Premières mesures pour une occupation de Tolbiac

Quelques conseils pratiques avant le printemps. À bon entendeur.

1. Le Blocus

Vous avez froid. Ça fait 30 minutes que vous attendez à l’extérieur, que vous vous comptez et que vous doutez. Rassurez-vous : par le passé, certains blocus ont commencé à une quinzaine et ont tenu bon !

Les portes de la fac s’ouvrent enfin. C’est la course aux chaises et aux tables, essentielles pour bloquer les accès aux étages. Une première équipe peut se charger de vider les locaux syndicaux et associatifs (9e étage). Une seconde de chercher des salles de cours ouvertes. L’idéal est de bloquer un ascenseur par tour (rouge, jaune, verte) pour en acheminer un maximum au rez-de-chaussée. Tout ne rentrera pas, alors il faudra en descendre un bon paquet par les escaliers rouges.

2. L’Assemblée Générale

Les barricades de chaises et de tables, vaillamment défendues (et peut-être même accrochées entre elles par du serre-flex), ont tenu bon. Le blocus a été un succès. Vous vous êtes excusé·es de la gêne occasionnée auprès des étudiant·es les plus aliéné·es, frustré·es de ne pas pouvoir se présenter au DST qu’ils et elles n’ont même pas préparé. C’est l’heure de l’AG.

Avec un peu de chance, aucun militant d’extrême droite n’est venu perturber la partie. Mais ne baissez pas votre garde : ils aiment se montrer en AG. Dans ce cas, deux solutions s’offrent à vous. La première, très appréciée des bureaucrates et autres professionnel·les de la politique étudiante, est de soumettre leur expulsion au vote. Si vous êtes immunisé·es au crétinisme représentatif et à la délégation, la deuxième solution s’imposera instinctivement à vous.

3. Le Vote

Le NPA et le Poing Levé ont monopolisé la parole pour faire voter le soutien à leurs manifestations. Les autres syndicats étudiants ont négocié leur place à la tribune, histoire de se montrer. Comme à son habitude, la tribune a essayé de modifier des propositions d’action pour les faire coller avec leur vision de la lutte. Mais vous n’avez pas laissé faire. Et pour cause : vous prenez des notes pour suivre les propositions concrètes et exercer un contrôle citoyen sur vos tribuns et tribunesses.

Maintenant, il faut voter l’occupation. Que faire ? D’abord, ne pas laisser la gauche molle endormir l’audience. Dénoncez avec véhémence leurs prises de paroles à la chaîne. Oubliez les moulinettes et le langage des signes : la démocratie, ça se gueule. Ensuite, surveiller le décompte des voix, afin de prévenir toute fraude. Ou de l’organiser, selon le rapport de force. Si le « OUI » l’emporte, empare-vous sur-le-champ d’un maximum d’amphis avant que la sécurité ne les ferme à clé. Ça vous évitera des coups de tournevis et de barre de fer pour les rouvrir derrière.

4. L’occupation

C’est officiel, Tolbiac est occupée. Annoncez-le partout et appelez à vous rejoindre. Ça permettra d’établir un rapport de force avec la direction. Évitez cependant de jouer Freed From Desire trop tôt. C’est agaçant, à force.

Si une occup de fac ne peut pas se prétendre éternelle, elle doit toutefois être vivante. Un coin pharmacie est improvisé dans le hall, la cafet devient la cuisine, l’amphi K une salle de cinéma, l’amphi H un dortoir, le balcon de l’amphi N un dortoir non-mixte, etc. L’imagination est au pouvoir : place à votre créativité, et surtout à la solidarité.

Les occupant·es, celles et ceux qui dorment dans la fac, n’ont aucune leçon à recevoir des organisations étudiantes. Ces dernières, d’abord contre l’occup, s’empresseront de former un service d’ordre et un comité de mobilisation pour diligenter les activités. Contre-attaquez : formez un comité de base décisionnaire composé par les occupant·es, et n’hésitez pas à dispenser quelques claques stratégiques si nécessaire. Méfiez-vous également du PC sécurité : les hommes en polaire rouge sont agressifs et prêts à tout pour saboter votre initiative. Les vigiles, eux, sont plus humains, mais n’oubliez jamais que, malgré leur gentillesse, ils sont là pour faire leur travail ! Par exemple, en verrouillant les portes extérieures pour enfermer les personnes en train de fumer leur clope dans la fosse.

5. Face à la répression

Occuper sa fac, c’est illégal. La Loi de programmation de la recherche (LPR) de 2020 prévoit jusqu’à 3 ans de prison et de 45 000 € d’amende contre les personnes « troublant la tranquillité ou le bon ordre » des universités. Le seul moyen de contrer cette menace, c’est d’être solidaires dans votre défense !

Si la police montre le bout de son nez, appelez à un rassemblement de soutien et essayez de faire entrer du monde pour montrer votre détermination. Et n’oubliez pas qu’une intervention policière ne s’improvise pas : il y a une procédure. Les élu·es du personnel et des étudiant·es en seront averti·es par mail. Ne cédez pas aux mensonges de la direction. Prenez un·e élu·e étudiant·e en otage et surveillez sa boîte mail pour savoir quand négocier une sortie sans contrôle.

Quoiqu’il arrive, sortez ensemble, sans abandonner personne derrière. Du monde sera présent à l’extérieur pour vous soutenir. Empressez-vous de vous fondre dans la foule.

Et si ça tourne au vinaigre, c’est le moment de mobiliser vos connaissances de l’antirep : demander un·e avocat·e, demander à voir un médecin, ne rien déclarer, ne rien signer, refuser de donner son ADN, refuser de donner ses empreintes sans réquisition écrite du procureur, etc. Pour les autres, appeler la Legal Team via Signal (07 52 95 71 11) pour aider à identifier les interpellé·e et à préparer leur dossier de défense.

L’Anti-Commune
Mots-clefs : université | blocage | occupation

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