Nous marcherons d’abord à l’appel des familles des victimes de violences policières. Nous marcherons parce que nous ne pouvons pas accepter la violence policière ordinaire qui sévit dans les banlieues, nous ne pouvons pas accepter les contrôles au faciès, les humiliations et les violences qui accompagnent les contrôles d’identité dont sont régulièrement victimes les habitant-e-s des quartiers. Nous marcherons parce que nous n’acceptons pas qu’une partie d’entre nous soient systématiquement présumé-e-s coupables pour le simple fait de leur origine et de leur appartenance de classe. Nous marcherons parce que nous ne pouvons accepter la violence raciste d’état qui va jusqu’à tuer et l’impunité des assassins lorsqu’ils ou elles portent un uniforme.
Nous marcherons contre l’état de guerre que le pouvoir nous impose. Cette guerre a de multiples dimensions dont aucune n’est dissociable de l’autre. Ce sont des guerres impérialistes avec la multiplication des interventions militaires françaises en Afrique et au Moyen Orient. Rappelons que les motivations soit-disant humanitaires ne sont que le fait du pompier pyromane, comme l’intervention française pour « protéger » le Mali contre des forces armées que le pouvoir français avait auparavant contribué à fabriquer par son intervention en Libye ; comme les interventions au Moyen Orient qui ne sont que la conséquence de la situation fabriquée par les guerres contre l’Irak. Ces guerres se situent en réalité dans la continuation des guerres coloniales pour le pillage des matières premières (pétrole, uranium...).
Ces guerres se font au nom de la « lutte contre le terrorisme », et c’est bien aussi contre l’état d’urgence que nous marcherons le 19 mars. « Là-bas », les populations déjà prises en étau entre les dictatures « classiques » et la dictature de l’état islamique, déjà victimes de massacres et d’atrocités, sont en plus quotidiennement bombardées, pour leur salut bien sûr. « Ici », l’état d’urgence s’est traduit dès le début par de nombreuses perquisitions et arrestations arbitraires visant particulièrement, outre les militant-e-s, notamment écologistes, de nombreuses personnes connues pour leur appartenance à la communauté musulmane. Et c’est « pour notre salut », « pour nous protéger » que l’état d’urgence a été utilisé pour réprimer les manifestations que ce soit à l’occasion de la COP 21 ou contre la loi travail.
Cet état de guerre est un état de guerre de classe, ou plus exactement de guerre préventive de la bourgeoisie pour maintenir son pouvoir. C’est ce qui relie les humiliations dont sont victimes les habitant-e-s des quartiers, la répression contre le mouvement social, la chasse aux migrant-e-s, la criminalisation de toute solidarité, le pouvoir accordé à la police dans les récentes lois...
Nous marcherons parce que l’habillage idéologique de cet état de guerre de classe est insupportable. On ne cesse de nous bassiner avec « les lois de la République ». Où sont les lois de la République lorsque les chibani sont obligés de faire un procès contre la SNCF pour se voir verser la retraite pour laquelle ils ont cotisé ? Où sont les lois de la République lorsqu’on s’apprête à voter une loi qui autorise les milices privées des entreprises à porter une arme ? Quelle est cette laïcité au nom de laquelle les politiciens interdisent des tenues vestimentaires alors que dans le même temps ils font valoir leur appartenance catholique et leur soutien à la famille sacrée dans leurs campagnes électorales ?
La chasse aux migrant-e-s et la situation des sans papiers sont emblématiques de ce discours. Non seulement on les enferme dans des camps d’internement afin de mieux organiser leur déportation, mais on le fait au nom d’une soit-disant aide humanitaire. On justifie une armée en Méditerranée spécialisée dans la chasse aux migrant-e-s... par leur naufrage en mer, ces mêmes naufrages provoqués par cette politique. On multiplie les obstacles à leur régularisation pour mieux s’assurer d’une main d’oeuvre sous payée contrainte d’accepter les travaux les plus pénibles et les plus dangereux.
Nous marcherons parce que nous ne pouvons pas supporter qu’une partie de la population soit totalement mise à part, comme les roms à qui aucun droit n’est reconnu malgré qu’ils et elles soient citoyen-ne-s européen-ne-s, comme les prisonnier-e-s enfermé-e-s dans la misère la plus totale, et pour la plupart à cause de la misère, dans des prisons surpeuplées, victimes quotidiennes d’humiliations et de maltraitances.
Nous marcherons parce que dans cette guerre de classe, nous savons de quel côté nous sommes et où sont nos frères et sœurs.
Egalement dans le 4 pages :
- Les luttes immigrées, une composante essentielle des luttes ouvrières
- Le combat pour l’émancipation des femmes ne doit pas légitimer le racisme !
- L’Europe Forteresse
- La chasse aux sans papiers
- C’est le racisme qui divise le prolétariat, pas l’inverse
- J’ai la mémoire qui flanche...