondation Abbé-Pierre ont alors financé un hébergement d’urgence d’un mois et mandaté l’association Alteralia pour assurer le suivi des familles. Or, mardi 15 octobre, ces réfugiés et leurs enfants se retrouveront de nouveau à la rue !
En effet, à ce jour, le préfet de Seine–Saint-Denis, Georges-François Leclerc, en bon représentant de l’État et de sa logique, s’obstine dans son zèle xénophobe. Il a d’ailleurs déjà été condamné, en tant que préfet des Alpes-Maritimes, à plusieurs reprises en 2017 et 2018 pour atteinte au droit d’asile, mais qu’à cela ne tienne, semblerait-il, puisque le président Macron a annoncé ces derniers jours des restrictions à venir sur le droit d’asile.
L’État montre ici les principes fondamentaux de sa fonction sociale - superviser, légitimier et imposer l’ordre socio-économique bourgeois - et fait peu de cas de la dignité humaine, de la protection des personnes fuyant des zones de guerre et, pire, fait vivre à des enfants qui, après avoir fui l’horreur de la guerre, avoir subi des traumatismes irrémédiables, l’enfer au « pays des droits de l’homme ».
Face à l’État et sa bureaucratie raciste, il devient de plus en plus vital de se montrer solidaire et de ne pas laisser tomber nos ami·e·s syrien·ne·s et leurs enfants.
Car il ne faut pas s’y méprendre : les techniques que l’État met aujourd’hui en œuvre contre les populations les plus fragiles — et qui ne représentent rien à ses yeux en tant que clients-électeurs — seront demain déployées contre l’ensemble de la classe des travailleurs.