Un mouvement de lutte partout en France
Depuis le début de l’hiver 2018, et on n’oublie pas le mouvement lycéen d’ampleur contre ParcourSup, les grèves et actions se multiplient un peu partout en France dans les écoles, collèges et lycées, et en particulier en banlieue parisienne. Grèves, parfois reconductibles, AG, lycées ou collèges « morts », nuit des écoles, manifestations locales... Des mobilisations énergiques mais qui ont souvent bien eu du mal à se coordonner. Des départs en grève reconductible ont eu lieu en février et en mars, dans des lycées pro.
Des AG massives ont eu lieu récemment, dans le Val-de-Marne ou à Nantes et Angers, et partout en France, elles convergent vers une grande grève reconductible jusqu’au retrait total des lois Blanquer.
Un peu partout, dans les écoles, les réunions profs-parents se tiennent, parfois à l’initiative de ces derniers, et débouchent sur des actions communes. Ce samedi, une grande manifestation régionale contre « l’école de la confiance » sera rejointe par de nombreux cortèges au départ des écoles parisiennes ou de points de rendez-vous dans les villes de la petite et moyenne ceinture avec instits, parents et enfants.
La colère monte chez les personnels de l’Éducation nationale, et les syndicats majoritaires (dits « de service », dans le sens où leur activité principale est l’accompagnement de carrière et la défense individuelle, à l’inverse des syndicats de lutte) sont largement débordés par cette auto-organisation qui émerge.
À Paris, comme dans d’autres villes et départements, une grève reconductible a démarré ce jeudi. Ailleurs, on se prépare à partir du 1er avril, du 2 ou du 4... Les syndicats majoritaires n’avaient pas prévu cet engouement pour la grève. C’est timidement qu’ils collent aux revendications des assemblées générales.
Les raisons de la colère
Elles sont multiples, mais c’est la fameuse loi Blanquer « pour une école de la confiance » qui provoque la défiance.
Elle prévoit de :
- Créer des pôles regroupant plusieurs écoles sous le contrôle des principaux de collège. Il n’y aura plus de direction d’école, mais au contraire un principal qui deviendra le supérieur hiérarchique et pourra imposer ses nouvelles méthodes de management.
Un directeur adjoint, nommé directement par la hiérachie académique, circulera entre plusieurs écoles du pôle, cassant ainsi les liens de proximité école/famille chers à l’école primaire. - D’inscrire dans la loi les inégalités d’accès à une même éducation de qualité, déjà existantes dans l’usage, mais pas inscrites dans le droit (cet article a été adopté par le biais d’un amendement par 35 voix contre 7, dans une assemblée vide) :
- pour les riches : les EPLEI : Etablissements publics locaux d’enseignement international formeront dès la maternelle les enfants de l’élite à un baccalauréat européen et international.
- pour les pauvres : les EPLESF : Etablissements publics locaux d’enseignement des savoirs fondamentaux (en somme lire, écrire, compter)
- En abaissant l’âge de la scolarisation obligatoire à 3 ans (dans les faits, la scolarisation est de 97 % pour les enfants de 3 ans, 100 % pour ceux de 4 ans,aucune nécessité de légiférer là dessus), et comme la loi impose le financement des écoles privées sous contrat, un gros cadeau est fait à l’enseignement privé, qui sera subventionné par les collectivités territoriales, sur la même enveloppe que le public, donc à son détriment.
- Imposer des symboles rétrogrades et nationalistes : drapeaux tricolores dans toutes les salles de classe, hymne national... Alors que dans de nombreux établissements (en Seine-Saint-Denis, à Marseille...) les problèmes matériels sont dramatiques (dégâts des eaux jamais réparés, chauffage en panne, néons en panne...)
- Menacer les enseignants en introduisant un pseudo « devoir d’exemplarité » qui cherche à museler les réfractaires, et surtout à faire taire toutes les critiques sur les réseaux sociaux et médias.
- La précarisation massive dans l’enseignement : les assistants d’éducation qui préparent leurs examens pourront donner des cours, payés évidemment trois fois rien.
Val-de-Marne
Le 25 mars, 11 AG locales appellent à la manif du 30 à Paris et au début de la grève reconductible à partir du 4 avril. Les assemblées locales bousculent un peu les syndicats en participant, via des délégués, à la prochaine intersyndicale.
Le 19 mars, 200 écoles sur 700 étaient fermées, et la majorité des écoles du département comptaient au moins 50 % de grévistes. Dans les lycées, mobilisations également (nuits des lycées, AG).
Le 28 mars, plusieurs AGs ont eu lieu notamment avec les parents.
Un départ collectif est prévu de Vitry à 12 h 30 pour rejoindre la manifestation parisienne le 30 mars.
Seine-Saint-Denis
De nombreuses AG dans tous les établissements, beaucoup ont leur propre calendrier (grève de plusieurs jours, manifs locales, écoles vides).
Une AG rassemblant les établissements de plusieurs villes du département appellent à la reconductible à partir du 1er. Cette AG a été le fruit d’une mobilisation massive le 28 mars. Plus d’information sur ces mobilisations ici.
De nombreux appels à rejoindre le cortège 93 du 30 mars fleurissent :
- Départs 13 h de Mairie de Montreuil et Mairie de Bagnolet
- Bondy : départ 13 h devant la gare.
- manifestation à Aubervilliers, RDV à 10 h 30 à l’angle de la rue Barbusse et de l’avenue de la République
- Saint-Denis : Rassemblement à 11 h sur la place de la Basilique et manifestation dionysienne jusque la gare de Saint-Denis puis départ 13 h pour rejoindre la manif parisienne.
- Bobigny : rdv 11 h place de la Libération, rassemblement et manifestation dans Bobigny avec parents et enfants.
- Pantin : un rassemblement à 12 h 30 devant la mairie avant le départ en manif parisienne
Paris
À Paris la mobilisation a été très forte le 19 mars. La pression n’est pas retombée depuis.
Une grève reconductible a démarré le 28 mars, par une assemblée générale de 250 professeurs des écoles, reconduisant la grève à ce vendredi 29 mars. De cette assemblée est sorti un appel.
Motion 1 :
L’assemblée générale de grève du 1er degré à Paris contre la loi Blanquer considère que cette loi n’est que le volet « Education » du plan Cap 2022 visant à détruire les services publics et 120 000 postes de fonctionnaires.
Cette loi n’apporte rien à l’éducation ni en termes pédagogiques, ni en moyens. Au contraire, elle officialise une éducation à plusieurs vitesses et la destruction du cadre national de l’école publique.
Nous appelons l’ensemble des personnels de l’éducation à intensifier la mobilisation dès demain, à multiplier les réunions locales avec les parents, à participer à la manifestation du 30 mars qui partira à 14 h 00 de la place du Panthéon, à rejoindre massivement la grève commencée ce jour et à construire un mouvement d’ampleur, dont le 4 avril sera une journée nationale forte, jusqu’au retrait de la loi Blanquer.
Une AG avait encore lieu ce matin à la Bourse du travail en attendant la manifestation du 30.
Le 30 mars, de nombreux cortèges au départ des écoles sont prévus, avec parents et élèves, en particulier dans les quartiers populaires de la capitale.
Le mardi 2 avril avant la mobilisation du 4, une réunion d’information syndicale est proposée par Sud éducation 75 à la Bourse du Travail.
La manif partira à 14h de la place du Panthéon, RER B Luxembourg. Des rassemblements auront également lieu à Cergy et aux Mureaux, voir sur Démosphère.