Le Pérou contre l’extractivisme

Depuis la fin mars, les paysans de la province de Islay, dans la région d’Arequipa, au sud du Pérou, affrontent une des plus puissantes multinationales minières, la Southern Copper, qui prévoit d’ouvrir une mine de cuivre dans la vallée de Tambo. Depuis plus d’un mois, ils ont pu s’appuyer sur la solidarité active de la part des travailleurs de la construction, des professeurs, et des citadins de l’Association d’Urbanisation Populaire d’Arequipa. A lire sur Lundi matin.

La Southern Copper a une sombre histoire au Pérou. Elle a commencé à exploiter une mine à ciel ouvert à Toquepala, en 1956, où se trouve le principal gisement de cuivre du pays, et a construit une raffinerie à Ilo, en 1960, tous deux dans le département de Moquegua, à côté de l’Arequipa. En 1976, elle a ouvert une seconde mine, encore plus grande, Cuajone, dans le même département. Durant des années la Southern a été le principal contribuable du pays.

Un récent rapport du journal conservateur El Comercio, fervent partisan de la mine, reconnaît que dans la région sud, la plupart des gens ont de vifs souvenirs des énormes nuages noirs qui émanaient de la raffinerie, ce qui a affecté l’image et la crédibilité de l’entreprise.

« Quand la Southern a commencé ses opérations dans les années cinquante, elle a contaminé sévèrement la côte du fait de ses processus de fonte et de la création de résidus  » (El Comercio, 12 Avril 2015)

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Au début de la grève illimitée le 23 mars, le gouvernement péruvien a décidé d’envoyer deux mille policiers dans la vallée de Tambo, provocant la mort d’un homme et des dizaines de blessés. Le dirigeant des relations institutionnelles de la Southern Copper, Julio Morriberon, employé pour faire le travail des champs avec les agriculteurs, a affirmé que les opposants étaient des « terroristes antiminiers ». Même si cela a été démenti ensuite par l’entreprise, le mouvement ne cesse de s’intensifier. Un ex-parlementaire a déclaré que Marco Arana, qui dirige l’ONG antiminière Grufides, était le successeur du senderiste Abimael Guzman.

Pendant que le gouvernement rejette la possibilité de faire une consultation citoyenne à propos de l’activité minière, les médias proches du gouvernement soutiennent que dans la vallée de Tambo une majorité silencieuse en faveur de la mine a été maitrisée par une minorité. Le 26 avril, le journal La Republica a publié une enquête nationale d’après laquelle 51 pour cent de la population pense que « les habitants ont raison, que le projet provoquera une contamination et que les actions qu’envisage la mine pour éviter cela sont insuffisantes », face aux 32 pour cent qui croient à la mine.

Trois problèmes majeurs apparaissent face à la résistance populaire.

Le premier est que le Pérou n’est pas n’importe quel pays. Il est une pièce stratégique dans le contrôle de la région sudaméricaine, aussi important que la Colombie, maintenant que le Pentagone ne peut plus compter sur le Venezuela. Il a une longue histoire de luttes, mais aussi de massacres et d’exterminations, en incluant une guerre [civil] avec 70 000 morts dans les années 1990.

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