Après deux mois sans gouvernement, un vieillard de droite nommé premier ministre

En 2017, Macron était vendu par les médias comme un produit neuf. Il était élu sans programme, sur le seul argument qu’il incarnait le « nouveau monde », en rupture avec la vieille classe politique. 7 ans ont passé, et Macron ressuscite le pire du vieux monde, sur fond de fascisation et d’autoritarisme assumé, après avoir fait voler en éclat les derniers mirages de la démocratie représentative. Article de Contre-attaque

Michel Barnier, une serpillière moisie

Après avoir longuement hésité pour entre plusieurs serpillières pour faire office de Premier Ministre, il a finalement opté pour Michel Barnier, et ainsi éliminé Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand, autres prétendants au titre. Michel Barnier, c’est l’incarnation du dinosaure de la politique, un vieux droitard qui arpente les cercles de pouvoir depuis 50 ans.

Oui, Michel Barnier est en politique depuis les années 1970. Âgé de 73 ans, il a été à l’UDR, au RPR, à l’UMP et enfin chez Les Républicains. Tous les acronymes ne vous disent sans doute pas grand chose : il s’agit des noms des partis de la droite française qui se sont enchaînés et ont disparu durant de la Cinquième République. Il a été ministre de l’Environnement, des Affaires européennes, des Affaires étrangères, de l’Agriculture et Alimentation, deux fois commissaire européen… Il a officié sous Pompidou, Chirac, Sarkozy, en des temps si reculés que la plupart de nos lecteurs n’étaient même pas nés, l’âge moyen des français-es étant d’environ 41 ans. Michel Barnier était politicien professionnel avant que la majorité de la population ne soit venue au monde !

Plus amusant encore, Barnier est membre d’un parti en voie de disparition, qui a réalisé 4,8% des voix aux dernières présidentielles et qui est arrivé quatrième lors des élections législatives du début de l’été. On ne peut pas faire plus illégitime.

Clarification

Au moins les choses sont claires : Macron répétait que le Front Populaire, avec ses 193 députés, n’avait pas la majorité absolue et ne pouvait donc pas accéder au gouvernement. Il nomme finalement le représentant d’un groupe ultra-minoritaire, qui compte seulement 55 députés, dans le seul but de continuer à gouverner avec la droite et l’extrême droite et de poursuivre sa politique massivement rejetée. C’est un coup de force.

Il y a quelques jours, le journal l’Opinion révélait que Macron « veut désigner les ministres des Affaires étrangères et des Armées. Mais il entend aussi choisir les occupants de l’Intérieur et de Bercy ». Le 30 août, L’Humanité rapportait ces propos de Macron : « Si je nomme Lucie Castets, elle abrogera la réforme des retraites et augmentera le Smic à 1 600 euros… » C’est bien là le fond du problème, le clan au pouvoir fera tout pour empêcher la moindre avancée sociale.

De son côté, Le Parisien expliquait que Macron a discuté tout l’été avec Sarkozy, l’ancien président de droite, mafieux multi-condamné, pour lui demander des conseils sur le choix du Premier Ministre. Le 2 septembre Le Monde rapportait que “l’Élysée aurait déjà trouvé un directeur de cabinet pour le prochain premier ministre”. Ce n’est donc plus une cohabitation, c’est une sous-location. Le vrai Premier Ministre, c’est Macron. La séparation des pouvoirs, déjà illusoire, est officiellement abolie.

Tout ça pour ça

Rappelez-vous que le président avait dissout l’Assemblée dans l’urgence, avait laissé 15 jours pour voter, empêchant une vraie campagne, pour finalement attendre 50 jours et nommer un Premier Ministre fantoche. Voici plus de deux mois que la presse accompagnait le putsch macroniste sans jamais remettre en cause le narratif. Mi-juillet, ils annonçaient : « Premier ministre après la trêve olympique » Le 27 août, des journaux titraient encore : « Macron nommera un premier ministre en fin de semaine ». Nous sommes le 5 septembre.
L’extrême droite au pouvoir

Le RN fait savoir qu’il ne censurera pas ce Premier Ministre. Bardella est même le premier politicien à réagir au coup de force, et déclare sobrement qu’il « prend acte » de cette nomination. Bardella annonce qu’il « jugera sur pièce », c’est-à-dire que l’extrême droite ne s’opposera pas au nouveau gouvernement.

De fait, c’est une coalition allant du RN aux macronistes qui est officialisée sous nos yeux. Une union de droite et d’extrême droite contre la gauche, pour nier un résultat électoral, et surtout pour pouvoir continuer à faire des cadeaux aux riches et continuer à saccager la vie des plus pauvres.

En juin, le Rassemblement National était le seul parti à réclamer la dissolution, Macron avait exaucé son vœu. Depuis des mois, les macronistes organisaient des dîners secrets avec le clan Le Pen. Le coup d’État en cours est ainsi la continuité d’un processus enclenché il y a déjà longtemps.

À présent, les derniers masques sont tombés. Cette nomination pathétique est peut-être le dernier râle d’un vieux monde finissant. Il ne tient qu’à la rue d’abréger ce spectacle lugubre.

Article publié par Contre-attaque
Mots-clefs : extrême-droite | libéralisme

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