Marchons sur le centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes, en solidarité avec les personnes enfermées et contre la nouvelle loi Darmanin qui prévoit de renforcer la répression des personnes sans papiers en facilitant les arrestations, l’enfermement, et les expulsions
Servane Meyniard, Barreau de Paris
Hanna Rajbenbach, Barreau de Paris
La loi immigration vise à distribuer toujours plus d’OQTF…
La France est déjà la championne d’Europe des OQTF (plus de 100 000 par an). Mais cela ne suffit pas à Darmanin. La nouvelle loi immigration vise encore à augmenter le nombre d’OQTF, en les rendant par exemple automatique en cas de refus de titre de séjour. En agissant ainsi, l’État condamne les personnes sans papiers à la clandestinité, à la merci de patrons qui peuvent encore plus les exploiter. Darmanin parle de « gentils » et de « méchants », ce qui ne signifie rien de moins que « travaille et ferme ta gueule, sinon on te colle une OQTF ». Le nouveau titre de séjour pour les métiers en tension fait courrir le risque de perdre très vite ses papiers, notamment pour celleux qui se battent pour leur salaire ou leurs conditions de travail.
… élargir la double peine…
Toujours dans une logique répressive la loi immigration prévoit que les étranger.e.s condamné.e.s pour « troubles à l’ordre public » – ce qui est très large – se verront désormais systématiquement refuser ou retirer leur titre de séjour. Darmanin élargit ainsi la double-peine qui consiste à expulser des personnes qui ont déjà purgé une peine de prison.
…faciliter les expulsions.
Parce que distribuer plus d’OQTF ne lui suffit pas, le gouvernement veut que toutes les personnes qui en reçoivent soient effectivement expulsées. Pour cela, la future loi immigration prévoit de réduire les voies de recours et d’inscrire les personnes qui ont une OQTF au fichier des personnes recherchées. Pour mener à bien cette politique, l’État a besoin de nouveaux lieux d’enfermements et pour cela il construit de nouveaux CRA : Lyon, Olivet (près d’Orléans), Nantes, Bordeaux, Mesnil-Amelot… La liste ne fait que s’allonger. La loi de programmation du ministère de l’Intérieur, adoptée le 22 novembre 2022 prévoyait de doubler la capacité des CRA pour atteindre 3 000 places d’ici 2027 (contre 1500 en 2017). Deux fois plus de CRA ça veut dire deux fois plus de sans papiers enfermés – avant le Covid, 25 000 personnes étaient, chaque année, enfermées dans un des CRA de métropole – et potentiellement deux fois plus d’expulsions !
Cette loi s’inscrit dans un racisme d’État s’exprimant par des discours et des mesures sécuritaires ultra répressives de criminalisation des personnes sans papiers, dont les CRA sont la forme la plus aboutie.
Au-delà des débats législatifs, s’opposer, retarder et bloquer les constructions de CRA sont des moyens pratiques d’empêcher l’application de la loi portée par Darmanin.
À bas les CRA, à bas les frontières !
Initialement publié sur ABasLesCRA