En quelques jours, j’ai pu assister à plusieurs scènes très caractéristiques de la relation des hommes au féminisme.
Si vous interrogez beaucoup d’hommes dits de gauche en 2016, ils se diront tout à fait féministes mais viendra le moment où il faudra transformer l’essai. Viendra le moment où il faudra assister à du militantisme féministe. Viendra le moment où il faudra écouter les femmes parler de sexisme. Et là ces fameux hommes de gauche auront beaucoup de mal.Il y a quelques jours donc, une femme s’est plainte d’avoir été agressée sexuellement à Nuit debout à Paris. En tant que militante féministe, qui travaille plus particulièrement sur les violences sexuelles, ce genre de récit me met chaque fois en colère. Je me souviens à ce moment là de toutes les femmes qui ont été limitées dans leurs mouvements, leurs loisirs, leur vie car elles ont été agressées sexuellement. On sait très bien que tant que la société n’aura pas définitivement pris en compte ce problème comme un problème systémique et non pas individuel cela perdurera. On fait donc avec. On sait qu’aller dans une foule nous expose à des risques. On sait qu’inviter quelqu’un chez soi nous expose à des risques. On sait qu’aller chez un homme nous expose à des risques. On sait que côtoyer des hommes nous expose à des risques. C’est ainsi.
Suite à ce témoignage d’autres femmes sont intervenues pour témoigner de la même expérience à Nuit debout.
Et, aussitôt, comme à chaque fois (COMME A CHAQUE FOIS) un homme est intervenu pour dire qu’il n’avait pas constaté ce genre de comportements et que ca n’était pas l’esprit de Nuit debout. J’ai donc un message à adresser aux agresseurs sexuels. Messieurs, soyez un peu responsables. Portez de grands panneaux avec marqué « agresseur sexuel » et sonnez le clairon avant d’agresser que tout le monde soit prévenu. Certains ne font apparemment pas confiance aux femmes agressées ; peut-être feront-ils confiance aux agresseurs ?
Les femmes agressées ont donc remis en place cet homme. S’en est donc suivie une longue conversation que j’ai suivie silencieusement. Comme toujours, ont complètement été mis de côté les agressions faites à ces femmes parce qu’il fallait se recentrer sur les sentiments que ressentait ce garçon qui se sentait blessé et vexé qu’on ne lui ai pas dit les choses poliment. C’est à chaque fois stupéfiant pour moi et tellement blessant ; une femme parle de son viol et de son agression mais elle devrait encore se préoccuper des sentiments des hommes qui écoutent. Ce qui devient le plus important n’est pas le fait de trouver un moyen de mettre fin aux agressions et au viol mais de ne pas blesser les hommes qui écoutent. Cet homme n’a pas eu de parole de soutien ou de réconfort face à ces femmes, il n’a pas souhaité en savoir plus sur la place des femmes dans l’espace public, comme elles le vivent et comment les hommes les y accueillent. Il a juste eu besoin qu’on lui dise qu’il était gentil. Cette indifférence là face à ce qu’avaient subi les femmes était d’une grande violence à lire. Pour lui, comme pour tant d’autres, ce qui était choquant n’est pas que des femmes soient agressées mais qu’elles soient agressives.
Non-mixité : l’agressivité des agressées
Un texte revient sur les violences réelles et symboliques faites aux femmes et leur non-prise en cause par certains participants de Nuit-Debout à Paris.
Extraits tirés du blog féministe Crêpe Georgette sur la non-mixité.
Les extraits de ce texte sont issus du blog de Crêpe Georgette. Vous pouvez lire la suite ici