À la santé des prisonniers !
Contre la ré-ouverture de la taule historique de Paname ; contre toutes les prisons !
Depuis 2015, la maison d’arrêt de la Santé est fermée pour cause de travaux. Seul le quartier de semi-liberté est encore en activité (les détenus viennent y dormir et en sortent le matin pour aller travailler ou se former, même pendant les travaux). Le reste de la prison a été progressivement vidé, rasé puis reconstruit. C’est la dernière taule de la capitale. Chaque département en France doit avoir sa prison. Or Paris est une ville-département, il lui « faut » donc une prison. La prison de la Santé va donc ré-ouvrir en janvier 2019, avec 839 places officielles, et bien plus de prisonnièr.e.s en réalité, on le sait déjà (150% de surpopulation au bas mot !).
C’est une chose remarquable, car depuis de nombreuses années déjà, les prisons sont construites loin des regards, au milieu de nulle part, loin des villes et des quartiers. En général, les taules sont très difficilement accessibles en transports. Difficile donc d’aller voir les prisonnièr.e.s au parloir, d’apporter des sacs de linge, de venir faire des saluts intempestifs, de faire savoir aux personnes détenues qu’à l’extérieur on pense à elleux, et qu’on voudrait détruire ce qui les enferme.
La rénovation de la prison de la Santé est un projet de construction différent des nouvelles taules prévues : l’idée est d’intégrer la prison à la ville, qu’on ne sache pas qu’elle est là, qu’elle fasse partie du décor. L’Agence pour l’Immobilier de la Justice (APIJ) le dit clairement, ce bâtiment est un élément du patrimoine architectural parisien, il faut le conserver tel quel : surtout il ne doit pas attirer l’œil, ni sortir de l’ordinaire de ce quartier. La Santé a toujours été de ces prisons "expérimentales" : nouvelle architecture "panoptique" qui permet de surveiller les prisonnièr.e.s à 360 degrés en 1867 ; pour 2019, brouillage des téléphones portables et installation de cabines téléphoniques payantes, et prison "caméléon", car tous les moyens sont bons, en prison, pour faire de l’argent sur le dos des prisonnièr.e.s. Car briser des vies, couper les liens amicaux et familiaux, déshumaniser avec des prisons au design toujours plus moderne : voilà le but des prisons.
Contre les CRA, contre les taules, contre tous les enfermements et en solidarité avec les prisonnier.e.s ; nous nous devons de prendre acte la réouverture de cette prison de la Santé, qui ouvre la voie au "plan prison" et aux 15000 places de plus prévues par l’État. De prendre acte des mort.e.s derrière les barreaux. Des humiliations quotidiennes, de la violence des matons et même des "gentils" matons. De prendre acte de la guerre sociale que la prison alimente. Les prisonnier.e.s, tou.te.s les prisonnier.e.s, y luttent tous les jours dans des degrés différents. Iels sont réprimé.e.s et enfermé.e.s car prolétaires ; car racisé.e.s ; car trans ; car iels ont refusé de rester à la place que le racisme d’État et le capitalisme leur avaient réservée dans le système de production. Du dehors, nous nous devons d’afficher notre solidarité avec tou.te.s ces prisonnier.e.s, sans distinction "politique" ou "de droit commun". En ces temps mouvementés où les gilets jaunes prennent de la prison ferme par centaines dans la poussée contre-insurrectionnelle de l’État, tou.te.s les prisonnier.e.s sont des prisonniers de guerre sociale ; tou.te.s les prisonnier.e.s sont politiques. Une taule dans Paris est l’occasion de laisser votre rage éclater.
La date de ré-ouverture officielle est celle du 7 janvier 2019. Si c’est la rentrée des taules, c’est aussi la rentrée des énervé.e.s contre les taules ! Ainsi nous appelons dès maintenant à s’organiser et à résister, par tous les moyens nécessaires et par toute action, contre la réouverture de la Santé.
Nous appelons à un rassemblement le samedi 12 janvier à 15h, RDV à Place de l’Ile de Sein (Paris 14e, métro Denfert-Rochereau), contre la Santé et contre toutes les taules !