Psychologie de masse du fascisme et du capitalisme [Radio]

| Sortir du capitalisme

En cette période de montée des idéologies de crise agressives (néo-nationalisme, islamisme, racisme, virilisme) et de manipulation capitaliste (publicité, consommation, électoralisme) des frustrations découlant de ce même capitalisme, une relecture actualisée (et critique) de La psychologie de masse du fascisme de Reich nous permet de comprendre ces phénomènes en échappant d’une part à un réductionnisme économiciste incapable de penser « la part subjective de l’histoire » et d’autre part à une psychologie individualisante, biologisante et conservatrice incapable de critique sociale, mais aussi de penser une libération révolutionnaire des frustrations capitalistes – avec le chercheur Pierre-Ulysse Barranque.

Entretien avec Pierre-Ulysse Barranque, doctorant, co-directeur de In Situs. Théorie, spectacle et cinéma chez Guy Debord et Raoul Vaneigem (Grupen, 2013) et surtout auteur de « Wilhem Reich et la Révolution allemande. Penser l’entre-deux-guerres avec Marx et Freud » (Contretemps).

Psychologie de masse du fascisme et du capitalisme
Avec, tout d’abord, une présentation de Wilhelm Reich, marxiste psychanalyste révolutionnaire (incorporant de manière critique Freud au sein du marxisme révolutionnaire), du caractère prémonitoire de La psychologie de masse du fascisme (paru en 1933, date d’arrivée au pouvoir d’Hitler et des nazis), de sa proposition d’une « révolution sexuelle » au sens d’une société délivrée des frustrations capitalistes, de classe ou encore patriarcales. Avec ensuite une critique de l’incapacité du marxisme allemand de penser l’absence de révolution en Allemagne tout comme l’arrivée du nazisme au pouvoir en raison de sa philosophie déterministe, mécaniste, économiciste de l’histoire, de son absence de prise en compte des facteurs psychologiques (au contraire des nazis) et du caractère froid de son programme politique. Avec surtout une explication du nazisme comme frustration devenue un mouvement politique, comme instrumentalisation infinie de cette frustration et comme déchargement sadique (et même temps masochiste du fait de son caractère sacrificiel), agressif, (auto)destructeur de cette frustration [1re partie, 40 minutes].

Avec en outre une discussion approfondie du cycle capitaliste conduisant à une souffrance perpétuelle : frustration découlant du capitalisme (aliénation, souffrance, absence d’épanouissement), besoin de « décharger » cette frustration sans s’en libérer réellement – ce qui supposerait une sortie du capitalisme –, manipulation capitaliste et/ou politique de cette frustration en offrant un déchargement porteur d’une nouvelle frustration, etc. Avec enfin une critique du capitalisme du 21e siècle comme sadisme de masse, comme déchargement des frustrations sans épanouissement (consommation, idéologies de crise, défonce), comme renouvellement infini du cycle frustration-décharge-frustration

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