Les médias aiment toujours se faire l’écho de la Police quand il s’agit d’évoquer des « violences urbaines » dans les quartiers pauvres. Les nuits du 13 et 14 juillet en sont de parfaits exemples. Les journalistes s’empressent de dresser un bilan du nombre de poubelles et de voitures brûlées, du nombre d’individus interpellés mais aussi du nombre éventuel de fonctionnaires de police blessés lors « d’affrontements ». Evidemment, tous ces chiffres sont donnés par les différents services policiers et préfectoraux. Aucun mot sur les éventuelles blessures causées par ces mêmes policiers. Ni sur les provocations régulières de ces derniers lors des soirées du 13 et 14 juillet en particulier mais aussi tout au long de l’année entre brimades, insultes et échanges de coups.
Cette année, un épisode spectaculaire de ce 14 juillet a retenu l’attention de la presse. Celui du « guet-apens de Sevran ».
Durant la soirée, un homme de 35 ans meurt en chutant de son deux roues à Aulnay-sous-Bois. La Police le poursuivait car il avait auparavant grillé un feu rouge...
Environ deux heures plus tard, à Sevran (commune voisine), six motards de la CSI (compagnie de sécurisation et d’intervention) [1], qui avaient traqué le motard décédé sont violemment pris à partie dans la rue qui mène au collège La Pléiade.
Très vite, le premier récit médiatico-policier est le suivant : frappé par un groupe hostile de gens, un des policiers tombe de sa moto, il est par la suite rudement rossé, il craint pour sa vie et s’en sort miraculeusement en se servant de son pistolet. Il tire plus de la moitié de son chargeur (8 balles sur 15) et blesse grièvement un jeune en lui transperçant le ventre. Le jeune de 18 ans est depuis en soins intensifs (plusieurs jours dans le coma), sous respiration artificielle et ne peut toujours pas communiquer. Si ce récit laisse l’impression qu’il s’agit d’un véritable guet-apens organisé et totalement planifié par les « assaillants », ce n’est pas la même lecture des évènements qui en ressort dans l’article plus récent du Parisien.
En effet, selon l’aveu même des policiers présents au moment des faits :
Les premiers motards de la CSI auraient alors accéléré, tandis que le dernier du convoi descendait de sa moto pour dégoupiller une grenade de désencerclement, « dans le but de faciliter le passage de ses collègues »
On pourra d’abord s’étonner du choix du policier d’envoyer une grenade de désencerclement sous prétexte d’aider ses collègues qui quittaient déjà les lieux sans mettre pied à terre, alors que lui, se situait en queue de cortège.
Enfin, face à un groupe d’individus :
Le policier aurait alors reculé, s’éloignant de plus en plus de sa moto, prise d’assaut par les assaillants. En voulant s’enfuir, il aurait trébuché sur la chaussée ou sur un trottoir, ce qui l’a fait tomber, le visage au sol.
C’est donc d’abord seule la moto qui est visée et c’est sa chute fortuite visage au sol qui a pour conséquence des coups à son encontre (dont plusieurs sur son casque).
Apeuré, il tire 8 coups « en l’air » avec son pistolet. Suffisamment en l’air pour qu’un jeune se prenne une balle en plein ventre touchant poumon, rate et intestin...
Ce vendredi soir 14 juillet, à Sevran, un policier a failli tuer avec son arme de service.