« cheh », « bien fait », « ça va les calmer »,
« qu’ils finissent en taule ils le méritent »,
« bande d’enculer », « c’est eux les black bloc », « ils sont là », « sale pute », « merci à la police », « bande de crasseux »...
Une huée aussi dégueulasse que révélatrice, quand 4 personnes se font violemment plaquer puis embarquer suite à une soirée sur la place Sainte Marthe🛑
Leur soumettre une part de vérité — aux bobos —, celle d’une violence symbolique rien que par leur présence, leur est insupportable. La gentrification ne passe pas seulement par l’aménagement de la ville, elle passe aussi par les esprits. Un esthétisme homogène, un rapport pacifié aux forces de l’ordres, un discours détestable de charité... telles sont les pensées d’une population aliénée par l’autorité de l’État et de sa police.
Cette soirée eat the rich s’est réappropriée la place envahie par les terrasses des bars. Là où pendant le confinement, la place Sainte Marthe a été le théâtre de rencontres, de complicité, de moments de partage et de fêtes, on se retrouve débordé et viré par la réouverture des bars. Nous n’avons pas attendu le feu vert gouvernemental pour nous retrouver autour de nos galères et nos désirs de rupture. Nous ne voulons pas que ces rapports d’entraide et de lutte se voient éclipsés par le retour des jeunes cadres dynamiques attirés par "le charme du quartier".
À travers la musique nous avons peu à peu repris de l’espace, et parfois cela plaisait aux clients assis en terrasse. Le contraste était perturbant et violent, quand ces dernier.es se joignaient à nous. Notre riposte était directe, avec jet de bière, slogans contre la police et huées. Tout de suite il n’y avait plus personne. Après quelques verres cassés, les tensions ont débuté. Plusieurs îlots de disputes entre bobos et nous éclatent. Les chaises et tables sont rangées avec l’arrivée du couvre feu mais toujours autant de monde présent sur la place.
À 21h20 une dizaine de voitures de keufs débarquent et chargent dans la foule. Aux paroles désemparées de certain.es, se mêlent des dénonciations de personnes à la police. 4 interpellé.es.
« Iels percevaient leur domination comme à la fois inexistante et relevant de l’ordre naturel des choses. C’est l’essence même de l’idéologie suprématiste : le prétexte aveugle selon lequel le pouvoir s’acquiert au mérite et ne suit aucun mécanisme d’exécution. Ainsi, au sein d’une société construite sur leur ascension, les privilégié.es désapprennent l’existence des communautés précédentes. Iels remplacent l’histoire et l’expérience des ancien.nes résident.es par une conscience d’eux.elles-mêmes distordue et atemporelle. »
Sarah Schulman, Gentrification de l’esprit
Notre musique, notre présence, nos provocations dérange et nous continuerons. Nous sommes en colère.
Bobo, police, cassez vous.