Réponse des enseignant·e·s du lycée d’Alembert à la tribune des chef·fe·s du SGEN-CFDT

Lettre en réponse à la position des personnels de direction de Paris du SGEN-CFDT suite aux blocages des établissements

Nous, enseignant·e·s du lycée D’Alembert (Paris 19e) avons été surpris de voir, à travers votre tribune publiée dans le monde du lundi 27 janvier 2020 que vous étiez capables de vous mobiliser.
Nous aurions aimé vous voir prendre la plume pour dénoncer l’humiliation violente des forces de l’ordre envers des élèves de Mantes-la-Jolie en décembre 2018.
Nous aurions aimé vous voir vous insurger lorsqu’un élève perd un œil devant son lycée suite à un tir de LBD.
Nous aurions aimé vous voir vous soulever contre les réformes successives du baccalauréat général et de la voie professionnelle, vous qui êtes si soucieux du devenir des élèves les plus fragiles et qui laissez néanmoins s’opérer un tri social ravageur.
Nous aurions aimé vous voir faire des déclarations pour soutenir les enseignant·e·s en grève qui s’opposent à la mise en place des premières épreuves du baccalauréat, parce qu’elles sont injustes et vont continuer de creuser les inégalités.
Enfin, nous aurions aimé vous voir descendre dans la rue pour défendre une retraite digne pour toutes et tous plutôt que de défendre un droit à travailler qui n’est qu’un droit à se faire exploiter, auquel vous prenez une part de plus en plus significative.

Si parfois vous rencontrez des difficultés pour la gestion de l’ordre pendant les blocages, sachez que d’autres personnels de direction, réellement soucieux de l’apaisement et de la protection des élèves, demandent à la police de ne pas intervenir et mettent à disposition des salles pour respecter le droit de se réunir.

En signant cette tribune, vous avez choisi d’obéir sans discernement aux consignes ministérielles.
À vrai dire ce n’est pas une surprise. Avec l’autonomie des établissements, la mise en place des entretiens de carrière, les attributions d’indemnités pour missions particulières, vous avez accru votre pouvoir sur la carrière des enseignant·e·s. Ce pouvoir va encore s’accroître quand vous allez être en mesure de recruter les enseignant·e·s en dehors du cadre des mutations. Alors, vous avez peut-être une charge de travail qui augmente, mais c’est essentiellement pour un travail inutile, si ce n’est nocif pour les personnels et les élèves. Et nous ne parlons pas, spécifiquement à Paris, de tous les projets que vous imposez aux équipes, sous couvert pédagogique, pour faire que les vitrines numériques des établissements brillent, au seul service de vos carrières et des primes que vous obtenez grâce à notre travail.
Nous qui travaillons réellement au quotidien pour nos élèves dénonçons la violence de votre propos et vous souhaitons bonne chance pour faire face à vos équipes après cette prise de position.

Des enseignant·e·s du lycée D’Alembert, Paris 19e
Paris, le 28 janvier 2019

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