Une chose peut apparaître nécessaire à souligner quand les cris effrayés des « non violents » viennent embrouiller les idées et rentrent dans une contradiction de la pensée assez flippante. Les « non violents » forment une grande partie du mouvement politique actuel. Ils sont nécessaires.
Mais certains d’entre eux – qui ne se sentent pas casseurs – réduisent tout le dynamisme des uns et des autres par leur pauvre morale rabâchée, et surtout conditionnée, selon laquelle il faut être crédible et donc respectable.
Au fond, je les comprends. Mon discours était semblable il y a peu. Mais il a très rapidement évolué. Je ne casse pas – encore. Pourtant, les frissons me parcourent à chaque « AHOU » hurlé avec envie par mes camarades.
Quand le fracas des vitrines a comme échos les « anti-capitalistes » fiévreux chantés par la foule. Quand les tags recouvrent les publicités, quand les pavés volent et que la foule, en délire de haine et de violence, fuit les coups des hommes casqués et masqués. Mais, il existe encore ce type de manifestant qui comme MON Renaud le disait si bien, veut manifester pacifiquement, en espérant qu’on daignera le regarder : « Les défilés Bastille – Nation, ça donne une bonne conscience aux cons. »
Non. Je vous le dis. Dès qu’on crame les voitures de policiers, qu’on recouvre des façades capitalistes d’une peinture rouge communiste tout le monde nous regarde, effrayé. Et tout ce monde dit que nous ne sommes que des sauvages, des vandales, des brutes endoctrinées.Mais ce monde là, quelque part, se pose des questions. Quand il verra nos visages, qu’il verra que nous lui ressemblons, qu’il nous a bercé de ses illusions de pragmatisme et de réel (à vomir).
Voilà pourquoi je soutiens toutes les actions. Violentes et non violentes. Des pavés aux banderoles, des bombes de peintures aux drapeaux, tout ce que nous voulons dire c’est que ce monde dans lequel nous vivons tous est dégueulasse. À toutes les personnes qui le trouvent agréable et qui, dociles, espèrent assurer leur confort individuel, au détriment des autres, à tous ces gens qui ne nous trouvent pas « légitimes » ou « crédibles », je lève, fier, mon majeur et leur dit sans politesse :
« Nous ne voulons pas votre approbation, nous ne voulons pas votre soumission, nous sommes le cancer qui ronge le corps, et qui ne cesse de s’étendre.
Croyez-vous que nous faisons toutes ces actions, que nous prenons tous ces risques pour le plaisir ?
Pensez-vous que nous réduire à cette image du casseur décérébré dont le combat est autant puéril que naïf sera porteur ?
Vous perdez votre temps. Les gens qui se mettent une cagoule sur le visage, qui amènent des lunettes de piscine, du sérum physiologique sont considérés comme des casseurs. Ils le sont. Ils cassent l’ordre et se préparent à la violence. »
Prenons conscience de nos forces : la diversité des actions en est une
Au final, la parole doit se libérer. Au nom de quoi jugez-vous les gens qui cassent ? Ces gens qui s’organisent et qui, enfin, décident d’agir dans la rue doivent-t-il consentir votre arrogant mépris ?
Ils ne sont pas des animaux. Leur combat est le vôtre.
Vous rêvez de leur place, car eux, savent où ils vont, savent ce qu’ils doivent faire, alors que vous, pacif(istes), vous avancez incertains d’un trajet – déterminé par des syndicalistes – à l’autre, d’une manifestation légale – donc comprise par le système et annihilée en même temps par ce dernier – à l’autre, bref, vous êtes ces petits acteurs revendicatifs que l’on regarde de haut un sourire en coin.
De qui ont-ils peur ? De vous ou des "violents" ? Qui aura le courage de faire la révolution ? Vous ou les "violents" ? Qui pourra assurer et appliquer ces théories qui vous font rêver le soir dans votre petit lit ? Vous ou les "violents" ?
Non, vous avez tort de ne pas vous interroger sur ce que sont ces gens. Votre jugement leur fait plus mal que les tonfas et les flashball. Vous êtes avec eux mais vous les arrosez de votre mépris sans fard.
D’ailleurs, vous soutenez les ZAD. Ne vous trompez pas, elles existent grâce aux violents. Sans eux, la police – ce corps de fonctionnaires qui ne subira jamais la crise et les restrictions budgétaires [1] – aurait déjà réduit en poussière toute l’énergie des pacifistes qui se réclament de Gandhi sans n’avoir jamais lu une ligne sur l’histoire de la décolonisation en Inde et le rôle des acteurs violents. Les Zones À Défendre sont tenues et défendues par des personnes qui préparent des cocktails molotovs, cassent les banques et se battent avec les policiers. Sachez-le !
Les modes d’actions sont multiples. S’il vous plaît, arrêtez de les hiérarchiser. Comprenez qu’il faut que nous soyons unis et pas dans un discours plein de morgue les uns envers les autres. « Non violents » et « violents » doivent être unis. Car ils ont tous besoin les uns des autres.
En attirant le regard du monde médiatique, les actions violentes font ce qu’aucune manifestation ne peut faire : elles montrent le soutien sans faille des « non violents » et la détermination de leurs camarades.
Elles montrent que la peur a changé de camp. Que la haine a remplacé la pleutrerie.
Elles montrent que la soumission volontaire est dans le camp des casqués bleus marines. Car hier, le rempart entre la vitrine de la banque et le marteau du manifestant était bleu marine et avait comme sigle trois lettres : CRS.