« Lynchage de Darius : la République se désintègre par le haut puis le bas ».
Vendredi 13 juin, Georghe C., dit Darius, 16 ans, Rrom, de nationalité roumaine, a été sauvagement battu et laissé agonisant dans un chariot en bordure du quartier ruiné de la « cité des poètes » à Pierrefitte en Seine-Saint-Denis. Cette agression indique que la classe politique a fait franchir à l’ensemble de la société française un seuil supplémentaire vers sa désintégration.
La société civile consciente et active attend de la classe politique un sursaut et une remise en question radicale de l’exercice de sa fonction. Sans quoi, le mal dont est pris le corps social progressera encore par ses deux extrémités suivant un processus d’auto -alimentation : d’une part croissance de la peur et banalisation de la violence dans la population et d’autre part croissance de l’idéologie raciste/fasciste dans les élites politiques, économiques et culturelles. C’est au progrès de cette idée que servirait une guerre raciale où s’abîmerait la population.
Le maire socialiste de Pierrefitte, premier responsable de l’abandon des hommes, des femmes et des enfants, sur le territoire, dont élu, il est en charge, sans mot aucun pour la victime et sa famille, appuie dans ses déclarations à la presse les soupçons de larcin pesant sur le jeune homme.
Il prive donc d’ores et déjà son corps mourant de l’état de victime, excluant, - en conscience, - que justice puisse lui être rendu, délivrant ainsi un véritable permis de tuer, et augmentant la violence à tous les niveaux.
S’il est un motif raciste à l’acte atroce dont Darius est la victime il est à chercher dans cette déshumanisation, initiée et entretenue par les élites, au plus haut niveau de l’État.
Depuis dix ans, le discours public procède à la déshumanisation d’hommes, de femmes, et d’enfants, étrangers résidents, dans une extrême précarité sur le territoire de France, et publiquement identifiés comme « Rom ».
S’il est un motif raciste à l’acte atroce dont Darius est la victime il est à chercher dans cette déshumanisation, initiée et entretenue par les élites, au plus haut niveau de l’État.
La persécution par les pouvoirs publics des bidonvilles où vivent quelques milliers de Rroms roumains et Bulgares, est en réalité l’aspect le plus spectaculaire de la violence politique faite aux habitants de tous les quartiers populaires, parmi lesquels les habitants abandonnés de la « cité des poètes », privés d’emplois, de logements décents, de droit à l’éducation et à la culture, et stigmatisés comme « immigrés », « musulmans », « sauvageons ».
Au-delà du traumatisme et de l’immense tristesse, de la douleur qui revient à sa famille, et auquel doit se joindre, dans le plus grand respect, le plus grand nombre, la justice doit être impérativement rendue ! Ce drame doit servir d’ultime alerte ! Si la violence politique infligée à tous les habitants des bidonvilles comme des quartiers ne cesse immédiatement en actes et en mots, il se pourrait bien que l’image interdite du corps martyrisé du jeune Darius, meurtri dans un caddie en zone urbaine sensible, préfigure l’état où sera dans un avenir prochain l’ensemble de la République en péril.